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CLAIROIX (60) Le rapport accable Continental

Publie le mercredi 13 mai 2009 par Open-Publishing
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de LAETITIA GALDEANO

En fermant son site de 1120 salariés, l’équipementier poursuit une stratégie "de délocalisation rampante" vers les pays low cost. C’est ce que prouve l’expert mandaté par le CCE.

En annonçant la fermeture de son usine de Clairoix (1120 salariés), au prétexte d’un marché européen en surproduction, le géant du pneu Continental poursuit bien une stratégie de "délocalisation rampante" vers les pays low cost, décidée en 2005. En 2009, il dépassera même son objectif, avec "64,5 % de la production de sa division PLT (Pneus tourisme et camionnette)" réalisée dans ces pays, contre 60 % prévus en 2005. Et ce, alors même que sa situation économique est "particulièrement florissante" et que "sa compétitivité n’est pas menacée".

Ce sont les conclusions explosives de l’expertise que les membres du comité central d’entreprise (CCE) ont en main, depuis peu. Signé du cabinet SECAFI (l’expert mandaté par le CCE), ce rapport taille en pièces la position officielle de l’équipementier qui a toujours nié vouloir délocaliser sa production. Chiffres à l’appui, puisés à bonne source puisque fournis par l’équipementier lui-même, il démontre que Continental « utilise une fenêtre de tir » (la crise) pour annoncer sa restructuration, alors que le chiffre d’affaires de sa division PLT progresse plus (1,2 %) que celui de ses concurrents Goodyear et Michelin (respectivement à la hausse de 0,5 % et 1,1 %).

Responsable des surcoûts de production de Clairoix
En 2009, selon le cabinet SECAFI, « la fermeture du site de Clairoix permettrait à celui de Timisoara (Roumanie), de Otrokovice (République tchèque) et de Püchov (Slovaquie) de reprendre une croissance mise entre parenthèses ces six derniers mois. » Püchov dont le potentiel de production (16 millions de pneus par an) est loin d’être atteint, avec 7 millions de pneus cette année.

Autre conclusion accablante pour Continental : l’expert démontre que l’équipementier a organisé les surcoûts de fabrication de son usine, ceux-là même qu’il évoquait pour annoncer sa fermeture le 11 mars. Comment ? Il a concentré sur Clairoix une production de petites séries, à fort taux de rebuts (entre 15 et 20 %) et de flexibilité, deux éléments qui comptent pour 7 % dans les coûts de fabrication du site.

Joint au téléphone, lundi, Christophe Doyon, directeur régional du bureau Rhône-Alpes de SECAFI (spécialisé dans le pneumatique), a refusé de commenter ce rapport, eu égard à « la confidentialité à laquelle il est tenu ». Ce document accrédite néanmoins les accusations de l’intersyndicale FO/CFDT/CGC/CGT/CFTC de Clairoix qui a toujours suspecté une délocalisation, au profit notamment de l’usine roumaine de Timisoara. Elle en a désormais la preuve.

Alors même qu’elle tentera aujourd’hui, à Hanovre, d’arracher, aux dirigeants allemands de Continental, des conditions de départ plus avantageuses pour les salariés de Clairoix, les conclusions du cabinet SECAFI placent l’équipementier dans une situation très inconfortable. Il n’a pas démontré à l’expert que les licenciements économiques prévus à Clairoix (fermeture annoncée pour mars 2010) sont « justifiés en droit ». Cerise sur le gâteau, il prévoit de fermer le site à moindres frais : 57,3 M€ quand l’expert évalue le coût de ce naufrage industriel à 200 M€. Dans le rôle du médiateur, aujourd’hui, à Hanovre, l’État français, qui se refuse à payer à la place de Continental, appréciera.

Fichiers à télécharger

Extrait n°1 du rapport d’expert du CCE Continental
Extrait n°2 du rapport d’expert du CCE Continental

http://www.courrier-picard.fr/courr...

