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Chatellerault : Des salariés menacent de faire sauter leur usine

Publie le dimanche 12 juillet 2009 par Open-Publishing
13 commentaires

"Les bouteilles de gaz sont dans l’usine. Tout est prévu pour que ça saute" s’il n’y a pas d’accord au 31 juillet stipulant que chaque salarié recevra 30.000 euros, déclare le délégué CGT de l’usine New Fabris à Chatellerault.

Les 366 salariés de New Fabris à Chatellerault dans la Vienne, en liquidation judiciaire, ont menacé de faire sauter leur usine au 31 juillet s’ils n’obtiennent pas 30.000 euros d’indemnité par employé de leurs principaux clients, PSA et Renault, a-t-on appris de sources syndicales le dimanche 12 juillet. L’entreprise travaillait à 90% pour les deux constructeurs automobiles.

"Les bouteilles de gaz sont dans l’usine. Tout est prévu pour que ça saute" en l’absence d’accord au 31 juillet stipulant que chaque salarié recevra 30.000 euros de PSA et Renault, a déclaré Guy Eyermann, délégué CGT et secrétaire du CE.

"On ne va pas laisser PSA et Renault attendre août ou septembre pour récupérer les pièces en stock et les machines encore dans l’usine" s’est insurgé le syndicaliste."Si, nous, on n’a rien, eux n’auront rien du tout", a-t-il ajouté.

Rendez-vous au ministère de l’Emploi
Trois cars, soit environ 150 salariés, se sont rendus mardi dernier à la direction de PSA pour tenter de négocier l’indemnité. Une délégation similaire ira à la direction de Renault jeudi prochain, a ajouté Guy Eyermann. Un rendez-vous au ministère de l’Emploi est également prévu le 20 juillet.
Les salariés de New Fabris occupent leur usine depuis le 16 juin, date de la mise en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Lyon.
Société familiale à l’origine, New Fabris a été reprise début 2008 par le groupe italien Zen, spécialisé dans la mécanique de précision et l’usinage en sous-traitance automobile.
Le groupe Zen, implanté dans le nord de l’Italie à Padoue emploie 600 salariés.
Il déclare un chiffre d’affaires de 100 millions d’euros.

http://tempsreel.nouvelobs.com/actu...

Messages

  • Bizarre...quand on planifie un tel projet (sic ! ! !) on en parle pas quinze jours à l’avance...

  • L’abbbruti du 17h47, me copiera 90,255 x les articles suivants :

     "Fabris" 366 licenciés, "la prime ou le feu"

      C’est chez les donneurs d’ordres qui ont bénéficié des aides d’État, chezRenault et PSA qu’il faut aller

    ensuite il ou elle se désolera avec les fondeurs des Ponts de Cé

    P853866D709341G_apx_470__w_ouestfrance_.jpg

    , puis reprendra espoir avec ceux de laSBFM de Caudan (Lorient 56)

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    et pour abréger, on crachera presque tous ensemble sur la bande à Sarko-Parisot (déléguée à la précarité)-Garro Florindo, (escroc) proprio deZEN qui crâment les salarié)e(s de

     Fabris

     Rencast

     SBFM

     Florence et Peillon sans parler de l’Italie, l’Espagne et même l’Iran...

    • Trucs et astuces pour fermer une usine
      PLANS SOCIAUX . Planification de la non-rentabilité d’une usine, stratagèmes pour diminuer l’impact d’une grève… Les entreprises rivalisent d’ingéniosité pour mettre en oeuvre leurs restructurations.

