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Mélenchon s’explique (!) sur sa visite à Sarko

Publie le mardi 16 juin 2009 par Open-Publishing
6 commentaires

Voici le passage où Mélenchon s’explique sur sa visite à l’Elysée qui a valu cette photo sur le perron aux côtés de Sarko parue dans Le Figaro et que j’ai commentée avant-hier sur ce site.

L’ argumentation est incroyablement faible et passe complètement à côté de l’essentiel, à savoir l’exploitation médiatique et politique par le pouvoir de l’"évènement". Mélenchon a beau se démener, ses justifications ne tiennent pas la route : expliquer à Sarko des choses sur les comités d’entreprise européen, sur les leçons tirées par le FdG des élections, etc. c’est tout simplement ridicule. Sarko a-t-il besoin d’être informé de tout cela ? Pour quoi faire ? Pour qu’il en tienne compte ? Le crétinisme politique a de beaux jours devant lui avec de tels dirigeants anticapitalistes qui vont aller donner des explications et des infos à l’ennemi de classe.

Mais le pompon c’est la note expliquant au patron de l’UMP tout ce qui dans le programme de l’UMP ... était contradictoire avec le traité de Lisbonne. Quel était le but de cette démonstration des contradictions de l’UMP avec elle-même ? La faire s’effondrer devant tant d’incohérence ? Faire avancer le rapport des forces en faveur des salariés ? Dérisoire et triste.

Je passe sur la gêne sous-jacente au "j’étais à ma place" et au "sans doute que ça ne sert à rien au sens trivial du terme". Je laisse aussi chacun juge du brevet d’humour que JLM délivre à Sarko en posant seulement la question : à quoi cela rime-t-il "anticapitalistement" parlant ?

Je préfère m’attarder sur le pitoyable "Je suis heureux d’avoir pu parler dans ce lieu et au Président de la république en personne des travailleurs du Sud ouest". Un Front de gauche cela sert aussi à ça ? A aller parler des travailleurs à l’exploiteur de ces mêmes travailleurs ? Pour quoi faire ? Pour le faire pleurer ? Pour le faire revenir, par les sentiments, sur la démolition des acquis sociaux qu’il mène méthodiquement ? Ne dirait-on pas du réformisme compassionnel pur jus ?

Je suis très en colère : militant du NPA, j’ai des critiques à faire sur la stratégie du FdG et en particulier sur sa ruse pour masquer qu’il vise une alliance, à plus ou moins long terme, avec le PS failli. Mais là, nous sommes dans l’infrapolitique ! On a l’impression en lisant JLM, après avoir vu cette photo du Figaro (à côté de celle de Buffet tout aussi pitoyable près de Sarko), d’avoir affaire à ces cathos sociaux du 19e siècle (un comble pour le laïque féroce qu’est JLM) qui allaient expliquer au patron l’horreur de la condition ouvrière. Avec l’espoir que porté par la compassion, il ferait un geste dans le sens de moins d’exploitation, une exploitation plus humaine ! Ce Front de Gauche, par ce comportement de JLM, en devient un Affront de Gauche !

Oui, ces mots sont durs car il est dur de lire cette piètre autojustification d’une scandaleuse visite qui, ni l’une ni l’autre, n’ont leur place dans un positionnement anticapitaliste !

La seule chose qui m’intéresse au fond c’est de savoir comment les militants du FdG peuvent recevoir un tel non-discours raisonné. Je veux dire non raisonné à partir des bases de tout anticapitalisme qu’il soit du NPA ou d’ailleurs !

Dernière remarque avant de vous laisser avec ce texte d’anthologie : cette démarche de porteur d’infos au chef me semble dans le ton de tous ces dirigeants syndicaux, aux forts coups de menton revendicatifs dans la rue, qui implorent le gouvernement de prendre la mesure du désastre social qu’il provoque. Cela donne ces dernières manifs d’impuissance qui font rigoler Sarko and Co : la preuve que la démarche compassionnelle de ces pseudos dirigeants politiques et syndicaux marche ? L’annonce, aux lendemain de ces "mobilisations", par Hortefeux du projet de recul de l’âge de la retraite.

Amis de gauche, il y a des bilans de faillite à tirer et vite ! Et ils ne concernent pas que le PS. Il nous faut vite un Front de Gauche, un vrai. Anticapitaliste conséquent !

Antoine (Montpellier)


SUIS JE AU BON ENDROIT ?