Messages

  • Les travailleurs de Continental manifestent au siège français du groupe
    Par Antoine Lerougetel
    13 mai 2009

    Les travailleurs de l’usine Continental de Clairoix ont temporairement occupé mercredi 6 mai l’entrée du siège français de la société à Sarreguemines, en Moselle. L’usine de Clairoix du groupe allemand de pneumatiques Continental est l’une des deux usines dont la fermeture est chose décidée.

    En début de soirée les travailleurs ont quitté le site de l’usine de Sarreguemines après la promesse que la date d’une réunion entre la direction allemande de Continental et les représentants des syndicats français, d’abord fixée au 27 mai, était avancée au 12 mai.

    Il y a une semaine, les travailleurs de Clairoix avaient décidé d’intensifier leur campagne pour la défense de leurs emplois en franchissant la frontière franco-allemande et en appelant à la solidarité de leurs collègues allemands de l’usine Continental d’Aix-la-Chapelle (Allemagne). Plus de 300 travailleurs dans une soixantaine de voitures étaient partis mercredi matin de Clairoix pour retrouver leurs collègues allemands à Aix-la-Chapelle.

    La bureaucratie syndicale a cherché coûte que coûte à empêcher cette action. Selon le journal Aachener Zeitung du 5 mai, « Bruno Hickert, le secrétaire du comité d’entreprise européen, a instamment prévenu ses collègues d’user de prudence. “Des échauffourées ne peuvent que nous nuire !” Il aurait tenté de persuader les Français de renoncer à la manifestation en attirant leur attention sur la manière de faire allemande, a dit Hickert… »

    Averti de l’arrivée prochaine d’une délégation française, un fort contingent de policiers allemands a été déployé pour protéger l’usine. L’ensemble du vaste parking situé devant l’usine d’Aix-la-Chapelle a été bouclé par la police qui était arrivée dans une vingtaine de véhicules. Un détachement de police montée était aussi arrivé de Rhénanie-du-Nord/Westphalie et une patrouille canine était également présente. Des observateurs de la police contrôlaient toutes les rues menant à la Philipsstrasse où se trouve l’usine d’Aix-la-Chapelle.

    Selon le quotidien Libération du 6 mai, le convoi de travailleurs de Clairoix a alors décidé de changer de direction en apprenant la présence de la police à Aix-la-Chapelle, pour se rendre à l’usine Continental de Sarreguemines, près de la frontière franco-allemande.

    Le siège social de la filiale française de Continental se trouve à l’usine de Sarreguemines. La direction de l’usine de Sarreguemines a été prévenue de l’arrivée des travailleurs de Clairoix et a enfermé les travailleurs sarregueminois à l’intérieur de l’usine. La police et des unités de CRS ont été appelées pour accueillir les travailleurs de Clairoix qui, réussissant à briser les cadenas de la grille d’entrée, ont pu accéder à l’extérieur du site sans pourtant pouvoir pénétrer dans le bâtiment de l’usine. Des CRS et des policiers avaient également été déployés autour du tribunal et de la sous-préfecture

    Le Nouvel Observateur rapporte ainsi l’arrivée des travailleurs de Clairoix à l’usine de Sarreguemines : « Aux cris de “On est chez nous” et “Continental Solidarité”, les “Conti” ont fait sauter vers 11h00 les verrous de la grille d’entrée du site mosellan et pénétré dans l’enceinte. Ils ont échoué en revanche à s’introduire dans les bâtiments de production dont les portes étaient verrouillées ou obstruées par des palettes en acier. Les portes de l’usine ont fini par s’ouvrir pour laisser sortir une centaine d’ouvriers tandis que leurs camarades de Clairoix criaient “Libérez nos camarades” et “La séquestration, c’est pour les patrons." »

    Aux dires des travailleurs sarregueminois qui ont rencontré jeudi des reporters du WSWS, des querelles ont éclaté entre des dirigeants syndicaux locaux qui étaient sortis de l’usine en grimpant par les fenêtres et leurs collègues de Clairoix. Le magazine Le Point cite le porte-parole de la CFDT, Jean-Luc Niederlander : « Il n’y a pas eu de concertation. Vous êtes arrivés sans prévenir. »