      « Les restructurations conjoncturelles ont cédé la place à des restructurations de compétitivité, dictées par une quête permanente de la performance. » Spécialiste des plans sociaux à la Reims Management School, Rachel Beaujolin-Bellet plante le décor : « Les restructurations sont à présent une méthode de gestion bien intégrée dans le management des entreprises. » « Mais malgré cette banalisation, la loi continue d’exiger une justification économique aux licenciements, poursuit l’experte. Depuis l’affaire Danone, les entreprises sont donc contraintes d’“habiller” leur décision, de construire un argumentaire pour éviter le tribunal et rendre les licenciements socialement acceptables. » En ce moment, la crise fournit un argumentaire clés en main, et ouvre la voie à des restructurations radicales pouvant aller jusqu’à la fermeture de sites. Mais ces opérations très sensibles sont toujours préparées dans la plus grande discrétion, parfois des années auparavant. La manière la plus simple de renforcer la « légitimité » d’un plan social est de mettre le site réellement en difficulté. Il existe ainsi tout un éventail de techniques qui permettent d’organiser en amont la non-rentabilité d’une usine, de l’asphyxier jusqu’à ce que la restructuration apparaisse comme inéluctable. « Dans ce cadre, les désinvestissements, les transferts de marge et les divers jeux d’écriture dans les comptes sont très courants », estime Rachel Beaujolin- Bellet. Après l’annonce d’une restructuration, d’autres méthodes peuvent également être mises en oeuvre pour limiter l’impact d’une grève, comme la constitution de stocks ou la duplication de la production sur un autre site. Ces opérations sont complexes à réaliser, mais les risques sont limités pour les entreprises. D’après une étude de la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (DARES) publiée en 2005, la justice n’intervient que dans 4% des cas. Certes, les syndicats qui ont des doutes sur la pérennité d’un site peuvent aussi déclencher le « droit d’alerte ». « Mais cela ne marche quasiment jamais », déplore Rachel Beaujolin-Bellet. Reste ce que la chercheuse appelle « l’apprentissage collectif ». En effet, à force d’être confrontés à des plans sociaux brutaux, salariés et syndicalistes parviennent de plus en plus à dépister les manoeuvres de leurs patrons. M. F.

