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Martin Hirsch veut légaliser l’esclavagisme caritatif

Publie le mardi 23 juin 2009 par Open-Publishing
15 commentaires

L’ancien président d’Emmaüs France, devenu Haut commissaire aux solidarités actives du gouvernement Sarkozy, demande la consécration officielle du statut des compagnons d’Emmaüs.

Pour ce faire, une disposition législative sera présentée au Parlement à l’occasion de l’examen du texte instaurant le non moins charitable RSA... Pourquoi une telle requête ? Explications.

Qu’est-ce qu’un « compagnon d’Emmaüs » ?

Leur statut est particulier au mouvement fondé en 1949 par l’abbé Pierre. Dans son principe, les compagnons vivent de leur travail sans être salariés au sein d’une communauté qui pratique l’accueil inconditionnel. Anciens hébergés ou venant d’autres communautés, ils sont logés, nourris, et reçoivent une allocation. En contrepartie, ils assurent l’accueil et la logistique des centres d’hébergement d’urgence et accueils de jour de l’association, ainsi que diverses opérations ponctuelles. Un statut que l’on peut effectivement qualifier, sans être péjoratif, de "bâtard".

Travailleur solidaire, mais sans salaire

Sur le site de la communauté Emmaüs d’Angoulême, on peut lire : « Souvent meurtris par la vie et ses aléas, les compagnons rejoignent la communauté pour redonner un sens à leur vie, tout en prenant part à la dynamique d’Emmaüs : "Servir premier le plus souffrant". A Emmaüs, les compagnons ne sont pas isolés. S’ils sont contraints d’accepter les règles de vie communautaire, chacun est à la fois soutenu par le groupe et aidé par l’équipe d’encadrement. Les compagnons sont considérés comme des travailleurs solidaires. Ils bénéficient des prestations de la Sécurité Sociale. [...] Ils perçoivent une allocation hebdomadaire et des allocations vacances. De par le statut de compagnon, ils ne peuvent pas prétendre à d’autres revenus (RMI, Assedic). La communauté cotise à l’URSSAF pour la retraite des compagnons. »

... Est-ce cette forme de servage que Martin Hirsch veut consacrer ?

Une initiative tout à fait dérangeante

Il est vrai qu’aujourd’hui le tissu associatif a pris le relais des hospices et de leurs bonnes sœurs. Cependant, nous déplorons que Martin Hirsch souhaite avantager un mouvement qui est d’origine religieuse alors que la France est une République laïque.

Ensuite, nous nous interrogeons sur le fondement de cette proposition. La confusion des genres fait qu’actuellement, on assiste à une exploitation éhontée de la générosité citoyenne par la République elle-même et à l’inexorable substitution du rôle des pouvoirs publics par le monde associatif. Conséquence de son désengagement massif sur les questions sociales, l’Etat se décharge sur le bénévolat, la fiscalité ou la précarité subventionnée auprès de nombreuses associations qui, pour survivre, instrumentalisent parfois la charité par le biais des people.

Au nom du « toujours mieux que rien », le misérabilisme regorge d’effets pervers. Nous avons vu les Restos du Cœur se mobiliser pour défendre les contrats aidés, que l’association utilise abondamment alors qu’ils maintiennent ceux qu’elle emploie dans la précarité et la pauvreté… qu’elle est censée combattre. Chez Emmaüs, c’est pire : les compagnons — des pauvres au service des pauvres — sont une armée de réserve inépuisable qu’il s’agit, maintenant, d’officialiser.

Exploitation de la misère et gestion de l’exclusion

Car leur statut est non seulement marginal — ils sont pour l’instant une centaine — et exceptionnel, mais surtout contraire au principe qui suppose que tout travail mérite salaire (d’autant plus que c’est sur la base du salaire que se fixent les droits ultérieurs au chômage, par exemple, en imaginant qu’on ne fasse pas carrière chez Emmaüs). N’étaient-ce pas les esclaves qui recevaient accueil inconditionnel en échange de leur travail non rémunéré ? Ces compagnons, dont l’étiquette d’« accidentés de la vie » a fait le lit de leur volontariat, ne sont-ils pas maintenus dans un état de grande dépendance vis-à-vis d’une « communauté » qui leur assure le gîte, le couvert… et l’argent de poche ?

