Italie : Le G8 sur un volcan

de Dominique Dunglas à l’Aquila

Le G8 qui se déroulera à L’Aquila du 8 au 10 juillet ne ressemblera pas à ceux qui l’ont précédé. Oubliés les décors somptueux : c’est dans une immense caserne enfoncée dans une vallée ravagée par un terrible séisme en avril que vont se réunir 23 chefs d’Etat ou de gouvernement. Et ce ne sont pas les plaques de gazon déposées à la hâte ou un coup de pinceau qui transformeront la citrouille en carrosse. Les suites présidentielles ont été aménagées dans deux immeubles qui fleurent la colonie de vacances, la salle plénière est installée dans le gymnase et la salle de presse... dans la piscine.

« En cette période de crise et après le tremblement de terre, je veux lancer un message de sobriété », avait déclaré Silvio Berlusconi le 24 avril en annonçant le transfert à L’Aquila d’un G8 initialement prévu en Sardaigne.

Le Cavaliere était alors au sommet de sa popularité grâce à la bonne gestion du séisme - 290 victimes -, à son omniprésence sur le terrain et aux promesses d’une reconstruction rapide. Initiative « folle mais géniale » , le G8 au milieu des ruines serait pour les Abruzzes un nouveau départ.

Deux mois plus tard, tout a changé.Les 60 000 sans-abri, dont 25 000 encore dans des tentes, redoutent que, par manque de financement, les travaux s’éternisent. Pataugeant dans la boue et entassés dans des tentes où il fait jusqu’à 40 °C, ils vivent mal la présence massive des forces de l’ordre. Davantage que les altermondialistes, ce sont désormais les manifestations de la population locale que redoute le gouvernement.

Sur le sommet planeront également les silhouettes de Noemi, Patrizia ou Barbara. Car nul n’ignore plus rien des frasques sexuelles du président du Conseil, qui devra affronter les sourires goguenards. En espérant que ça en restera là. En effet, l’enquête sur le réseau de prostituées impliquant le Cavaliere continue. En novembre 1994, alors qu’il présidait à Naples un sommet de l’Onu sur la criminalité, il avait été mis en examen pour corruption. Son cauchemar est de revivre la même humiliation à L’Aquila.

Enfin, un invité risque de surgir à l’improviste : le tremblement de terre. Loin de s’atténuer, les répliques ont repris en intensité. Lundi 22 juin, une secousse d’amplitude 4,6 a fait replonger la population dans l’angoisse. « La caserne peut supporter des séismes supérieurs à tous ceux que la région a connus », a déclaré le directeur de la protection civile. Certes. Mais les services de sécurité américains ont mis sur pied un plan pour évacuer Barack Obama à l’alerte la plus minime.

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