      DONNER LES COMMANDES À UNE AUTRE USINE Cette méthode fonctionne à merveille dans toutes les entreprises où les commandes sont affectées aux sites en fonction de leurs coûts de production. Son principe est simple : c’est un cercle vicieux. Moins l’usine est rentable, moins la direction lui attribue de production. Et moins l’usine produit, moins elle est rentable. Tout cela semble parfaitement logique sur le papier, et hop, la direction n’a plus qu’à clouer le cercueil. Selon un proche du dossier, « un tel système existait chez Areva, qui a fermé successivement ses sites de Saint-Ouen et Montrouge en 2006 et 2008 ». L’utilisation de cette technique a cependant causé quelques soucis au géant de l’énergie. En 2006, au moment où l’usine de Saint-Ouen a été privée de commande, se retrouvant ainsi en sous-activité, les autres usines d’Areva, incapables d’absorber le surplus de commandes, ont connu de gros problèmes de surcapacité. « En cessant d’attribuer des commandes au site de Saint-Ouen, la direction s’est loupée, estime l’expert. Car au moment de la fermeture de l’usine, elle s’est retrouvée avec des commandes sur les bras. Elle a finalement été obligée de créer au plus vite des capacités de production en Allemagne. La fermeture de Saint-Ouen est donc un véritable gâchis. » Une fois la production lancée en Allemagne, Areva n’a par contre eu aucun problème pour retirer des commandes au site de Montrouge, qui a été fermé à l’été 2008. METTRE (BEAUCOUP) D’ARGENT DE CÔTÉ Le terme technique est « provisionner ». Cette méthode, qui consiste à sortir de l’argent des comptes l’année précédant le plan social, présente un double avantage. D’abord, elle permet de financer la restructuration sans alourdir les comptes, grâce à l’argent mis de côté l’année d’avant. Ensuite, elle aide à faire apparaître la restructuration comme « légitime », dans la mesure où les résultats du dernier exercice sont grevés par la ponction. Peugeot-Citroën a fait le coup en janvier 2009, au moment de la présentation de ses résultats 2008. Pour la première fois en dix ans, le groupe a affiché une perte nette de 343 millions d’euros. Sauf que le constructeur automobile, en réalité bénéficiaire, a lui-même créé ses pertes en provisionnant 917 millions d’euros pour l’année 2009. « C’est un jeu d’écriture qui vise à noircir le tableau pour pouvoir faire pression sur les salariés », estime Jean-Pierre Mercier délégué central CGT chez PSA. Quant à la somme provisionnée, « plus de 500 millions d’euros serviront à financer en 2009 les licenciements chez PSA et les fermetures de sites de sa filiale Faurecia ». En janvier, lors de la présentation des résultats de PSA, Isabelle Marey-Semper, la directrice financière, a lancé à la foule : « Nous aurions pu vous présenter des comptes beaucoup plus jolis mais nous ne l’avons pas fait. » En omettant de préciser que, pour une entreprise, il est parfois de très bon aloi d’avoir les compteurs dans le rouge. Surtout quand elle veut licencier juste après. TRANSFÉRER LES PROFITS VERS D’AUTRES USINES On l’appelle aussi le « transfert de marge ». C’est l’un des moyens les plus retors d’organiser la non-rentabilité d’un site, pour pouvoir mieux le fermer ensuite. Il consiste à donner les bénéfices d’une usine A à une usine site B, appartenant au même groupe. Pour ce faire, le site A vend à prix coûtant ses produits au site B. Ensuite, le site B vend ces produits sur le marché, à leur prix réel. C’est donc le site B qui réalise la marge bénéficiaire, tandis que le site A, bientôt promis à la fermeture, voit son chiffre d’affaires fondre à vue d’oeil… Le problème pour les salariés et les syndicats, c’est qu’un transfert de marge est le plus souvent impossible à prouver devant un tribunal. D’autant plus si l’entreprise a beaucoup de flux internes, que ce soit des transferts d’argent ou de marchandises. Car, dans ce cas, la direction peut encore plus facilement dissimuler le transfert de marge dans son bilan comptable. « Les résultats d’exercice sont un construit social. On peut en faire dix différents pour une seule entreprise », rappelle Rachel Beaujolin-Bellet, professeure à la Reims Management School. NE JAMAIS AVOUER ET NIER EN BLOC JUSQU’AU JOUR J C’est la règle d’or : ne jamais avouer qu’on prépare un plan social. Et, si les syndicats ont la puce à l’oreille, ne pas hésiter à mentir comme un arracheur de dents. De toute façon, ce n’est pas illégal. Champion toutes catégories du gros pipeau : les gérants de Michelin. Alors que, depuis le début de l’année, l’industrie du pneu est sinistrée – Continental, Goodyear, Pirelli : tout le monde y passe – la direction de la marque au Bibendum a continué de faire comme si de rien n’était. Une omerta qui a duré plusieurs mois, jusqu’à l’annonce à la mi-juin de 1 093 suppressions d’emplois… Et là encore il s’agissait d’une sornette, puisque les salariés ont réalisé mercredi dernier que la direction leur mijote en réalité un plan d’environ 3 000 suppressions d’emplois. Mais une restructuration de cette ampleur est tout de même difficile à planquer sous le tapis. « Des nombreuses rumeurs couraient dans la boîte depuis le début de l’année », confirme Jérôme Lorton, secrétaire SUD du comité d’entreprise de Michelin. « Le 31 mars dernier, nous avons interpellé un des gérants, Jean-Dominique Sénart, qui nous a fait un grand numéro d’acteur. Il nous a dit qu’il ne comprenait pas, qu’il n’y avait pas de restructurations prévues en France. Le 15 mai, lors de l’assemblée générale des actionnaires, Michel Rollier, un autre gérant de Michelin, a continué à nier. » Pour le syndicaliste, pas de doute, l’objectif de la direction était « d’empêcher les employés de s’organiser à temps ». DUPLIQUER LA PRODUCTION AVANT LA FERMETURE On appelle ça « cloner une usine ». Avant la fermeture d’un site, la direction ouvre ailleurs une usine jumelle qui produira exactement la même chose et pourra ainsi prendre rapidement le relais. L’exemple récent le plus fameux est celui de l’usine de connectique Molex à