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Plusieurs dirigeants de la LCR regrettent l’accord avec Lutte ouvrière

Publie le samedi 28 août 2004 par Open-Publishing

de Caroline Monnot

Port-Leucate (Pyrénées-Orientales)

Pour la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), dont l’université d’été a débuté mercredi 25 août, un cycle prend fin. L’heure est à la révision de certains paramètres pour la formation d’extrême gauche qui, alliée à Lutte ouvrière (LO), a enregistré des résultats médiocres aux élections régionales et franchement mauvais aux européennes.

Un nouvel accord avec LO est désormais très peu probable. Surtout, la question de la consigne de vote à gauche au second tour sera vraisemblablement rouverte. Plusieurs dirigeants, membres de la majorité interne, qui avaient défendu l’accord avec LO, l’évoquaient mercredi en marge des débats.

La première journée de l’université d’été a, en effet, été largement consacrée au bilan de 2004. Et si la LCR était satisfaite du succès maintenu de son rendez-vous estival (plus de 650 participants) - "ça montre qu’on n’est pas KO politiquement", soulignait l’ex-députée européenne Roseline Vachetta -, un certain désarroi a point dans les interventions. "Beaucoup de gens nous disent : "On vous soutient, on est solidaire, mais arrêtez vos conneries"", a témoigné Guillaume, un jeune militant. "Ce désarroi s’explique, commentait Pierre Rousset, militant plus chevronné, car si l’on sait qu’une période est finie, on ne sait pas du tout à quoi va ressembler la nouvelle."

"ON S’EST BEAUCOUP TROMPÉ"

Du coup, les débats ont pris l’allure d’un tour de chauffe avant le congrès, qui devrait être avancé au printemps 2005. La tendance minoritaire, qui s’était opposée à l’accord avec LO, a enjoint les militants à "trouver très vite une formule pour débloquer la situation" pour "se redonner les moyens de peser sur les débats à gauche". Mais surtout, de fortes nuances d’appréciation sont apparues dans le courant majoritaire, au sein de la direction de la LCR.

"On ne s’est pas trompé un peu mais beaucoup, comme rarement dans notre histoire", a ainsi insisté François Duval, qui a évoqué un"échec à la fois politique et électoral". Le revirement le plus spectaculaire est venu de Léonce Aguirre, issu comme Olivier Besancenot de l’ex-tendance R, favorable de longue date à un accord avec LO. Selon M. Aguirre, la LCR est apparue aux régionales "hostile à une victoire de la gauche et étrangère à la plus grande débâcle que la droite ait connue depuis 1981". "On a sous-estimé le rejet de LO dont l’image de sectarisme reflète, pour partie, la réalité tant du point de vue de son orientation que de son fonctionnement interne", a-t-il affirmé.

M. Aguirre a appelé la LCR à "dire clairement qu’il n’y a pas d’axe privilégié entre la LCR et LO", estimant : "Ce n’est porteur ni du point de vue électoral ni du point de vue des luttes." Avant d’inviter sa formation à "rebondir en donnant une véritable consistance" à son projet de "parti anticapitaliste large". Lui aussi membre du bureau politique, François Sabado a admis, de son côté, des erreurs d’analyse mais contesté qu’il y ait eu "un échec d’orientation" de la LCR.

"Je ne suis pas d’accord avec l’appréciation selon laquelle la Ligue aurait été extérieure à un mouvement de fond, a-t-il dit. Nous avons été dans ce mouvement de rejet de la droite." Affirmant la nécessité de "tenir le cap" malgré le "coût politique" de l’accord avec LO, M. Sabado a mis en garde contre une "orientation qui ferait dériver -la LCR- vers des accords à contenu faible avec des organisations liées à l’ex-gauche plurielle".

Caroline Monnot

Ouverture de l’université d’été d’Attac

L’université d’été de l’Association pour une taxation des transactions financières pour l’aide aux citoyens (Attac) a débuté, mercredi 25 août, à Arles (Bouches-du-Rhône). Elle doit durer jusqu’au samedi 29 et rassembler plus de huit cents participants. Dès son ouverture, le président d’honneur de l’association, Bernard Cassen s’en est pris, sur BFM, au projet de Constitution européenne qui "nous enserre dans un carcan libéral, qui s’apparente à une peine incompressible de 20 ou 30 ans d’ultralibéralisme". Les dirigeants d’Attac ont annoncé leur volonté d’aborder "sans tabou"la question du fonctionnement interne de l’association. "Clairement, Attac ne veut pas se transformer en parti", a insisté Jacques Nikonoff, son actuel président.

http://www.lemonde.fr/web/recherche_articleweb/1,13-0,36-376717,0.html