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ROUGES VIFS ILE DE FRANCE Européennes du 7 juin : refus de vote revendiqué ! Un acte de lutte, un geste de résistance !

Publie le mardi 26 mai 2009 par Open-Publishing
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La « concurrence libre et non faussée », en interdisant toute possibilité d’intervention des Etats, met en rivalité non des produits, mais des systèmes sociaux. Elle pousse les salaires et la protection sociale à la baisse, crée le chômage massif dans certains pays, la surexploitation dans d’autres, la pauvreté partout. Dans un seul but : augmenter les profits pour le capital aux dépens du travail. C’est le résultat du principe de liberté de circulation des capitaux.

L’intégration européenne est l’instrument développé par les capitalistes continentaux pour imbriquer les capitaux au niveau mondial, choix imposé depuis les USA. Objectif : imposer aux peuples de l’extérieur ce qu’aucun d’eux n’aurait accepté de son propre gouvernement.

La crise confirme la nocivité du dispositif. L’interdépendance des capitaux l’a étendue au monde entier en un temps record. Ses ravages pour les peuples se font durement sentir et cela ne peut qu’empirer dans le cadre actuel.

L’appartenance à l’UE, et surtout à la zone Euro, est un facteur aggravant de la crise.

La mise place d’une monnaie unique forte, l’Euro, nous a été présentée comme facteur de prospérité. C’est une manipulation ! Avec ce système, le capital peut produire là où la monnaie est faible pour vendre là où elle est forte. C’est un aspect essentiel, rarement évoqué, des délocalisations.

Dans un contexte de crise, la concurrence entre les monnaies s’aggrave. Aujourd’hui, presque tous les pays qui en ont gardé le contrôle d’une monnaie nationale poussent, logiquement, la leur à la baisse. Il ne s’agit pas seulement des USA, de la Chine et du Japon, mais aussi de pays membres de l’UE. Car l’Euro n’est pas la monnaie de l’Union, contrairement à ce qu’on essaie de nous faire croire : près de la moitié des pays membres, dont le Royaume-Uni, la Pologne, la République tchèque... ont gardé leur monnaie nationale et la font baisser. Ceux qui ont adopté l’Euro, échappant à tout contrôle gouvernemental ou parlementaire, sont donc encore plus fortement désavantagés qu’avant la crise.

D’autre part, l’UE ôte aux gouvernements nationaux toute possibilité réelle d’intervention. Les gesticulations de Sarkozy, les contre propositions tout aussi ridicules du PS, n’y font rien : l’État ne peut intervenir efficacement dans l’économie sans violer les traités. Il ne peut non plus être question de politique douanière. Alors que d’autres pays s’affranchissent marginalement et provisoirement de certains dogmes libéraux pour limiter les dégâts, l’appartenance de l’UE condamne la France à s’enfoncer toujours plus.

La solution : combattre le capital, donc rompre avec l’UE.
C’est le capitalisme qui crée la crise. Pour en sortir, il faut limiter le poids du capital sur l’économie et, à terme, l’abolir. Cela implique trois choses :
1) Augmenter les salaires. Pour réduire les difficultés des salariés, pour limiter la part des profits, pour réduire l’exploitation.
2) Augmenter la part socialisée des salaires, faussement appelée « charges ». Pour financer la sécurité sociale, les retraites et les indemnités chômage, qui ont prouvé leur efficacité car échappant totalement à la spéculation du capital.

3) Développer le secteur public et nationalisé. Pour faire reculer le poids du capital dans l’économie, pour répondre aux besoins vitaux de la population. Plutôt que de renflouer les banques, entretenant la spéculation, la collectivité et ses institutions doivent se substituer au capital défaillant pour produire.

Rien de tout cela n’est possible dans le cadre de l’UE, lié à celui du libre échangisme mondial : toute tentative d’augmentation, ou même seulement de maintien, des salaires conduira à des délocalisations, à l’extérieur ou à l’intérieur de l’Union. C’est donc avec ce cadre qu’il faut en finir, dans l’intérêt des peuples auxquels il a été imposé.

Dans ce contexte, les élections européennes du 7 juin sont une imposture.

Les organisations politiques de tous bords ont bien compris que le peuple français identifiait l’UE comme la cause de l’essentiel de tous ses maux. C’est pourquoi ils se présentent tous à nous en expliquant qu’il faut « changer l’Europe », alors que de l’UMP au PS ont élaboré et ratifié ensemble tous les traités, comme le traité de Lisbonne qui bafoue notre vote du 29 mai 2005. Aucune des listes en présence n’envisage de rompre avec l’UE. Toutes insistent sur l’importance du « parlement » européen comme composante la plus démocratique de ses institutions, prétendant que les peuples pourraient s’y faire entendre.