Villemur- sur-Tarn (Haute-Garonne). Le 20 avril, les employés de Molex, en grève contre la fermeture de leur établissement, ont séquestré deux de leurs dirigeants. Une flambée de colère déclenchée par la découverte d’une note interne intitulée « Risque et sécurisation ». Anticipant un « risque fort de débrayage », la direction avait mis en place une production similaire aux États-Unis. Depuis, les salariés ont mené leur enquête. « Cela fait trois ans que la direction prépare la fermeture et le clonage de la production, raconte José, employé depuis trente ans chez Molex. À partir de 2006, huit cadres ont photographié nos outils et recensé nos méthodes de travail. Depuis que nous avons découvert le pot-aux-roses, ces cadres n’ont pas remis les pieds à l’usine. Cela vaut probablement mieux pour eux. » Ainsi, alors que la fermeture n’aura lieu qu’en octobre, une usine américaine à Lincoln (Nebraska) produit déjà les mêmes pièces que l’usine de Villemur-sur-Tarn. Mais « cloner » une production, ce n’est pas si simple. On peut dupliquer les machines, reproduire les méthodes… mais pas le savoir- faire des ouvriers. « Les Américains ont quelques petits problèmes dans la réalisation des pièces », ironise Denis Parise, délégué CGT. D’après lui, « il y a déjà eu une cinquantaine de réclamations pour non-conformité ». LAISSER VIEILLIR L’USINE ET DIMINUER LES INVESTISSEMENTS Une technique bien rodée, mais lente à mettre en oeuvre. L’idée est de laisser vieillir les installations d’une usine et de diminuer les investissements, afin d’entraîner une chute progressive de son chiffre d’affaires. Exemple : le site ArcelorMittal de Gandrange. Pour Alain Grenault, ancien directeur des installations, le plan social annoncé en 2008 a probablement été mûri dès 2005, date à laquelle ArcelorMittal a commencé à lui couper les vivres. « À l’époque, certaines décisions m’avaient semblé aberrantes. Elles trouvent un sens aujourd’hui, si l’on considère que le site était déjà condamné par la direction », explique le patron, évincé du groupe en 2005. « En 2003 et 2004, nous avions eu une bonne rentabilité, poursuit-il. Pourtant, peu après mon départ, certains investissements prévus pour le deuxième semestre 2005 n’ont jamais été réalisés. C’étaient des investissements lourds, vitaux pour la pérennité de Gandrange, qui comprenaient notamment le remplacement de deux des trois chaudières à vapeurs. Sans ces installations, qui permettent de fabriquer des aciers de qualité, le site s’est retrouvé contraint de produire des métaux courants. C’était suicidaire, car le haut de gamme était la seule voie de rentabilité pour le site. » Associé à une pyramide des âges très défavorable et à une perte des savoirs-faire due aux départs en retraite non remplacés, ce désinvestissement a ouvert la voie à la fermeture de l’aciérie en avril dernier. FAIRE UN STOCK DE SECOURS EN PRÉVISION DE LA GRÈVE Un grand classique. Il permet d’éviter à la direction d’éviter de se retrouver fort dépourvue lorsque la grève sera venue. Cette technique est beaucoup plus facile à mettre en oeuvre que la duplication de la production, mais elle est moins discrète. Car quand les ventes chutent mais que la production reste stable, les employés commencent généralement à se poser des questions. C’est le cas des syndicats de l’usine Unilever à Compiègne (Oise), où sont embouteillés les shampooings Dove, Timotei et Sunsilk. « En février, nous avons constaté une baisse de 20 % des ventes, alors que les volumes produits n’ont baissé que de 5% à 10% », raconte Bruno Dauguet, délégué FO du site. « Le directeur nous a assuré qu’il ne faisait pas de réserves. Mais c’est très difficile de contrôler les dépôts, et de faire la différence entre le flux et le stock. » Chez Unilever, aucun nouveau plan social n’a encore été annoncé. Mais cela pourrait venir vite. « Après quatre PSE, on sent qu’un cinquième est en préparation. Une annonce pourrait même avoir lieu début juillet », révèle Raymond Beaujin, délégué syndical central FO. LAISSER LE CONTRIBUABLE PAYER L’ADDITION La plus sophistiquée de toutes les techniques : mettre volontairement un site en liquidation judiciaire. « C’est un procédé complètement immoral, estime Jacques Vaunois, avocat spécialisé dans le droit du travail. Car, quand une liquidation est prononcée, c’est la collectivité qui paye le plan social aux actionnaires. » Le principe est le suivant : une entreprise bénéficiaire possède une usine en difficulté. Plutôt que de tenter de la renflouer, l’entreprise peut déposer le bilan et laisser la justice prononcer le redressement, puis la liquidation judiciaire du site. Ce sont alors les contribuables qui payent salaires et indemnités aux salariés, via le fonds de garanties. Des exemples ? Les deux repreneurs de l’usine Samsonite d’Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), condamnés le 8 juin pour avoir provoqué la liquidation de l’entreprise en détournant 2,5 millions d’euros. Ou, plus complexe, le cas de l’usine Klarius à Dreux (Eure-et-Loire). Cette entreprise de fabrication de pots d’échappement et de catalyseurs a été fermée au terme d’une procédure de liquidation judiciaire en octobre 2008. Un épisode douloureux pour le bassin d’emploi : près de 240 emplois ont été supprimés et un salarié s’est suicidé, expliquant dans une lettre qu’il ne supportait pas d’être licencié. Pas de problème en revanche pour le propriétaire du site. Car, depuis le 9 juin, Klarius est de retour sur le marché hexagonal. Carlos Pires, ancien chauffeur à Dreux, ne décolère pas : « Klarius nous expliquait que le marché français ne l’intéressait pas. Mais, en réalité, ils voulaient juste liquider la boîte pour mieux s’installer ailleurs. Ils ont gardé les clients et certains cadres du site de Dreux, et ils ont ouvert de nouveaux entrepôts pour réceptionner la marchandise produite en Angleterre. C’est une délocalisation cachée derrière une liquidation judiciaire ! » Mehdi Fikri
      http://www.humanite.fr/2009-06-29_Politique_Trucs-et-astuces-pour-fermer-une-usine

