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AZF mon amour

Publie le dimanche 6 septembre 2009 par Open-Publishing
3 commentaires

Le Lot en Action. 6 août 2009. Témoignage-contribution de Christian Durand

Le procès traîne en longueur.
Ni Total, maison-mère, ni Thierry Desmarets-noires pdg à l’époque, ne seront inculpés.
Un sous-fifre va prendre trois ans avec sursis et une retraite dorée.
J’atteste avoir visité cette usine en 1960, c’était déjà une poubelle insalubre.
Au moment de l’explosion, la moitié du personnel était intérimaire ou sous-traitant.
L’association de défense des victimes, gérée par la cgt, a reçu une confortable subvention.
Je garantis l’exactitude des éléments suivants. Et je signe.

L’explosion de Tchernobyl le 26 avril 1986 a fait deux morts, selon la police, deux mille selon les manifestants. 33 ans après, les estimations tournent autour de 20 000 victimes, directes ou indirectes. Le coût économique de la dépollution a contribué à l’effondrement du système soviétique, trois années plus tard. A quelque chose malheur est bon.

L’explosion de l’usine AZF, le 21 septembre 2001 à Toulouse, a fait une trentaine de victimes : toute l’équipe de sécurité, une dizaine d’intérimaires chauffeurs de poids lourds et une dizaine de personnes autour de l’usine. Des centaines de bâtiments, entrepôts, écoles, villas, appartements, ont été soufflés dans un rayon de plusieurs kilomètres. Un millier de personnes ont été hospitalisées. Prés de trente mille dossiers ont été envoyés aux assurances.

Près de 23 ans après, les responsabilités, notamment celles de l’Etat, ne sont toujours pas établies. Chaque fois que la justice se rapproche trop près de la direction de TotalElfFina, propriétaire de l’usine, des témoins providentiels se souviennent d’un missile, d’un terroriste, d’un arc électrique, d’une soucoupe volante et plus récemment d’un hélicoptère affublé d’une échelle de corde, au dessus de l’usine à l’instant de l’explosion. Il se trouve toujours un journaliste attentif, généralement du Figaro, pour prêter une oreille complaisante à ces témoins miraculeux.

L’Université du Mirail où je travaillais a subi de plein fouet le souffle de l’explosion qui a pulvérisé les baies vitrées et déstabilisé les bâtiments récents. Le nuage toxique s’est engouffré dans les couloirs et coursives, transformant le campus riant en un titanic de terreur, de hurlements et de visages ensanglantés. La Direction de l’établissement, en symposium dans la montagne, est rentrée précipitamment, non sans remplir les minibus de packs d’eau minérale. Les employés hébétés, après un instant d’émotion, ont vu les bouteilles disparaître dans les malles arrière des voitures personnelles de la Direction. Sic transit.

Les sols, les murs, les meubles sont restés imprégnés d’une suie grasse où les experts auraient dû reconnaître un joyeux cocktail de nitrate, d’amiante et de chlore. L’herbe du campus est devenue jaune. Pas le jaune fané de l’automne, non, un jaune fluo très tendance. Peroxydé, le gazon. Les pompiers accourus ont croisé de courageux citoyens, les bras chargés de meubles et d’ordinateurs. Pour les mettre à l’abri, ont-ils précisé. Braves gens.

La remise en état provisoire a duré deux mois. Tout ceux qui ont participé au nettoyage, personnel, ouvriers, étudiants bénévoles, ont dû respirer, bouffer, s’incruster de particules toxiques. Certains ont manifesté les premiers troubles quelques jours après : eczéma, stress, angoisse, insomnie. D’autres quelques mois après : asthme, bronchite, altération de la vue ou de l’ouie, problèmes de thyroïde. Autour de Tchernobyl, les malformations, leucémies et autres cancers apparurent dix ans après.

Au Mirail, le personnel inquiet s’en alla rendre visite à la médecine du travail. 700 dossiers s’empilèrent sur le bureau du médecin qui démissionna bientôt faute d’être payé. Le médecin-chef du rectorat débordé conseilla d’aller voir la Mutuelle qui orienta vers la CRAM où l’ordinateur était en panne. Les plus opiniâtres échouèrent dans ce qu’il faut appeler une officine, la veille de sa dissolution, pour être inscrit manuellement dans un grand registre par une stagiaire aimablement incompétente.

Entre-temps, les questionnaires affluèrent : le ministère, la Région, l’Inserm, l’Institut de veille sanitaire (oui, celui de la canicule), tous farcis de prestigieux comités scientifiques et promettant aide, assistance et suivi.
 Etes-vous volontaire pour participer à la Cohorte AZF ?
Ca fait un peu Colonne Durruti. Quelle émotion.
 Ce suivi durera 5 ans (cf. Tchernobyl, plus haut). Il vient de s’achever en 2009.

Début avril 2004, courrier à en-tête Sécurité Sociale, Institut de Veille Sanitaire, CETAF. Rappel : vous faites partie de la Cohorte AZF ?
 Oui, mon capitaine, et fier de l’être !
Deux questionnaires :
 tous vos emplois depuis que vous travaillez (une vingtaine de cases permettant éventuellement de disperser la responsabilité de pbs de santé à venir)
 plus un effarant questionnaire de santé, avec numéro de cohorte.

« Nous aimerions savoir comment vous vous êtes porté(e) ces dernières semaines »
1 – Récemment, vous êtes-vous senti parfaitement bien et en bonne santé ?
 mieux que d’habitude ?
 comme d’habitude ?
 moins bien que d’habitude
 beaucoup moins bien que d’habitude ?

nb : on trouve ce genre de questionnaire dans Elle ou L’Express, l’été sur la plage !

