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Frédéric Mitterrand contre les "absolutistes de l’Internet libre"

Publie le vendredi 4 septembre 2009 par Open-Publishing

Certains auraient pu le croire frileux à l’idée de se frotter à l’Hadopi. Il n’en est rien : Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture, s’est lancé à corps perdu dans la bataille.

Frédéric Mitterrand a présenté, jeudi 3 septembre 2009, la mission "Création et Internet". L’objectif de ce "dispositif léger", selon les mots du nouveau ministre de la Culture, est de définir des "propositions brèves" contre le téléchargement illégal, d’ici le mois de novembre. Un objectif difficile, pour les membres de la mission, Patrick Zelnik, président d’Impala et pdg du label indépendant Naïve , Jacques Toubon, ancien ministre de la Culture, et Guillaume Cerutti, président de Sotheby’s France.

"Étonnez-moi !", s’est exclamé Frédéric Mitterrand, avant de donner rendez-vous "fin octobre ou début novembre" à une salle comble.

Fidèlement inscrit dans la continuité de Christine Albanel, le projet est toujours porté par Olivier Henrard, autrefois conseiller juridique de l’ex-ministre, aujourd’hui directeur adjoint du cabinet de Frédéric Mitterrand.

Combattre les "absolutistes de l’Internet libre"

Peu importe que le dossier ait eu raison de l’ancienne ministre, le nouveau locataire de la rue de Valois a affiché une détermination sans faille face aux "absolutistes de l’Internet libre". Selon lui, Internet "ne doit pas être un espace où le droit se volatilise et devient virtuel" et "l’utopie n’est pas une alternative à l’Hadopi". Autant de piques lancées à des organisations, telles que la Quadrature du Net, qui militent pour la légalisation du téléchargement d’oeuvres protégées, mais aussi aux quelques parlementaires qui avaient osé s’élever contre la loi Hadopi.

Cryptage et streaming, des failles oubliées ?

"La loi serait inapplicable, car contournable", a tonné le ministre.

Faux, selon lui, car les moyens de contournement "sont le fait d’une infime minorité". Certes, mais cette situation ne saurait durer : dans les logiciels BitTorrent, très utilisés par les pirates, comme par les entreprises pour des contenus légaux, il suffit par exemple de cocher une case pour crypter les échanges de données. Et rendre ainsi le travail de l’Hadopi beaucoup plus compliqué, voire impossible. Le streaming (diffusion en direct) de contenus, qui remplace peu à peu le téléchargement légal comme illégal de fichiers, ne semble pas être une priorité. Pourtant, il est promis à un avenir doré au pays du piratage : il ne nécessite pas de rapatrier un fichier sur l’ordinateur, et ne tombe donc pas sous le coup de la loi. Interrogé à ce sujet par lepoint.fr, Patrick Zelnik a toutefois reconnu que la mission "ne peut pas ne pas tenir compte du streaming".

Hadopi, un "préalable à une deuxième phase"

"Très honorés", "vraiment heureux" ou encore "passionnés par la mission", les trois membres de la mission réunis par Frédéric Mitterrand vont avoir du travail. Conscient de l’évolution des technologies, le ministre a toutefois prévenu que la loi Hadopi est "nécessaire, mais non suffisante", et qu’elle est un "préalable à une deuxième phase". Voilà qui promet encore de nombreux rebondissements.

http://www.lepoint.fr/actualites-technologie-internet/2009-09-03/creation-et-internet-hadopi-frederic-mitterrand-contre-les-absolutistes-de-l-internet-libre/1387/0/374116