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DE L’HOTEL A LA FORET

Publie le lundi 24 août 2009 par Open-Publishing

Salut à tous,

Nous avions juste envie d’attirer votre attention sur une situation qui devrait vous faire apprécier les truculences du libéralisme par ces temps de crise.

Nous sommes une petite dizaine de gueux à vivre dans un hôtel, l’Hôtel de la Forêt, à Maisons-Laffitte, en bordure de la forêt de Saint Germain. Certains des locataires sont vissés là depuis une quinzaine d’années,
d’autres viennent d’arriver.

Maisons-Laffitte est une petite bourgade tranquille, bourgeoise, qui semble en marge du temps, avec son château, ses anglais, son parc à millionnaires, son hippodrome, ses turfistes, ses trios placés, ses quintés perdants etc... Chaque année, dans cette heureuse banlieue, son maire, Mr Myard ne manque jamais, une fois par an, de mettre le château de sa ville à la disposition du Club d’Entreprises réunissant 350 personnes (petite sauterie aux frais du prince, cela s’entend).
Autre myardise de choix, il vient de cèder 360 000 Euros à l’état pour s’éviter l’embarras de mettre à disposition des logements sociaux comme la loi républicaine l’y enjoint…

En début d’année, notre hôtel a changé de gérant. Une S.A.R.L répondant au doux nom de ANS a repris le flambeau. Ayant jeté son dévolu sur le Bar-Restaurant (compris dans le package) le trident d’exécutifs s’est installé sans chercher à rencontrer les locataires de leur hôtel. Ils ont refait la déco du resto, ont modifié le menu et dressé quelques tables à partir de 19 H.
Quant à l’hôtel, les nouveaux gérants ne s’en souvenait qu’en début de mois, au moment de collecter nos chèques. Le reste du temps, l’établissement était livré à lui-même. Trés vite, les parties communes se sont dégradées.
Les toilettes, quant à elles, étaient l’objet de toutes les négligences :

rouleau de papier-toilette rarement remplacé et malgré la lucarne qui restait entrouverte, l’odeur de cette pièce était devenue ingérable.

Quant aux draps de rechange, ils avaient tout simplement disparus faute d’inventaire et, à ce jour, n’ont toujours pas été remplacés.
La corde qui nous permettait de faire sécher notre linge a été sectionnée par ces mêmes individus, ce qui compromet toutes lessive à la main et augmente nos frais.

Nos conditions de vie devenant plus humiliantes chaque jour, nous avons tenté d’attirer l’attention du nouveau gérant sur la dégradation de l’hôtel. La seule réponse que l’on obtint fut : “ Demain ou après-demain...”

Il y a quelques mois, l’un des anciens, diabétique, qui vivait là depuis une dizaine d’années, s’est blessé à la jambe. Sa plaie s’est infectée, sa jambe grangrènée, jusqu’au soir où on l’a retrouvé mort dans son lit...

Ici, chaque nouveau jour arrive avec son lot d’intimidations et de menaces : Visites à l’improviste dans les chambres pour surprendre la plaque électrique de trop (cuisiner est interdit). Menace d’interdire les vélos dans la cour-terrasse, la vue des bicyclettes étant susceptible de troubler l’expérience culinaire du déjeuneur (sic)
Incursions dans les chambres et prises de photos des appareils électriques sans fournir d’explications.
On commençait à se sentir de trop…

Nous avons donc contre-attaqué au mois d’avril, en alertant la DDASS qui, trés vite, a contacté la mairie de Maisons Laffitte et sa responsable du service d’hygiène, Mme Elizabeth Gomes. Celle-ci nous a promis, au mois de mai, une visite à l’hôtel. Mais à ce jour, toujours pas de Mme Gomes !
Par contre, depuis la mi-juillet, nous sommes privés d’eau chaude et toute visite à la douche s’est transformée en expédition punitive :
les joints entre les carreaux de faience s’étant couverts de moisissure, lorsqu’on sort des douches, on se gratte partout…

Cependant, “côté jardin”, les responsables du mensuel de Maisons Laffitte ont eu la delicatesse, dans leur numéro de juillet, de glisser un billet faisant l’éloge du restaurant et de l’hospitalité de ses nouveaux gérants.
Plus belle la vie !

Enfin, à la fin du mois de juillet, alors que tous les services sociaux sont en bas débit, nous avons tous reçu la même lettre recommandée nous signalant l’augmentation du loyer de 200 € par mois ! Sans doute le cout de la revalorisation des services dont nous jouissons depuis le passage de pouvoir.
L’ultimatum expire ce 1er septembre 2009 à midi. A 12h05, s’ils ne peuvent s’acquitter des 600 €/ mois pour leur16 m2, deux locataires de 60 ans dont l’un vient de subir un triple pontage, devront se rabattre sur le 115. Et nous aussi.
Lorsqu’un des sexagenaires est venu protester auprès du gérant, celui-ci lui a chaleureusement suggéré de partager son 16m2 avec son “triple-ponté” de voisin...

En réalité, selon nos sources, les gérants souhaiteraient se débarrasser des miteux pour pouvoir faire construire de luxueux studios qu’ils agrandiraient et loueraient à un prix digne de la ville.

Si les comportements particulièrement froids et inhumains vous fascinent et si vous trouvez que la compassion n’est pas suffisamment “Tendance”, cette lettre ne vous concerne pas.
Quant aux autres, à cette fraction d’individus, encore pourvus de ce supplément d’âme et de courage, que cette lettre soit un hommage à ce qui les rend précieux.

Nous nous devions, aujourd’hui, de vous informer de ces ravissantes pratiques qui s’exercent en France, en 2009 et sommes à l’écoute de tout conseil et autres soutiens persos ou associatifs.

Merci d’avoir pris le temps de nous lire

Cordialement,

Le Collectif de la forêt

contact : collectifdelaforet@live.fr