Là est le danger : au lieu d’exiger l’accès aux mêmes droits fondamentaux pour tous, le projet de Martin Hirsch consiste, sous couvert de bienfait, à les catégoriser. De cette manière, chacun est un statut avant que d’être citoyen : du coup, il n’y a plus à s’occuper du citoyen. Reconnus par une loi, ces compagnons resteront des exclus de la citoyenneté, tout en ayant la fierté et l’illusion de s’en sortir sans elle.

Nous ne sommes pas sûrs que cette dérive, d’une grande perversité, était la volonté de l’abbé Pierre. Comme pour le RSA, véritable pis-aller social qui institutionnalise le sous-emploi et l’assistanat alors que, pour en finir avec la pauvreté et l’exclusion, il faut exiger de vrais emplois, de vrais salaires et de vrais droits pour tous, la reconnaissance légale des compagnons d’Emmaüs les enferme dans leur statut et entérine, plus que jamais, le désistement de l’Etat sur ces questions.


DERNIÈRE MINUTE : Jeudi 18 septembre, dans le cadre de l’examen préparatoire au projet de loi généralisant le Revenu de solidarité active, les députés de la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale ont décidé, à l’unanimité, de donner un statut juridique aux compagnons d’Emmaüs, mesure soutenue Martin Hirsch...

http://www.actuchomage.org/modules....


Voilà… il n’y a pas que des compagnons ou anciens compagnons qui dénoncent les dérives d’Emmaüs mais aussi des citoyens et des associations qui viennent les relayer sur la toile en étayant leurs témoignages.

www.come4news.com/emma-s,-le-piege-a-pauvres-595968

http://lodevemaville.free.fr/spip/article.php3?id_article=869

http://pascallafargue.blogsudouest.com/2009/04/15/psl-rsa-tiens-cest-quoi-ca-au-fait/#comment-2579

http://monemmausmoi.blogspot.com/2009/04/rassemblement-de-matelasparis.html

http://www.rue89.com/2009/06/13/genereux-et-ouvert-emmaues-des-compagnons-se-rebiffent?page=2#commentaires

Le mouvement EMMAÜS, les acteurs socio-économiques, le monde politique et les pouvoirs publics ne peuvent plus se voiler la face…
Nous ne pouvons pas tolérer l’existence de sous-citoyens dans le monde et encore moins dans le pays des droits de l’homme…

Georges ( ancien Compagnon d’Emmaüs )

Messages

  • Enfin une analyse intéressante de la fausse charité, j’utilise a dessein cette expression. Oui, elle dépeint bien le renoncement des restponsablités de l’état et la catégorisation des précaires.

    • la charité est toujours fausse,c’est l’alibi des "bonnes consciences !

      Il faut toujours rendre justice avant que d’exercer la charité .(Nicolas de Malebranche)

      Et Léon Bloy s’interrogeait :

      Je me suis demandé souvent quelle pouvait être la différence entre la charité de tant de chrétiens et la méchanceté des démons.

      Pourtant c’étaient tous deux des calotins.

  • Une question qui gene....Ou est le reclassement des compagnons ?Nul part....momo11

  • la vie ne se resume pas a mal ou bien séparé nettement ; je vous propose de reprendre quelques points des interventions ci dessus

    En premier, svp, il est important de dissocier martin hirch du mouvement emmaus. Monsieur hirch fait ce qu’il veut et le mouvement emmaus continue son histoire.
    L’histoire d’emmaus est avant tout basé sur l’accueil de personnes en très grande précarité. Des personnes qui se retrouvent à la rue et qui font le geste de se présenter à une communauté. S’il y a de la place (et même quand il n’y en a pas), cette personne est accueillie.
    On couvre les besoins élémentaires : se laver, manger, dormir. Car malheureusement, dans ce pays, certaines personnes n’ont même pas la possibilité de couvrir ces besoins premiers. ; Ah, j’oubliai, les soins également : dentition, bizarrement, les pieds, qui sont une source de souffrance terrible, les yeux et les traumatismes de la vie (psychologiques et physiques).
    On souhaite ardemment que les gars à la rue a un moment, puissent cesser leur errance. Et il parait important que l’on puisse agir comme tout le monde.
    A savoir, travailler et s’occupper, gagner sa vie, même si on ne gagne pas beaucoup.

