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Communiqué de presse - TOTAL EN BIRMANIE : LES VERITES TRONQUEES DE CHRISTOPHE DE MARGERIE

Publie le mardi 2 juin 2009 par Open-Publishing

INFO BIRMANIE

Communiqué de presse - TOTAL EN BIRMANIE : LES VERITES TRONQUEES DE CHRISTOPHE DE MARGERIE

Info Birmanie souhaite apporter ses précisions suite à la tribune de Christophe de Margerie, directeur général de Total, publiée dans Le Monde des 31 mai et 1er juin 2009, et intitulée "Birmanie : Total répond à Jane Birkin". Notre association ne peut que constater la relative désinformation à laquelle se livre le groupe pétrolier, qui pourrait presque passer auprès du lecteur néophyte pour le bienfaiteur de la population birmane. Le texte aligne vérités tronquées et affirmations discutables.

Christophe de Margerie fait notamment l’impasse sur un certain nombre de faits :

 interpellé sur la manne financière que constitue Yadana (projet gazier dont Total est l’opérateur) pour le régime militaire, il n’y répond simplement pas. Sa position de premier soutien financier de la junte birmane n’est sans doute pas, en terme d’image, à l’avantage du groupe pétrolier.

 si rien n’est chiffré des bienfaits amenés par Total et ses partenaires aux populations birmanes, ce n’est pas le fruit du hasard. 15 millions de dollars ont déjà été consacrés par ceux-ci à des projets sociaux en Birmanie. Mais l’ONG Earth Rights International, à l’origine de rapports de référence sur Yadana, a estimé que le projet gazier avait rapporté à la junte birmane près d’un milliard de dollars pour la seule année 2007. Or Christophe de Margerie l’admettait lui-même dans un entretien accordé au Monde le 6 octobre 2007 : "Total, pas plus que d’autres compagnies, ne peut demander au gouvernement ce qu’il fait de cet argent." Rappelons que plus de 40% du budget de l’Etat birman est consacré aux dépenses militaires, contre 0,4% à l’éducation et à la santé. Aussi est-il permis de penser que les projets sociaux mis en place par Total et ses partenaires ne sauraient compenser les dommages résultant d’un apport de ressources de première importance au régime birman. En outre, les conditions de vie dans la zone du gazoduc ne sont pas aussi idylliques que le prétend Christophe de Margerie. "Nos actions socio-économiques et le climat qui règne dans la région de nos opérations demeurent la meilleure caution de notre engagement", affirme le directeur général de Total. Christophe de Margerie oublie de préciser que si certains des villages de la zone ont tiré des programmes mis en place des bénéfices minimaux, ces bénéfices ne touchent pas l’ensemble des populations confrontées à la violence des bataillons de l’armée birmane affectés à la sécurité du gazoduc. La vie dans la région demeure ainsi si difficile que de nombreuses familles continuent chaque année à fuir vers la Thaïlande.

 en écrivant que "le départ de Total" ne ferait qu’"appauvrir plus encore la population", Christophe de Margerie oublie à dessein de préciser que ni le gaz ni les revenus du gaz ne profitent à la population, à l’exception toutefois des bénéficiaires des projets sociaux. Le gaz part en Thaïlande et ses revenus dans les poches des généraux.

Christophe de Margerie précise par ailleurs que "Total ne peut pas seul changer le destin des Birmans. Que pourrait-il se passer si d’autres compagnies occidentales, soucieuses de leur responsabilité, venaient travailler dans le pays et décupler nos efforts ?" Cet argument, celui de "l’engagement constructif", est celui qu’opposait Total à tous ceux qui critiquaient son choix d’investir en Birmanie - un choix qui était alors celui d’autres entreprises occidentales. La théorie de "l’engagement constructif" suppose que développer des relations économiques avec un régime peu respectueux des droits de l’homme entraînera des progrès dans le domaine des droits et libertés. Plus de quinze ans après la signature des contrats entre Total et la junte, cette théorie a été copieusement démentie par les faits.

Christophe de Margerie évoque en outre le risque qu’un retrait de Total, loin de couper la manne financière dont bénéficie le régime, entraîne une hausse de ses revenus. La question du maintien des actions socio-économiques mises en place par Total en cas de retrait du pétrolier est également posée.

C’est pourquoi sans doute Jane Birkin évoquait-elle dans sa tribune adressée au Monde le 27 mai 2009 l’éventualité d’une mise sous séquestre des revenus gaziers, une solution alternative au retrait, prévue par la charte de l’ONU.

Le gouvernement birman en exil, par un courrier adressé le 10 octobre 2007 au président de la République et à son ministre des Affaires étrangères, demandait que soient "gelées ou abandonnées toutes les activités liées au gaz."

En tout état de cause il appartient à Total et à la France d’abord, à l’Union européenne ensuite, de trouver la solution la plus adéquate au "problème" posé par Total en Birmanie, pour reprendre une expression récemment employée par M. Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères français. Un problème qui se résume ainsi : la manne financière de première importance apportée par Total à l’une des pires dictatures de la planète.

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