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Ecologie - taxe carbone - Rocard

Publie le mardi 28 juillet 2009 par Open-Publishing
4 commentaires

Nous vivons, jusqu’au cauchemar, un temps où le capital, « gestionnaire autoproclamé de la planète, donne libre cours à sa loi constitutive : la subordination sans frein des sujets humains à sa Majesté le taux de profit ». (1)

Partout les méthodes de management des grands groupes financiers corrodent les âmes comme les corps : « l’obésité déferle chez les mal-payés de la terre en même temps que la faim tenaille près d’un milliard d’humain » (2)

Partout la violence et la répression sont devenues les moyens de régulation de ce système.

Des vies entières sont brisées, broyées, par le stress, le chômage, la désocialisation, les délocalisations, les fins de mois impossibles

« La dictature du fric est en train d’asphyxier l’humanité »(3)

Nous savons aussi que cette dictature n’est pas sans liens avec la montée de tous les intégrismes religieux, et tous les extrémismes dont le terreau principal est la misère humaine.

La planète ne se réchauffe pas que du seul point de vue climatique !

Les crises, les révoltes violentes se multiplient partout.

Reconnaître que la mondialisation, l’empire du marché et de la finance est « porteuse de la violence comme la nuée est porteuse de l’orage » n’a rien à voir avec une théorie du complot planétaire : c’est tout simplement une réalité.

Violence faite aux hommes et femmes de ce monde, violence faites aux peuples, mais aussi violence faite à la planète.

Car si l’homme est bien la première victime de ce système, la planète en est la seconde. Elle aussi est saccagée par la loi du profit sans rivage.

La cause écologique est heureusement entrée en action.

Mais l’homme et la planète, ces deux causes, sont intimement connexes.

« Rendre la vie invivable appelle autant à s’insurger que rendre la planète inhabitable »(4).

Pourtant ces deux causes connaissent une insupportable inégalité dans le traitement médiatique et politique.

Le film « Home » financé par le groupe PPR (Pinault, Printemps, La Redoute) a eu droit à une diffusion mondiale gratuite mais à grand frais publicitaires, alors que des films tels que le documentaire accablant de Paul Moreira « mourir au travail » n’ont droit qu’à une diffusion confidentielle.

Pourquoi ?

Sarkozy peut dire que c’est « Home » est son film préféré.

Alain jupé peut écrire un livre « fondateur » dans lequel il jure qu’il ne mangera plus de cerise en hiver.

Les classes dominantes ont toujours su protéger et leurs intérêts financiers et leur environnement.

Il suffit de comparer les quartiers ouest de Paris à ceux de l’est. Les riches n’ont jamais vécus dans les endroits les plus pollués. Ils avaient, ils ont, depuis longtemps, les moyens de choisir leur environnement, de vivre dans la verdure de manger bio et diététique et surtout d’avoir une empreinte écologique très forte. Dans ces milieux, on n’hésite pas à prendre l’avion pour une soirée mondaine à Dubail ou à Monaco, ni à acheter une maison au coup écologique pharaonique sur l’ile artificielle « the Pearl » au Qatar.

Les classes sociales ne sont pas toutes à égalités devant le désastre écologique.

Mais quand les saccages écologiques atteignent de façon globale l’air qu’on respire tous, que pointent des bouleversements climatiques majeurs qui nous menacent tous, alors tout ce beau monde trouve comme par miracle des accents pathétiques pour nous dire de mettre la main au porte-monnaie pour une taxe carbone qui les pénalise d’autan moins qu’ils ont placé leurs capitaux « aux paradis ».

Pour obtenir le consentement il faut créer la confusion.