    • cf tageblatt
      La menace des salariés de New Fabris de faire sauter l’usine : le précédent de Cellatex
      La menace des salariés de New Fabris de faire sauter leur usine au 31 juillet s’ils n’obtiennent pas chacun 30.000 euros d’indemnités rappelle le conflit de la filature Cellatex, en 2000, dont les salariés avaient menacé de polluer la Meuse avec de l’acide sulfurique. Le 5 juillet 2000, les 153 ouvriers de la filature de rayonne Cellatex de Givet (Ardennes) apprennent la mise en liquidation judiciaire de leur entreprise et occupent l’usine, dans laquelle se trouvent 46 tonnes de sulfure de carbone, hautement détonnant et polluant, 90 tonnes de soude forte et 56.000 litres d’acide sulfurique. Le 17 juillet, furieux de la modicité des indemnités qu’on leur propose, des ouvriers jettent dans un ruisseau semi-canalisé qui court au fond du site industriel, et qui rejoint la Meuse, 5.000 litres d’acide sulfurique coloré en rouge. Autour de l’usine, les employés de la Direction départementale de l’équipement, protégés par un cordon de CRS, réussissent immédiatement à contenir l’acide dans le petit canal, évitant ainsi toute pollution importante. Mais ce coup d’éclat, joint au risque que représente la présence dans l’usine de quantités importantes de produits dangereux, débloque les négociations, à laquelle prennent une part active le secrétaire général de la fédération CGT du textile, Christian Larose, et le responsable CGT de l’usine, Maurad Rabhi, devenu depuis l’un des dirigeants nationaux de la centrale syndicale. Un protocole d’accord approuvé le 20 juillet à l’unanimité par les ouvriers leur accorde un régime de congé de conversion de 12 mois payés à 80% pour tous. L’accord garantit le niveau de revenus des ouvriers pendant deux ans ainsi que 12 mois pour suivre des stages de reconversion. Enfin chacun reçoit une prime de licenciement de 80.000 francs (12.000 euros). Le 17 juillet 2000, lors du coup de colère des ouvriers, il leur était simplement proposé une prime compensatoire salariale de 2.500 francs (381 euros) par mois pendant 24 mois pour ceux qui trouveraient un CDI moins payé, expliquait alors le secrétaire du comité d’entreprise. Le conflit de Cellatex a fourni en 2005 la matière d’un téléfilm, "Jusqu’au bout", de Maurice Failevic.