    Hickert aussi se trouvait ce jour-là à Sarreguemines. En apprenant que l’usine était occupée, il a refusé de parler aux travailleurs de Clairoix en exprimant une fois de plus son hostilité à l’égard de la lutte qu’ils mènent. L’agence AZ a ainsi rapporté les propos de Hickert : « Nous n’avons pas l’habitude de faire les choses de cette manière. »

    Le but déclaré de l’action des travailleurs de Clairoix à Sarreguemines était l’avancement de la date d’une réunion tripartite entre les syndicats français, la direction allemande et le gouvernement français initialement prévue pour le 27 mai. C’est ainsi que Xavier Mathieu, le représentant de la CGT de l’usine de Clairoix, a dit en s’adressant aux travailleurs : « On est ici et on restera jusqu’à ce qu’on ait obtenu une date plus rapprochée. »

    Les travailleurs de Clairoix ont quitté l’usine de Sarreguemines mercredi soir après avoir appris que la date de la réunion avait été avancée du 27 mai au 12 mai.

    La CGT quant à elle refuse aussi de mener une lutte sérieuse pour la sauvegarde des emplois. Elle a clairement montré que le seul objectif du syndicat était d’obtenir de meilleures indemnités de licenciement. Bruno Levert, le représentant de la CGT à Clairoix, a déclaré le 6 mai au journal Le Monde qu’il ne croit plus que le gouvernement français puisse trouver un repreneur en déclarant : « Continental ne va pas perdre des parts de marché avec un repreneur. S’ils ferment Clairoix, c’est pour gagner des parts de marché ailleurs en Europe. On veut juste que Continental nous donne ce qu’il nous doit, c’est-à-dire notre plan social. »

    Depuis le début de l’année, Continental a détruit 7000 emplois sur un effectif mondial de 133 000 salariés. C’est ainsi que l’usine de Clairoix et l’usine de pneus de camions de Hanovre-Stöcken seront fermées et d’autres suppressions d’emplois ainsi que des fermetures d’usines sont aussi projetées.

    La fermeture de Clairoix signifie la perte de 1 120 emplois. Après avoir eu connaissance que le tribunal de Sarreguemines les déboutait de leur demande de suspension ou d’annulation de la fermeture du site, les travailleurs avaient dans un mouvement de colère saccagé une partie de la sous-préfecture de Compiègne (Oise) et une guérite à l’entrée de leur usine. Depuis, une enquête pour « dégradations volontaires graves commises en réunion sur biens d’utilité publique » a été ouverte. Plusieurs membres du gouvernement ont lancé des remarques venimeuses à l’adresse des travailleurs en promettant de faire preuve de plus de fermeté contre une « très petite minorité ».

    Le 23 avril, les travailleurs de Clairoix s’étaient rendus à Hanovre en Allemagne où l’usine Continental est également menacée de fermeture. A leur arrivée à Hanovre, la délégation française avait été accueillie avec joie par leurs collègues allemands qui s’étaient rassemblés tôt le matin à la gare principale de Hanovre pour saluer leur arrivée à bord d’un train spécial. Les travailleurs français et allemands avaient ensuite participé à une manifestation commune à travers la ville.

    Les travailleurs allemands portaient des pancartes bilingues disant : « Chers collègues de Clairoix, bienvenus à Hanovre », ainsi que : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » Le contingent français avait été accueilli avec enthousiasme et les travailleurs allemands avaient aussitôt adopté leur slogan : « Tous ensemble, Continental – solidarité ».