Donc, je suis allé rencontrer le Président de la République à l’Élysée en tant que "chef de parti" puisque c’est ainsi qu’on m’a présenté l’invitation. Je lui ai remis une note à propos des comités d’entreprise européen. J’ai voulu lui signaler en effet que ces comités, quand ils existent, ne sont nullement protégés. Si les patrons ne tiennent aucune des obligations prévues à leur égard, ils n’encourent aucune sanction. Ce fut le cas pour Continental. Si ce sujet est venu c’est parce qu’il m’a demandé quelles leçons j’avais titré de ma campagne et que je lui ai parlé des gens du Sud ouest qui m’ont reçu à la porte de leur usine : Continental (Foix), la Célanèse (Pau), Merlin Gérin (Alès) et ESK (Tarbes).
Puis je lui ai donné une autre note qui analyse tout ce qui dans le programmede l’UMP aux élections européennes était contradictoire avec le traité de Lisbonne. Je lui ai dit que je ne voterai pas Baroso comme il le recommande. A la fin je lui ai encore remis du papier, c’est à dire mon petit livre de « réplique au chanoine de Latran »… Je peux donc témoigner du fait qu’il a de l’humour. Si vous voulez savoir ce qu’il m’a dit, demandez le lui. Je ne suis pas capable d’être objectivement son porte parole et d’ailleurs il y a quelqu’un payé pour faire ce travail.
Ce petit récit est juste destiné à dire que j’ai pris au sérieux cette invitation à laquelle je me suis rendu avec l’accord du bureau politique du Parti de gauche. J’y ai participé avec sérieux en traitant du sujet pour lequel j’étais invité. Dans ces conditions j’étais à ma place, celle que les électeurs ont donné au Front de gauche et par voie de conséquence au Parti de gauche.
Je suis heureux d’avoir pu parler dans ce lieu et au Président de la république en personne des travailleurs du Sud ouest. Sans doute que ça ne sert à rien au sens trivial du terme.
Mais ça sert à faire exister des noms et des visages, des luttes et des souffrances quand d’aucuns pouvaient les croire ensevelies dans les sables de la défaite.

Jean-Luc Mélenchon

http://www.rezocitoyen.org/spip.php?article6665

Messages

  • Il aurait mieux fait de demander des explications sur le retour a l’esclavage et aux destructions massives d’emplois et d’acquis sociaux.Mais la photo prouve les bon termes et la nullité de cette visite.On ne pactise pas avec le diable !momo11

  • "Je suis heureux d’avoir pu parler dans ce lieu et au Président de la république en personne des travailleurs du Sud ouest"

    Oui, il parle bien, Melenchon. Surtout assis des années sur le velours des fauteuils du Sénat.
    Il parle bien, Melenchon à ceux de la bulle politique, ses partenaires du jeu représentatif qui sont en train de tuer la démocratie.
    Il parle très bien, surtout pour expliquer combien il est préférable de se lier avec ceux qui ont creusé notre tombe depuis des années, les socialistes.

    Il joue très bien, le camarade Melenchon. Un coup à gauche, un coup à droite, le fauteuil est toujours plein centre.

    Je suis qu’il va faire une dénonciation enflammée des préconisations du pouvoir sur les retraites, par exemple. D’aillleurs, elle est peut-être déjà servie.

    Sans doute oubliera-t-il de cogner sur le ralliment libéral des socialistes à ce sujet, les Valls et autres qui sont pleinement pour qu’on bosse à mort, et ajoutent - en off - que ça ne les dérangerait pas vraiment qu’il n’y ait plus de retraite, sauf évidemment les énormes pensions par capitalisation que les salaires au SMIC permettent de s’offrir ?...

    Melanchon, c’est de l’eau avec quelques bulles. Nous n’arriverons à rien avec ces espèces de radicaux cassoulet, le cul entre deux chaises pour éviter de devoir mordre la main qui les nourrit.

    Soleil Sombre

  • Ca ce résume simplement : de la politique spectacle. A vouloir trop occuper le devant de la scène, façon de faire très électoraliste, on finit par s’y bruler les ailes. Qu’attendre de plus de Mélenchon, c’est avant tout un politicard de la vieille école, un viel éléphant du PS qui fait bande à part, c’est tout...

  • CAMARADES, MELENCHON, COMME BUFFET , SOIT EST COMPLÈTEMENT CON (MAIS C’EST ÉVIDEMMENT NON) SOIT SE FOUT OUVERTEMENT DE NOTRE GUEULE POUR DES RAISONS TRES PERSONNELLES, SOIT, ENFIN ? EST TOTALEMENT POURRI PAR L’IDÉOLOGIE DOMINANTE ET LA C’EST GRAVE.

    MAIS DE TOUTE FAON AUCUNE CONFIANCE, ZERO CRÉDIT A CES GENS LA.

  • Si la gauche de la gauche est représentée par des élus se livrant à des gesticulations aussi ridicules que condamnables , Sarkoland a encore de très beaux jours devant lui . Tout ceci est consternant , ou tout simplement abjecte . J’ai en effet du mal à croire qu’un politicien aussi averti que Mélenchon soit assez naïf pour ne pas mesurer les conséquences désastreuses de sa démarche . Il aurait voulu casser l’élan qui commence à se faire jour à gauche qu’il n’aurait pas agit autrement . Si l’on ajoute à ça l’attitude plutôt tiède des directions syndicales "officiels" face aux mouvements sociaux , il faut bien avouer que tout cela sent un peu le complot . En cherchant à savoir à qui tout ceci profite , on retombe inévitablement à la conclusion que tout ceci profite à ceux qui sont déjà en place... du PS à l’UMP , en bref à la totalité de l’establishment qui redoute de se voir dépasser par sa base et les mouvements populaires .
    Les militants du FdG ont du souci à se faire quant à la véritable volonté politique de leur leader , au mieux à son efficacité !