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Terrain vague, ONG et misère ? Où ? Ds la ville lumière !

Publie le mercredi 8 juillet 2009 par Open-Publishing
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Une errance

La justice française et les pauvres, suite. On avait déjà eu droit aux SDF et aux militants contre le mal-logement poursuivis et condamnés (avant d’être relaxés en appel) pour avoir installé un campement de tentes de mal-logés en plein cœur de Paris – ces miséreux étant assimilés par la justice à des dépôt clandestins d’objets encombrants (relire ici ou là). Comme quoi, rien n’évolue : hier, dans une affaire similaire, ce fut au tour de Médecins du monde de comparaître en référé devant le tribunal de grande instance de Bobigny (banlieue parisienne) pour occupation illégale d’un terrain appartenant à l’Etat.

Cette fois, il ne s’agit pas d’une rue dans le chic quartier de l’Opéra Garnier, mais d’un terrain vague misérable situé en contrebas de l’autoroute A86 (qui traverse la banlieue parisienne) à hauteur de Saint-Denis, le long des quais de Saint-Ouen. A cet endroit, fin mai, l’association a érigé six tentes. Dans ce campement d’urgence, pareil à ceux que l’ONG humanitaire a installés au Darfour ou au Kosovo, sont hébergés une centaine de Roms. Ils ont fui le hangar pouilleux de Bobigny où, après avoir été expulsés de toutes parts par les municipalités environnantes, ils s’étaient réfugiés. Avant que ces lieux soient ravagés par un incendie fin mai, un enfant de 10 ans perdant la vie dans le brasier.

La préfecture de Seine-Saint-Denis poursuit l’ONG car elle est bien décidée à lutter contre l’installation « de véritables bidonvilles » de gens du voyage. Ce département assure accueillir déjà sur son territoire « plus d’un tiers des Roms de la région » parisienne. Selon lui, « ces populations s’installent sur des terrains ou friches industrielles mal sécurisés, encore très nombreux et font l’objet d’évacuations régulières depuis plusieurs années. Cette situation, qui ne cesse de s’amplifier, pose non seulement des problèmes en matière de sécurité et d’ordre public, mais également en matière d’insalubrité tant les conditions de vie dans ces camps sont dégradées ».

L’association rétorque que, les départements étant si nombreux à ne pas respecter la loi de 2000 leur imposant de mettre des aires d’accueil à la disposition des gens de voyage, il faut bien que ceux-ci s’installent quelque part, a fortiori quand ils sont confrontés à des situation d’urgence. « Face à la mise en danger des personnes (…), la seule réponse de l’Etat est une assignation en justice », fulmine Médecins du Monde. « Etat, collectivités locales et territoriales se renvoient en permanence la responsabilité de cette situation. De bidonville en bidonville, après chaque évacuation, les familles Roms sont condamnées à une vie d’errance car aucune solution adaptée et globale n’a été trouvée pour leur apporter dignité et stabilité. Ces expulsions répétées, sans solution de relogement, entraînent un épuisement, des ruptures de soins et de suivi médical, notamment pour les femmes et les jeunes enfants ».

Treize associations (dont la Fondation Abbé Pierre, le Secours Catholique ou la Ligue des droits de l’homme) ont apporté leur soutien à Médecins du Monde. Ont réclamé l’arrêt immédiat des poursuites contre l’ONG ainsi que le relogement sans délai de tous les Roms concernés, afin que cesse cette insupportable errance. D’après le blog du campement, sous ce pont d’autoroute à quelques kilomètres à peine de la Ville Lumière, on trouve « une femme ayant eu une césarienne (et) suivie pour surinfection de sa cicatrice, un bébé de deux mois en attente d’une intervention chirurgicale pour problèmes cardiaques, un bébé de trois mois (ayant) récemment subi une intervention chirurgicale pour pieds bots, une femme hospitalisée en service psychiatrique pour syndrome post traumatique et deux nouveau-nés âgés d’une semaine, (dont) un bébé né prématuré (et) âgé de six semaines ».

http://parislibre.lalibreblogs.be/archive/2009/07/07/une-errance.html

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