Accueil > les agriculteurs (maires ruraux) et les bureaux de vote/europe...

les agriculteurs (maires ruraux) et les bureaux de vote/europe...

Publie le mercredi 20 mai 2009 par Open-Publishing

Ils ne veulent pas être la vache à lait
BERNARD DELATTRE CORRESPONDANT PERMANENT À PARIS

Mis en ligne le 20/05/2009

En colère, les producteurs de lait s’immiscent dans la campagne électorale.
Le blog de notre correspondant à Paris
Les producteurs de lait ont laissé éclater leur colère, mardi. A l’occasion de leur journée nationale de mobilisation, dans d’innombrables départements, ils ont réveillé des préfets aux sons des klaxons et des pétards. Ont bloqué des camions de laiteries ou des centrales d’achat de supermarchés. Lancé des tomates, jeté du fumier ou déversé des hectolitres de lait sur la chaussée. Brûlé des palettes de bois et des pneus. Manifesté avec vaches et tracteurs. Voire ont dû être dispersés à coups de gaz lacrymogènes par les forces de l’ordre.

Dans un des rares secteurs où les prix sont fixés par les acheteurs et non par les producteurs, les agriculteurs se plaignent d’une chute du prix du lait à "un niveau jamais atteint". Ils vendent généralement le lait de leurs vaches au tarif de 20 centimes d’euro le litre. C’est un tarif deux fois moins élevé que les 40 centimes de janvier 2008 et qui n’atteint même pas leur prix de revient, avoisinant les 30 centimes. Dans ces conditions, impossible évidemment de s’en sortir pour les 90 000 producteurs de lait de France, deuxième pays européen producteur de lait après l’Allemagne. A fortiori que ce secteur a déjà beaucoup souffert dans l’Hexagone, où quelque 5 000 exploitations laitières ferment chaque année.

Cette baisse des prix est due à la surproduction mondiale, qui entraîne un effondrement des cours. Mais les producteurs dénoncent "l’abandon des outils de régulation" du marché et des prix laitiers. A savoir la fin de mécanismes comme la fixation des prix minimaux ou les ententes tarifaires entre groupes de producteurs et d’acheteurs. Ces mécanismes existaient jadis, mais ils sont désormais interdits, car considérés comme entravant la libre concurrence.

Mardi, le gouvernement a nommé deux médiateurs pour faciliter les négociations sur un "prix juste" du lait. "Il ne s’agit pas de faire de la parlotte" mais de "prendre la mesure de la colère des campagnes", a déjà prévenu le président de la FNSEA, le plus puissant syndicat agricole.

En France, et pour les partis de droite singulièrement, le lobby agricole pèse d’un poids électoral non négligeable. A trois semaines du scrutin européen, cette mobilisation tombe donc mal pour le ministre de l’Agriculture Michel Barnier, qui coordonne aussi la campagne nationale de l’UMP. Mardi, en effet, son parti a été accusé par le PS d’être à l’origine de cette crise laitière, à cause de sa "politique du tout concurrence et de soutien exclusif aux intérêts des industriels". Le problème étant en partie européen, Michel Barnier a demandé qu’"une réponse européenne adaptée" sorte du Conseil des ministres de l’Agriculture du 25 mai - jour où les producteurs de lait défileront à Bruxelles en faveur d’"une autre politique laitière européenne". Mais, dès à présent, les souverainistes et eurosceptiques français exigent "une sérieuse renégociation" de la politique agricole commune (qui a libéralisé le prix du lait) ainsi que la baisse des quotas laitiers (pour réduire la production et donc soutenir pour les prix).

Si le 7 juin, jour du scrutin, rien n’a été réglé, les agriculteurs qui président les bureaux de vote - ce qui n’est pas rare en France rurale - menacent de ne pas accueillir les électeurs. Et une "grève du lait" est d’ores et déjà envisagée pour l’après-scrutin.

http://www.lalibre.be/actu/international/article/503713/ils-ne-veulent-pas-etre-la-vache-a-lait.html