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Un coup de blues gare montparnasse

Publie le jeudi 17 septembre 2009 par Open-Publishing
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de un gars de l’enfer

Gare Montparnasse. Quelques heures à attendre.

Je regarde les gens ,le peuple de la grande ville.

Ils lisent ,téléphonent certains parlent un peu.

Moi je suis hors du temps , j’observe.

Tous ces visages fatigués ,ces signes qui trahissent l’appartenance sociale.

...Un groupe de jeunes qui passe essayant de paraitre surs d’eux , peut-être le sont-ils en fait, écrasant de leur jeunesse cette population vaincue ,ces "loosers" qu’ils ne seront jamais , pensent-ils .

...un vieil homme qui vend des journaux avec son petit chariot, à chaque départ de train , mais quel age a-t-il donc...largement celui de la retraite me semble-t-il.

...un immigré aux mains caleuses , la cinquantaine passée , dans son plus beau costume qui est un peu trop grand .

il est un peu perdu ,il ne sait visiblement pas bien lire et il tente de se renseigner auprès de ces jeunes employés de la SNCF ,employés au statut flou qui espèrent tous l’embauche et dont neuf sur dix resteront sur le carreau après quelques années de travail sous un contrat improbable.

Plein d’espoir ,cela se lit dans ses yeux et ses gestes ,il a choisi dans le groupe qui lui fait face , un jeune beur dans son uniforme neuf et mal ajusté.

Réflexe humain classique qui nous pousse tous à chercher plus d’entraide et de comprehension au sein de nos communautés .
Quelle tristesse de ressentir la "distance" prise par le gamin .
un gouffre les sépare.

il toise cet homme qui pourrait etre son père il est géné , comme ratrappé par tout ce qu’il voudrait fuir .

il lui répond dans un langage administratif , légèrement agacé et se débarrasse rapidement du voyageur qu’il laisse toujours aussi perdu , sans un regard en arrière.

Gare Montparnasse et ses pigeons.

Ils sont ce qui nous reflète le mieux.

ils hantent la gare pour quelques miettes comme nous hantons la société pour les quelques miettes que les puissants veulent bien nous laisser ,miettes qui s’appellent travail, argent ,consommation.
Malgré les pointes acérées posées partout et qui les blessent ,les tuent ,les mutilent ,ils sont là ,ils n’ont pas le choix et nous sommes pareils ,

Nous sommes comme eux , cabossés ,mutilés.

Prisonniers du travail ,fliqués ,emprisonnés et toujours sur le même chemin...

Dans leur quête sans fin ,inlassablement quelques pigeons passent aux pieds d’ un homme en costume clair de bonne facture.

mouvement du pied ...

Dérisoire.

La faim , la survie dictent des imperatifs qui dépassent la peur.
Régulièrement ,les volatiles reviennent ,s ’approchent...
panique sur le visage de l’homme ,nouveau coup de pied.

Que croit-il ?

Qu’ un coup de pied suffira à chasser la misère ?

cette scène résume à elle seule le monde d’aujourd hui.
Quelques riches qui repoussent ,sans fin , du pied , des hordes toujours grandissantes de pauvres .

Un groupe en costume clair qui panique de plus en plus et qui multiplie les barbelés ,les murs ,la surveillance et la répression.

A quand la stérilisation ?

Bientot sans doute si nous laissons faire.

Messages

  • Cet enfer, même en lointain souvenir, résonne encore dans ma mémoire.

    Aujourd’hui, je vis un autre enfer ; Après la chaleur des métros, RER, trains, bondés de gens, dont vous avez très bien décrits les visages. Il est un autre enfer, celui du monde rural, auquel, anciens citadins, on appartiendra jamais complètement.

    Pire, le petit village, dans une région sinistrée où la difficulté de survivre est proprement inhumaine. Et l’on s’étonne d’y arriver. Tout comme vos personnes, mutilés, cabossés, méprisé.

    Je suis née à Paris, tout comme mon époux.

    Nous n’osons pas le dire, de peur d’être moqués, méprisés.

    Nous connaissons le stress de la grande ville.

    Aujourd’hui, nous continuons à vivre une vie méprisable, que nous finirons misérablement. Pigeons des villes, Pigeons des champs ? Tous pigeons.