    C’est une structure collective et de plus, communautaire. On n’est pas un employeur dont l’objectif est de s’enrichir. Et nous avons la volonté de ne pas vouloir de subvention de manière a garder notre liberté et de plus, l’activité sur laquelle nous sommes, (la récupération), arrive a nous faire vivre.

    Les compagnons n’ont , sur prise en charge, aucun frais a assumer : repas, couchage, tous les frais de la vie quotidienne, loisirs, sortie, sport, ect etc ...

    Un compagnon touche en net, 50 euros par semaine ; c’est peu, je sais. J’ajoute, pour ces 5 semaines de vacances, 40 euros par jours, plus un billet A/R par an et s’il a de la famille, souvent nous intervenaons financièrement pour les soutenir.

    Nos compagnons font un travail qui se trouve avoir la cote en ce moment ; récupération, envirronnement, eviter le gachis, ...

    mais surtout, ils aident et sont au centre des actions de solidarité : et je vous assure, que vivre pour les autres, celà fait du bien.

    Deux compagnons viennent de rentrer du Perou, après 4 semaines, d’autres sont partis en Argentie et au Togo.

    En ce moment, deux des gars sont sur un convoie en Bosnie.

    Nous intervenons régulièrement sur les bidonville de la région parisienne, nous fournissons du matériel aux familles dans le besoin, nous prenons en charge des "casa del ,nino" en amerique latine ; juste en récupérant ce que les gens veulent nous donner ou se débarasser.

    petit a petit, nos gars se stabilisent ; pas toujours ; certain arrivent a resoudre les diffiucltés qui les ont emmenés içi. Il n’y a pas de contrat ; Est-ce que vous croyer que les gens au rmi, et parfois au smig ont 200 euros net par mois a la fin du mois ? et qu’ils peuvent partir en vacances ?

    Est-ce que vous pensez que parce qu’on a connu la rue, on ne reflechit pas ? Allez-y vous traviller pour un salaire de misere, vivre dans l’angoisse, être sous la coupe d’un boss qui n’en a rien a fire de votre vie d’homme, ce job, je vous le laisse, celà c’est clair dans ma t^te et si je ne suis jamais riche financièrement, ma vie aura été bien remplie, de rencontre, d’aide, d’amitiés.

    Rentrer tous les soirs dans votre hlm et faites vous chier devant votre tv .

    ma vie est bien remplie et utile aux autres. Pas de la charité, juste un peu de justice, Et la Votre ? en dehors des discours, vous agissez quand ?

    • Une exploitation des compagnons en gros ,c’est faux ?????momo11

    • Momo, je ne veux pas répondre à ta place, mais je dirais laisse tomber. Parce que, le type qui étale ses actions et à la façon d’un inquisiteur te demande ce que toi tu fais, ça dénote une haute opinion de soi-même, un manque total d’humilité. Pour ma part, quand je tends la main à quelqu’un je vais pas le gueuler sur les toits, je le fais et j’évite d’en parler.

      C’est comme le gus-gus qui jete avec une fausse négligence 10 euros dans la gamelle du pauvre de la sortie de la messe et qui prend la précaution d’être bien entouré et remarqué...c’est le même ordre d’idée.

    • Tu as raison,mais il se trouve que j’ai "failli" travailler pour eux.Il y a longtemps je le reconnais.Puis cette question pour une association milliardaire:que faites vous pour reclasser les compagnons ?Erreur monumentale et echec pour l’emploi,le curé ou la bonne soeur qui se "fait"plaisir est engagé.Le suivi que nenni.momo11

    • Le syndicalisme est interdit dans les communauté d’Emmaus et la représentation des compagnons se fait par l’association elle-meme.
      Ensuite, tres de baratin, les histoires sur la bosnie etc. concerne une poignée de gens et beaucoup sont virés car ne marche pas au pas. Ne aprlons pas de ceux qui se sont aventuré a revendiquer.
      Les relations au sein des communauté sont des relations de pouvoir et de salariat.
      Ilfaut appeler un chat un chat.