  • Cette usine était sous la coupe réglée des donneurs d’ordres PSA et RENAULT

    Les ouvriers ne rigolent plus et cela va défriser

    Le dilemme est du coté des trusts automobiles

    Soit ils payent, soient ils perdent 50000 collecteurs d’échappements vendus
    265e pièce et dont le prix de revient à la sortie de fabrication est de 9e, la différence allant dans la poche des dits donneurs d’ordres

    Je vous laisse faire le calcul

    Donc cette demande de prime supralégale est plus que justifiée et finançable immédiatement

    les ouvriers n’ont plus rien à perdre PSA et RENAULT CI

  • À Châtellerault, les 366 salariés de Fabris, en liquidation judiciaire, contre-attaquent. Ils menacent de détruire les stocks si Renault et PSA ne leur versent pas 30 000 euros de prime.

    Châtellerault (Vienne),

    envoyés spéciaux.

    Tout va très bien, monsieur le président. Quand fin mars Nicolas Sarkozy est venu à Châtellerault (Vienne) soliloquer sur les « mesures prises par le gouvernement pour faire face à la crise », les milliers de manifestants ont été tenus à bonne distance et, parmi eux, les centaines de métallos de Fabris, l’équipementier appartenant, comme la SBFM et les fonderies Rencast, au petit conglomérat italien Zen, alors placé en redressement judiciaire, ont fini dispersés préventivement à coups de gaz lacrymogène. Le 2 juillet dernier, quelques jours à peine après sa désignation au poste de commissaire régional à la réindustrialisation, Stéphan de Bossoreille de Ribou visite les bâtiments de ce sous-traitant de Renault et PSA, mis en liquidation judiciaire mi-juin. Climat cordial : « ni cris, ni sifflets, ni injures », rapporte le quotidien local et, de son côté, le représentant du gouvernement fait mine de ne pas voir une des machines livrée aux flammes à l’entrée de l’usine.

    Depuis cinq semaines bientôt, entre 150 et 200 ouvriers (sur 366 au total) continuent d’occuper leur ancienne boîte. Jour et nuit, ils se relaient en équipes, comme quand ils travaillaient dans un raffut de tous les diables. Aujourd’hui, ils tuent le temps en silence, un calme rompu parfois par une exclamation de victoire à la belote ou un toast à l’apéro. Dans les allées de leur usine assoupie, des ombres déambulent à pas lents autour de leur « trésor de guerre », un stock de plus de 50 000 collecteurs d’échappement destinés à Renault et à PSA que les salariés en lutte veulent monnayer contre une prime « supralégale » de 30 000 euros par tête de pipe. Et à la nuit tombée, quand le noir broie tout sur la zone industrielle, des bûcherons amateurs abattent les peupliers un par un, à la lisière de l’usine. D’autres installent théâtralement des bombonnes de gaz sur le toit des bâtiments. Une vieille camionnette taguée de revendications part en fumée sur la pelouse. Mais à part ça, monsieur le président, tout va très bien : jeudi, lors d’une assemblée générale, les salariés ont accepté de repousser au 31 juillet leur ultimatum, initialement fixé au 15 (lire l’Humanité du 10 juillet), et, faute d’accord sur leur revendication, ils pourraient faire sauter leur usine.