C’est un mensonge, commun à tous les candidats, qui porte la négation de ce qu’est véritablement la démocratie, le gouvernement par et pour le peuple. Ce n’est pas parce que les dominants posent des urnes et invitent les citoyens à les remplir qu’il y a démocratie. C’est ce que font les occupants américains dans les pays qu’ils ont bombardés et envahis, en Irak, en Afghanistan, pour faire élire des gouvernements fantoches à leur service qui ont la même légitimité que le parlement européen.

On nous convoque pour élire de prétendus députés, après un débat sur des clivages politiciens nationaux. Une fois élus, ils iront siéger avec d’autres de 27 pays à l’issue de débats totalement différents. Et comme lors des mandatures précédentes, ceux qui, dans leurs pays, jouent à être la droite et la gauche, tour à tour la majorité et l’opposition, se retrouvent ensemble, à Bruxelles et à Strasbourg, loin du regard de leurs électeurs pour voter à des majorités écrasantes ce que veulent les gouvernements et la commission, ce dont les peuples ne voudraient pas s’ils étaient consultés. Dire qu’on démocratise l’UE en renforçant les pouvoirs de ce « parlement » est une manière particulièrement grossière de se moquer du monde.

L’UE n’est pas réformable. Ce ne sont pas les modes d’élection et de fonctionnement du « parlement » qui sont en cause, mais l’idée même qu’il puisse y avoir un parlement européen, une démocratie européenne. On ne peut envisager de démocratie que dans un espace de débat commun, et reconnu. Les nations historiquement constituées offrent cet espace. Il ne peut en exister au niveau européen, ne serait ce que pour des raisons de langues. Des nations souveraines, gouvernées démocratiquement, sont les seuls cadres adaptés aujourd’hui pour coopérer véritablement dans un intérêt mutuel. Un « parlement » supra national, coincé dans des institutions voulues par le capital, ne peut que bafouer les intérêts de tous les peuples qu’il prétend représenter.

Il ne peut y avoir d’Europe démocratique et donc sociale. C’est pourquoi le capital a lancé il y a soixante ans, et constamment soutenu, le mot d’ordre de construction européenne. Parce qu’il y a incompatibilité entre le capitalisme et la démocratie, le capital a eu besoin de créer et de développer un espace de décision échappant au débat démocratique. Le cynisme est à son comble quand il est prétendu, à chaque traité dépossédant davantage les peuples, augmenter les pouvoirs de ce pseudo parlement.

Dans le contexte actuel, nous demander de voter pour élire un tel « parlement » est une insulte.

Le 29 janvier, le 19 mars, le 1er mai, nous avons été des millions en grève et dans la rue pour exiger la rupture avec les politiques qui ont conduit à la crise. Nous nous trouvons face à un gouvernement décidé à persévérer, contre la volonté du peuple, à appliquer la politique du capital, en prenant appui sur les « contraintes européennes », qui ont été créées pour cela.

Quand ce gouvernement, et sa prétendue opposition, nous invitent à aller voter pour conforter ces institutions antidémocratiques, la seule réponse juste est le refus de vote. C’est au taux d’abstention qu’on mesurera le 7 juin au soir le rejet de la soumission au capital par les peuples prisonniers de l’UE, pas au score des listes prétendant vouloir changer l’Europe de l’intérieur.

Qui se souvient du résultat des élections précédentes, en 2004 ? Il n’avait rien changé. En revanche, le taux d’abstention massif dans tous les pays avait marqué. 57 % en France, à comparer avec les 70 % de participation un an plus tard qui a vu la victoire éclatante de notre NON.

Ou encore dans les pays d’Europe centrale (78 % en Pologne) venant d’adhérer, faisant voler en éclat le mensonge de leur enthousiasme pour l’ « Europe » et montrant que, comme nous, ils la subissaient malgré eux.

Quand le suffrage universel est à ce point truqué, bafoué, parodié, c’est l’abstention qui devient un devoir civique. C’est cet attachement au suffrage universel véritable qui nous pousse à lancer cet appel à refuser de donner une caution populaire à une consultation visant à désigner des représentants pour un parlement institué justement pour contrecarrer et mépriser ce suffrage universel dans les cadres nationaux.

C’est par un refus massif de voter que le peuple peut exprimer le 7 juin son rejet d’institutions qui, quoi qu’il vote, n’agiront que pour aggraver la crise et faire payer sa facture aux travailleurs. C’est ce refus qui prolongera nos luttes et annoncera l’insurrection du pays réel contre l’Europe légale et affirmera notre détermination à combattre pour une véritable démocratie.

"Rouges vifs" Ile-de-France Mai 2009

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