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Clearstream, Denis Robert : "Le ministère public devrait me féliciter"

Publie le mardi 22 septembre 2009 par Open-Publishing

Optant pour la même ligne de défense que l’auditeur Florian Bourges, le journaliste, qui fut le premier pourfendeur de Clearstream, a tenté de convaincre le tribunal, lors de cette deuxième journée du procès, qu’il n’était qu’une victime collatérale de cette affaire de manipulation.

Après l’auditeur Florian Bourges, le journaliste Denis Robert a à son tour été entendu mardi 22 septembre, lors de la deuxième journée du procès Clearstream, cette vaste affaire de manipulation où Nicolas Sarkozy s’est constitué partie civile.
"Le ministère public devrait me féliciter", a lancé à la barre Denis Robert, après avoir raconté, visiblement ému, devant la 11e chambre du tribunal correctionnel de Paris, ses démêlés avec Clearstream.
Tout comme l’autre co-prévenu de Dominique de Villepin, Florian Bourges, qui a été entendu en début d’après-midi, Denis Robert a accusé l’informaticien Imad Lahoud de "manipulation", tous deux tentant de convaincre le tribunal correctionnel de Paris qu’ils n’étaient que des victimes collatérales de cette affaire.

Denis Robert et Florian Bourges sont poursuivis pour avoir volé et recelé les listings de Clearstream, qui ont ensuite été falsifiés puis transmis au juge Renaud van Ruymbeke afin de faire accroire que certaines personnalités, dont Nicolas Sarkozy, détenaient des comptes occultes.
L’affaire est jugée jusqu’au 23 octobre.

Imad Lahoud, celui qui a "su très habilement jouer"


Selon Denis Robert, qui fut le premier accusateur de Clearstream, qu’il accusait d’avoir blanchi de l’argent sale dans deux livres parus en 2001 et 2002 ("Révélation$" et "La boîte noire"), Imad Lahoud a "su très habilement jouer" de la situation.
"Il avait une version à tout", raconte le journaliste, qui reconnaît avoir été "un intermédiaire", mais "sans rôle actif". Imad Lahoud paraissait "super informé". Un jour, "il m’a dit qu’il avait hacké le système de Clearstream", "un truc de dingue".
Mais Denis Robert commence à douter d’Imad Lahoud. C’est alors que ce dernier l’invite chez EADS où il travaille. "Il m’a emmené dans un endroit sécurisé", avec "de vrais hackers". "Je suis ressorti de là, je me suis dit ’putain, c’est peut-être vrai’". (...) Je mets au défi quiconque de dire à ce moment-là que ce type est farfelu", poursuit-il.

"J’ai été assez naïf, voire même stupide"


Même ligne de défense pour Florian Bourges, l’ex-auditeur stagiaire d’Arthur Andersen. Face à l’informaticien Imad Lahoud, "j’ai été assez naïf, voire même stupide", a déclaré Florian Bourges à la barre avant Denis Robert, disant avoir été "manipulé" par lui. "Je n’ai pas eu l’impression de commettre une infraction", a affirmé l’auditeur.
L’ex-stagiaire avait fourni en septembre 2003 des listings bancaires provenant de Clearstream au journaliste Denis Robert. Puis il s’était fait présenter à Imad Lahoud, à qui il les a également transmis. Des listings qui ont ensuite été dénaturés. "Mais je n’avais pas de raison de me méfier", a ajouté Florian Bourges. "Il m’a dit qu’il travaillait pour la DGSE" et faisait "une recherche de financement d’al-Qaïda" dont les fonds étaient censés passer par Clearstream.

"C’est un faux"


Le jeune stagiaire Florian Bourges, qui était alors âgé de 23 ans, était à ce moment là convaincu de répondre à une demande des services d’espionnage français. Il autorise du coup l’informaticien à copier sur une clé USB toute une série de fichiers clients et de fichiers de transaction.
Or ce sont précisément ces documents qui tomberont, quelques mois plus tard, entre les mains du juge Renaud van Ruymbeke. Dans ce laps de temps, ils auront été falsifiés et des noms de personnalités, dont celui de Nicolas Sarkozy, y auront été ajoutés. Ironie du sort, Florian Bourges sera mandaté par le juge pour expertiser les faux listings à l’été 2004. C’est seulement en octobre 2004, après s’être vus déjà deux fois, que l’ex-stagiaire reconnaîtra les fichiers qu’il avait pris chez Clearstream.
"C’est un faux", dit-il alors au juge. "Je pensais que l’affaire se serait arrêtée là", mais "ce fut un déchaînement médiatique..."

Des "manipulations au sein de Clearstream"

Florian Bourges aura travaillé trois mois chez Clearstream. Pendant ces trois mois, il a extrait des données des ordinateurs pour qu’elles soient expertisées par Arthur Andersen. Et il dit avoir "constaté des dysfonctionnements informatiques". C’est pour cette raison qu’il a contacté le journaliste Denis Robert.
Entre "comptes qui n’existaient pas" et transactions antidatées, Florian Bourges est toujours convaincu qu’il y avait des "manipulations au sein de Clearstream" mais "à l’insu de Clearstream". Mais il n’en dira pas plus sur ce point.

http://tempsreel.nouvelobs.com/speciales/le_proces_clearstream/20090922.OBS2073/denis_robert__le_ministere_public_devrait_me_feliciter.html