2 – Avez-vous éprouvé le besoin d’un bon remontant ?
 même grille de réponse, pour 28 questions
3 – Vous êtes vous senti à plat, pas dans votre assiette, « mal fichu » ?
 21 questions du même genre (comme un test d’un magazine de loisir)

Puis quelques fines allusions à un éventuel état dépressif et presque un encouragement... :

22 – Vous êtes-vous considérée comme quelqu’un qui ne valait rien ?

23 – Avez-vous eu le sentiment que la vie est totalement sans espoir ?

24 – Avez-vous eu le sentiment que la vie ne vaut pas d’être vécue ?

25 – Avez-vous pensé à la possibilité de vous supprimer ?

26 – Avez-vous pensé que vos nerfs étaient à bout ?

27 – Vous est-il arrivé de souhaiter être mort et loin de tout ça ?

28 – Est-ce que l’idée de vous supprimer réapparaît continuellement dans votre esprit ?

Etes-vous physiquement fatigué ? (échelle de 0 à 9)

Etes-vous nerveusement fatigué ? idem

Votre vie sociale vous parait-elle satisfaisante ? (échelle de 1 à 4)

Votre vie de couple ? idem

Votre vie sexuelle ? idem

Vos relations avec vos enfants ? idem

NOUS VOUS REMERCIONS DE VOTRE PARTICIPATION
+ enveloppe en franchise pour le médecin-chef du Centre d’examens de santé de la caisse primaire de la Haute-Garonne.

Les questionnaire et une lettre d’étonnement ont été envoyées par mes soins à Canard Enchaîné, Humanité, Rectorat, CRAM, Université, ATTAC, CGT, LDH, divers sites alternatifs. Aucune réaction à ce jour. L’Université a diffusé la lettre sur son forum interne (une réaction).
La réaction du Rectorat est plus intéressante.
Verbatim d’une conversation téléphonique avec un membre du cabinet du recteur, en vrac :
 ce questionnaire n’existe pas ( !)
 vous ne l’avez pas reçu ( !)
 il ne concerne pas AZF (menteur)
 il est anonyme (faux)
 il sera anonymisé (sic)
 il est scientifique (faux)
 il est prospectif et préventif (faux)

Le procés vient de s’ouvrir : Kafka, Ubu et Courteline sont dans un bateau…

Messages

  • Il paraît que l’auteur de ces lignes, qui parle comme s’il avait été là, était en fait hors de Toulouse et à la retraite...

    La vieillesse est vraiment un naufrage.

    R.R

  • Comme énormément de gens en France et même à Toulouse, ce monsieur ne semble pas connaître le connaître la masse énorme de témoignages contredisant la thèse officielle et montrant des événements précurseurs que le SRPJ de Toulouse, le parquet et les juges ont surtout évités d’expliquer.
    Insulter des témoins en ne connaissant même pas leur déposition et leur sérieux, témoins qui pour certains ont sauver leur peau grâce à ces événements antérieurs, et qui pour la grande majorité n’ont aucun lien avec le personnel d’AZF, c’est nier la démocratie et le rôle de la justice dans une démocratie... tout cela pour le simple souhait d ’assouvir quelque idées politiques loin des réalités du dossier.
    La direction de Total, qui a négocié le silence d’Etat depuis le début, ne peut, à l’instar du parquet de Toulouse, des politiques français, que se féliciter des raisonnements aussi limités de cet internaute.
    Je l’invite à regarder de très près le dossier. Une brêche y est ouverte depuis pas mal de temps sur le site www.azf-10h18.com. Le chapitre TEMOINS donne une idée du nombre de témoignage inexpliqué par la justice mais très souvent convergeants entre eux.
    Et sachez qu’une échelle de corde sous un hélicoptère, peut tout simplement être une antenne radio basse fréquence en "J" de 20 m de long qui a cette forme, suspendu sous le relais mobile inacessible que forme un hélico. De tels antenne sont utilisées par la gendarmerie, les préfectures, l’armée etc... Elles permettent des communication longue portée directes très efficace.

    Le témoin qui en a parlé, qui est un facteur, a confirmé son témoignage au procès. Il n’a pas rêvé. Plus d’une vingtaine de témoins ont bien deux hélicoptères différents non déclarés en vol quelques minutes avant et après l’explosion.

    Il y en a marre des discours foireux, idéologiques et très peu rigoureux sur le dos des victimes, des témoins, des citoyens désireux de connaître la vérité sur cette affaire.

    Pierre Grésillaud

  • Ayant suivi cette affaire d’aussi près que possible (par simple curiosité professionnelle), je peux témoigner d’une chose :
    La double explosion avérée (un bruit d’explosion a PRECEDE la vision de l’explosion de l’usine pour au moins un témoin, et des témoins proches ont entendu deux explosions), le passage d’un hélicoptère à basse altitude, l’existence d’un cadavre dont l’habillement pouvait faire penser à un kamikaze : tout cela est sorti de témoignages divers dès le premier mois après l’explosion. Il ne s’agit pas, comme semble le croire l’auteur, de tentatives successives d’éluder la responsabilité de quiconque. Cependant, quand l’enquête judiciaire, faute d’arriver à une conclusion cohérente, décide d’en choisir une et d’éluder les témoignages qui la contredisent, il est normal que les personnes inculpées ou mises à mal par l’enquête rappellent ces témoignages.
    Les tentatives de reconstitution de la thèse officielle ont surtout démontré que les caristes d’AZF devaient porter des masques à gaz pour réaliser l’erreur qui serait à l’origine de l’accident sans avoir une superbe quinte de toux....au minimum.