Le présentateur vedette du JT qui gagne des fortunes, et fréquente ce beau monde, qui chaque jour, en toute liberté, argumente avec zèle pour défendre les régressions sociales, la fatalité des bas salaires, les délocalisations justifiés par une concurrence d’origine divine, n’a pas besoin de consigne pour mettre à l’honneur les vedettes consensuelles du discours écologique. C’est naturellement qu’il fait ses choix, seuls ceux qui évitent de prendre position clairement contre la logique du taux de profit auront suffisamment accès à l’antenne, seuls les habilités ceux qui manipulent des concepts assez flous, comme la technoscience, les modèles de développement productivistes, la spirale des excès, le tout marché, le laisser faire du libéralisme ect…seront reconnus comme gourou de l’écologie moderne. Pour être un parleur écouté et reconnu, comme le triste Michel Rocard, il ne faut ne jamais prononcer cette horreur ringarde : « taux de profit », ne jamais mettre en cause les institutions de domination du capitalisme mondial, le FMI, l’OMC, le traité de Lisbonne en démontrant leur collusion, sous peine de mise hors jeu. Flous, restez flous, soyez un bon confusionniste, comme Cohn-Bendit, demandez à taxer le carbone y compris sur l’électricité qui n’en produit pas, ce qui revient à taxer l’énergie et non pas le carbone ; et vous serez alors le chouchou des médias. Votre discours dénonciateur peut même avoir le goût d’une certaine radicalité, vous pouvez sans trop de dégâts dénoncer un système qui broie les individus, annoncer l’imminence de la catastrophe , si comme Euro écologie vous ne dénoncez pas le traité de Lisbonne, si vous ne dénoncez pas le grand marché transatlantique qui se prépare, alors vous êtes au moins en partie récupérable par le capital pollueur car vous le laisser agir sans entrave suivant ses règles, il peut même trouver là une opportunité pour faire de nouvelles affaires, vendre des ampoules basse consommation, organiser un marché européen industriel et juteux de production d’éolienne, de panneaux solaires, et promouvoir une croissance verte, un capitalisme vert etc. en s’appuyant sur les traités internationaux, européens et mondiaux qui livrent les biens communs de l’humanité aux intérêts du privé.

Ces traités, ces organismes ont été faits pour éloigner les peuples de la compréhension des enjeux et donc de leur possibilité d’intervention, ce sont de véritables prisons institutionnelles qui mettent les peuples hors course.

Comment s’étonner alors du taux d’abstention record ?

En revanche si vous mettez au centre de votre discours la vie des gens, vous n’êtes pas récupérable par les véritables pollueurs, car vous mettez alors en accusation directe la gestion par le profit privé. « Aucune échappatoire n’est alors possible : entre l’intérêt des hommes et la rentabilité des actions, il faut choisir. Cette cause là conduit droit à la revendication cardinale de changer la vie, ce qui ne peut se faire sans pour de bon transformer la société » (4).C’est pourquoi le véritable combat transformateur est là :

On ne sauvera pas la planète terre sans d’abord sauver » la planète homme ».

On ne sauvera pas la planète homme sans renverser la dictature invisible du « taux de profit ».

A suivre….

Le Gravier

(1)(2)(3)(4) Lucien Sève : « l’homme ? » p 560…561 (édition la dispute)

Messages

  • Tout à fait d’accord bien entendu. La lutte "dite écologique" est bien une lutte de classes. Pour illustrer mon propos, près de chez moi il y a des activités aéronautiques et de parachutisme que pratiquent des juristes, des notaires, des médecins etc... enfin en gros ce que l’on peut appeler la bourgeoisie. Ils inondent de bruit et de kérosène pas mal de WE dans l’année tous les villages aux alentours. Ils balancent 2 tonnes de CO2 (équivalent d’une voiture qui parcourt 15000 km) par WE pour s’envoyer en l’air et aucun politique (y compris les verts) ne "moufte" au nom de la sacré sainte économie locale. Pendant ce temps on culpabilise le citoyen de base et Rocard et DCB encourage le gouvernement à taxer les salariés qui sont obligés d’utiliser leur voiture pour se rendre à leur travail.
    Thierry.

  • Il suffit de comparer les quartiers ouest de Paris à ceux de l’est.

    l’air de l’ouest de Paris est bien plus pollué qu’à l’est !!