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Un réfugié politique italien a conseillé à Cesare Battisti de fuir

Publie le lundi 23 août 2004 par Open-Publishing

Oreste Scalzone affirme avoir conseillé à son ami menacé d’extradition vers l’Italie -où il est condamné à la prison à perpétuité- de "se soustraire au risque d’être emmuré à vie". Pour le PS, l’ex-militant d’extrême gauche "se met en danger". Le garde des Sceaux italien fustige la gauche européenne qu’il accuse de "défendre les assassins".

Réfugié politique italien en France, Oreste Scalzone affirme lundi 23 août qu’il a conseillé à son ami Cesare Battisti, qui risque l’extradition et l’emprisonnement en Italie, de prendre la fuite pour "se soustraire au risque d’être emmuré à vie".
"Je lui avais en effet conseillé de se soustraire au risque d’être emmuré à vie", affirme Oreste Scalzone dans un entretien au Monde daté de mardi.
L’ancien activiste d’extrême gauche Cesare Battisti est menacé d’extradition vers l’Italie, où il a été condamné à la réclusion criminelle à la perpétuité pour sa participation à quatre meurtres en 1978 et 1979. Il ne s’est pas présenté samedi au contrôle judiciaire auquel il est soumis et un mandat d’arrêt a été requis contre lui.
"Je me réjouis qu’il ait préféré le vert de la vie à la soumission au gris de la punition légale", affirme Oreste Scalzone, qui dit espérer que Battisti a réellement fui la justice et se trouve "le plus loin possible".
Par ailleurs, selon un journaliste de l’agence de presse italienne Ansa, Gianluca Mealli, ayant interrogé les commerçants proches du domicile Cesare Battisti, l’écrivain n’était déjà plus visible depuis deux ou trois semaines.

Il aurait été remplacé, dans son emploi de gardien d’immeuble, par une famille d’origine tunisienne.

Rome attaque la gauche

De son côté, le ministre italien de la justice Roberto Castelli qui appartient à la Ligue du Nord, le parti populiste et xénophobe de la coalition au pouvoir à Rome, a vivement critiqué la gauche européenne et française pour sa défense de Battisti, qui a bénéficié du soutien de nombreux intellectuels.
"Je pense qu’il faudrait ouvrir un débat sur cette gauche européenne (...) qui défend les assassins, qui défend les fugitifs". "Ils représentent une culture qui me paraît aberrante. Une culture de la mort, une culture de la défense de ceux qui commettent des délits, une culture qui oublie complètement les victimes", a-t-il ajouté dans cette interview accordée à Radio Padania, organe de la Ligue du Nord.
"Je remercie le gouvernement français qui a eu le courage d’assumer une position qui est extrêmement impopulaire en France, auprès des médias les plus influents", a ajouté M. Castelli à propos de l’extradition de Battisti.
Le fait qu’il se soit soustrait au contrôle judiciaire "montre qu’il est devenu ce qu’il a toujours été pour nous : un fugitif", a poursuivi le ministre.
En France, le PS a indiqué lundi "regretter" cette fuite.

Taxée d’indulgence

La presse italienne a produit beaucoup d’articles sur l’affaire après la remise en liberté sous contrôle judiciaire de Cesare Battisti le 3 mars, publiant force récits souvenirs et témoignages sur l’époque dite des "années de plomb", alors qu’elle était d’abord complètement indifférente au sort de l’écrivain.
La France a été taxée à longueur de colonnes d’indulgence avec les ex-terroristes des autres pays et le grand hebdomadaire de droite Panorama n’a pas hésité à publier une caricature outrageant la devise française, parodiée en ces termes : "Liberté aux assassins, Illégalité, Fratricide"
Par ailleurs, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris examinera lundi 30 août à 14h00 la révocation du contrôle judiciaire de Cesare Battisti. Au terme de cette audience, la cour d’appel de Paris pourrait, comme l’a requis le parquet général, révoquer le contrôle judiciaire de M. Battisti et décerner à son encontre un mandat d’arrêt, demandé expressément par le garde des Sceaux Dominique Perben.

http://permanent.nouvelobs.com/europe/20040823.OBS5226.html