    • diffuser le bilan financier dans son intégralité depuis ne serais que 10 ans, séparer les personnes accueillis qui perçoivent un pécule dérisoire et publier les revenus des personnes a temps plein (responsables et encadrements) sans omettre les avantages en nature,
      ex élu d’un CDIAE

    • Est-ce que vous pensez que parce qu’on a connu la rue, on ne reflechit pas ? Allez-y vous traviller pour un salaire de misere, vivre dans l’angoisse, être sous la coupe d’un boss qui n’en a rien a fire de votre vie d’homme, ce job, je vous le laisse, celà c’est clair dans ma t^te et si je ne suis jamais riche financièrement, ma vie aura été bien remplie, de rencontre, d’aide, d’amitiés.

      Je te rejoins Momo !

      Dire qu’on a "une vie bien remplie, de rencontre, d’aide, d’amitiés" sur le dos de la misère, ça me fait frissonner de la tête aux pieds ! Si j’ai bien compris, le jour où la misère est éradiquée, il y aura du monde pour pleurer d’ennui devant sa TV !

      Hirch il fait quoi pour les chômeurs non rémunérés, qui n’ont même pas droit au RSA, donc obligés de s’appuyer sur le conjoint pour se nourrir, s’habiller, vivre quoi ! Il y en a plus qu’on ne croît, notamment les mères de famille ! du temps plein, autant vous le dire !

  • hirch lui a parfaitement reussi son integration sociale

  • je témoigne avoir à plusieurs reprises sollicité Emmaüs de ma ville pour obtenir des meubles pour des personnes accédant à un premier logement et quittant un foyer d’urgence, ma dernière demande est du mois d’avril 2009 ; meubles demandés , un matelas d’enfant, un lit de bébé avec matelas , un lit pour une adulte avec matelas, table et chaises si possible , réponse : "nous n’avons pas de budget actuellement", les hangars regorgeaient de meubles, une clientèle disons aisée achetait sans scrupule, sans se poser de questions, je suis repartie avec la maman et les deux enfants sans rien, dégoûtée une fois de plus, j’ai fait appel à mon réseau personnel pour meubler l’appartement de cette femme, des comme çà j’en ai plein ma besace , des noms , SOS bébé, secours catholique, secours populaire, armée du salut, banque alimentaire, restos du coeurs, équipe St Vincent, entraide protestante, il y en a surement d’autres dans d’autres régions, les bénévoles je ne peux plus les encadrer comme on dit, oui toutes ces associations se substituent à l’état, elles participent à la déliquescence de notre société, non elles ne rendent pas service, après avoir accusé des personnes d’être des assistés, on officialise ce mode de lien social qui réduit une population à la mendicité,

    • secours populaire

      euh... tout le monde dans le meme sac ???

    • eh oui 82 , tout le monde dans le même sac, la question est autour du bénévolat ? pourquoi je fais du bénévolat ? je donne ou je trouve de bénéfices personnels ? c’est une question fondamentale, ben oui, la vie n’est pas aussi clivée, les bons d’un côté, les mauvais de l’autre, j’ai travaillé avec la croix-rouge d’une manière formidable le temps d’action d’ 1 personne, cette personne partit, les dérives sont revenues, pourquoi doit - on faire des études de travail social ? parce que aider ne s’improvise pas, et les écoles de travailleurs sociaux sont loin d’être performantes, mais elles permettent à ceux qui réfléchissent sur leurs motivations concernant l’aide à la personne de mettre un peu d’ordre dans leurs idées, il y a les règles déontologiques, le secret professionnel, le non jugement de valeur que l’on trouve dans les associations caritatives, lecture des écrits par un cadre hiérarchique, etc..... on aide pas son voisin comme on soutient une personne en difficulté, l’objectif étant que l’accompagnement doit se conclure par une fin d’intervention parce que l’accompagné n’a plus besoin de soutien, cela ne s’improvise pas, loin s’en faut

  • Charité pitoyable qui se paie du pauvre et camaraderie, à la hoareau, sans pitié mais respectueuse de la fierté noble des gens qui souffrent , solidaire dans la lutte contre les pitoyables charitables impitoyables, deux choses opposées. . ...