    Déjà licenciés, pas chômeurs pour la plupart mais « adhérents » du contrat de transition professionnelle (CTP), le dispositif de traitement social du chômage étendu par le gouvernement à certains bassins, comme celui de Châtellerault, particulièrement frappés par la crise, les métallos de Fabris voient l’avenir en gris cendré, forcément. Sur une aire de repos dans les ateliers, un des ouvriers s’indigne : « Tout était prévu. Le 16 juin, on passait au tribunal de commerce pour la liquidation judiciaire et, dès le lendemain, les lettres de licenciement partaient. Là, on nous fout dans le CTP, mais après, on fait quoi ? Ils ne font même pas semblant de nous garantir un emploi dans les douze mois. Ils ont un an pour nous effacer du paysage. » Secrétaire CGT du comité d’entreprise de Fabris, Guy Eyermann lampe son café, et s’étonne : « Même le préfet nous dit que le CTP, c’est juste l’indemnisation un peu meilleure que le chômage. Moi, je vais le signer, ce contrat, parce que, pour critiquer une merde, il vaut mieux avoir les deux pieds dedans… Mais dans un an, ils vont nous entendre quand on n’aura pas de boulot ! »

    D’ici là, les Fabris tentent d’arracher le principe d’une prime payée par les constructeurs français, PSA et Renault, comme cela a été gagné chez Rencast. « Sarkozy prétend lutter contre la désindustrialisation, observe Christian Paupineau, délégué du personnel CGT et salarié depuis vingt-neuf ans dans l’usine. Mais ce ne sont que des gesticulations : ce qui se passe aujourd’hui dans l’automobile, ça reste largement invisible, mais c’est l’équivalent du démantèlement du textile et de la sidérurgie. On connaît les responsables, ce sont les donneurs d’ordres. PSA et Renault nous ont lâchés malgré la montagne d’argent public qu’ils ont reçue… Alors ils signent des chartes dans lesquelles ils promettent d’aider les équipementiers, mais derrière, ce sont les licenciements qu’ils financent… Et encore, pour nous, ils ne veulent même pas : pendant des années, ils ont piqué les maigres profits qu’on pouvait faire et là, ils font encore la loi, jusque dans notre mise à mort. » Sous couvert d’anonymat, un ancien membre de l’équipe dirigeante de Fabris confie : « Il y avait au moins un candidat à la reprise qui pouvait paraître sérieux, mais les constructeurs ont fait pression pour qu’à la dernière minute il retire son dossier au tribunal. Dans la crise, Renault et PSA sont en train de restructurer tout le secteur des équipementiers ; ils ont droit de vie ou de mort, et ils l’utilisent sans état d’âme… Après nous avoir demandé des rétrocessions de productivité de 3 % par an, ils nous enterrent. »

    Victimes de cette politique de la terre brûlée, les 366 salariés de l’équipementier automobile de Châtellerault regardent les rapaces rôder autour de l’usine. Il y a une dizaine de jours, lors d’une manif dans les rues de la sous-préfecture, ils ont découvert, avec stupeur, le prix facturé au client pour l’un des collecteurs qu’ils fabriquaient : 265 euros. Mains sur les cageots de pièces usinées, Christian Paupineau et Guy Eyermann s’exclament : « Nous, on achetait le brut de fonderie à 6 euros et, après usinage chez Fabris, on revendait la pièce pour 9 euros. Comme quoi, du pognon, il y en a, dans les caisses de Renault et PSA. C’est là qu’on doit taper ! » Après un premier déplacement chez Peugeot à Poissy, mardi dernier, les Fabris feront le siège de Renault à Boulogne-Billancourt jeudi prochain. Jusqu’ici tout va très bien.