    (Article original paru le 8 mai 2009)

  • Cette délocalisation montre le vrai visage de l’Union Européenne :
     les entreprises multinationales ferment de plus en plus leurs usines en France ;
     les entreprises multinationales embauchent de plus en plus dans d’autres pays de l’Union Européenne ;
     l’Union Européenne place les salariés français en concurrence directe avec les salariés, roumains, bulgares, etc.
     l’Union Européenne provoque la désindustrialisation de la France.

    Lisez cet article :

    Les salaires minimum légaux, dont disposent 20 des 27 Etats membres de l’Union Européenne, varient dans une proportion de 1 à 17, selon l’office statistique Eurostat. Le Luxembourg accorde le plus haut salaire minimum, à 1570 euros par mois. La Bulgarie dispose du plus bas, à 92 euros par mois.

    Toutefois, si l’on considère les parités de pouvoir d’achat pour tenir compte du coût de la vie, les écarts entre les Etats membres se réduisent, passant de 1 à 7. C’est alors la Roumanie qui offre le salaire minimum le plus bas.

    http://www.lexpansion.com/economie/actualite-economique/les-salaires-minimum-varient-de-1-a-17-dans-l-union-europeenne_121573.html

    Conclusion : la France doit protéger son industrie. La France doit instaurer un protectionnisme national.

    • CCE de Continental délocalisé à Nice

      NICE, 14 mai 2009

      Un Comité central d’entreprise (CCE) du fabricant de pneumatiques Continental a débuté jeudi matin à Nice avec pour objectif de finaliser les accords conclus mardi à Hanovre, a-t-on appris de source syndicale sur place.

      "La réunion d’aujourd’hui a pour but de finaliser la décision de Hanovre", au cours de laquelle direction et syndicats ont décidé de repousser d’un mois la mise en oeuvre du plan social accompagnant la fermeture de l’usine de Clairoix (Oise), a indiqué à l’AFP Pierre Rubeck, secrétaire du CCE et responsable CFTC.

      Selon la direction de Continental France, ce CCE sera consacré à l’examen et à la discussion des "motivations économiques qui justifient le projet de fermeture", à compter de 2010, du site de Clairoix qui emploie 1.120 personnes. La direction devrait notamment apporter ses réponses au rapport de l’expert mandaté par le CE, publié mardi, a-t-elle indiqué dans un communiqué.

      Ce rapport, qui sera présenté lors de réunion, indique que la fermeture de Clairoix s’inscrit dans une stratégie de "délocalisation rampante" vers des pays à plus faible coût de main d’oeuvre que la France, comme la République tchèque, la Slovaquie et la Roumanie.

      Pierre Rubeck a estimé que ce rapport des experts rejoignait l’analyse des syndicats. "Le rapport confirme ce qu’on dit depuis le début. La fermeture de Clairoix n’a aucun rapport avec la crise. La crise a bon dos. Elle n’est que le prétexte de la fermeture", a indiqué à l’AFP M. Rubeck.

      La direction de Continental France a indiqué que "la possibilité de metttre en place un accord de méthode pour faciliter la procédure d’information et de consultation en cours sera également discuté", à l’occasion de ce CCE qui pourrait se prolonger jusqu’à vendredi.

      Le 11 mars, la direction de Continental a annoncé son intention de fermer l’usine de Clairoix pour cause de surcapacités de production et manque de compétitivité du site, provoquant la colère des salariés qui avaient accepté en 2007 un retour aux 40 heures de travail hebdomadaire contre une promesse de maintien de l’emploi jusqu’en 2012.

      La réunion du CCE avait déjà eu lieu à deux reprises à Nice pour des "raisons de sécurité", selon la direction.

      Bien que lors de la réunion de Hanovre, les partenaires sociaux se soient engagés à renoncer à toute action violente, la réunion a de nouveau lieu à Nice mais cette fois pour des "raisons logistiques", la direction n’ayant pas eu le temps, en deux jours, de changer le lieu des discussions, a indiqué un porte-parole de la direction.

      http://www.agefi.com/Quotidien_en_ligne/News/index.php?newsID=220142&PHPSESSID=658a47c0688207e3481bb3b69af0f6d5