    Thomas Lemahieu

     l’Humanité du 13 juillet 2009

  • Ambiance tendue, jeudi soir, au conseil municipal de Châtellerault. Secrétaire du CE de Fabris, Guy Eyermann, venu avec une dizaine de militants CGT, interpelle vivement Jean-Pierre Abelin, le député-maire (Nouveau Centre) : « Depuis la mise en liquidation judiciaire, même pas un coup de fil ! Sur le journal, on vous voit faire la chenille dans les fêtes, mais pour nous, vous n’êtes jamais là. » Et un brin embarrassé, le maire évoque son action « pas médiatisée » pour faire venir des PME. Élu communiste au conseil municipal, Jean-Claude Monaury demande, lui, l’organisation d’une table ronde avec Renault et PSA. Pour leur malheur, les « Fabris » mesurent les différences avec leurs « cousins » de la SBFM à Caudan (Morbihan). Intégrés les uns comme les autres dans le groupe italien Zen, ils se sortent de façons très différentes de leurs déboires récents : alors que la SBFM vient d’être réintégrée dans le giron de Renault (lire l’Humanité du 1er juillet), Fabris finit à la casse.

     l’Humanité du 13 juillet 2009

  • Je ne comprend pas... Pourquoi ils n’essaient pas l’autogestion, plutôt ?

  • A Mesdames et Messieurs les salariés de NEWFABRIS,

    Permettez moi dans ces moments difficiles pour vous, où vous pouvez vous sentir seuls, de vous adresser mes plus sincères encouragements.

    Votre stratégie de mise en œuvre d’un rapport de force par des moyens radicaux est la bonne.

    D’une part parce que c’est tout simplement une légitime défense face à la violence de notre système.

    D’autre part parce que c’est la seule façon d’atteindre vos objectifs car contrairement à ce que l’on prétend, actuellement le seul dialogue

    La preuve en ce moment on vous endort avec des balivernes (PSA et Renault qui ne pourraient rien,Etat pas responsable, etc...).

    En tant qu’avocat spécialisé dans la défense des salariés, j’ai déjà eu l’occasion de suivre et d’engager des actions dans des conflits similaires aux votre.

    Les plus connus sont les fermetures des usines CELLATEX et THOME-GENOT (équipementier auto).

    Là aussi on nous avait trimballé au ministère (il faut plutôt exiger que le ministre se déplace !).

    Dans ces conflits, les salariés avaient aussi utilisé la menace que vous utiliser aujourd’hui.

    A l’époque de CELLATEX, certains journalistes, parfaitement à côté de la plaque, avaient même qualifié cela de « social terrorisme » !

    Pourtant, je reste intimement persuadé que s’ils n’avaient pas agit de la sorte, ils n’auraient strictement rien obtenu.

    C’est une certitude.

    Par exemple chez THOME GENOT, après la liquidation et l’actionnaire en fuite, c’est cette détermination qui a permis au bout d’un long bras de fer que les pouvoirs publics versent à chacun 25 000 €.

    Ensuite, le maintien de cette mobilisation nous a permis d’obtenir 25 000 € pour chacun de plus au prud’hommes outre des poursuites pénales contre les anciens dirigeant (5 ans fermes requis avec un délibéré en septembre).

    Encore une fois, c’est peut être regrettable mais c’est comme cela, l’Etat, la Région et le Département n’aurait rien versé s’ils n’avaient pas ressenti un réelle danger.

    En espérant que ces quelques lignes puissent modestement vous apporter du courage car il en faut pour faire ce que vous faite.

    Fraternellement.

    Xavier MEDEAU
    scplm08@yahoo.fr