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l’Organisation Communiste Libertaire (OCL-Poitou) sur les événements de Poitiers

Publie le dimanche 11 octobre 2009 par Open-Publishing
12 commentaires

Communiqué

Il n’y a pas eu plus d’émeute à Poitiers le 10 octobre
que de socialisme en France en mai 1981

Quelques poubelles qui brûlent, quelques vitrines brisées (celles de banques essentiellement, ainsi que de Bouygues Télécom – le maître d’œuvre de la nouvelle prison à Vivonne –, et d’un journal local), quelques fumigènes, le tout mettant aux prises quelques dizaines de personnes avec la police pendant une petite heure, cela ne fait pas encore une émeute !

Une émeute, c’est, rappelons-le, un soulèvement populaire mis en œuvre par une partie importante et significative de la population dans un espace politique donné.

En revanche, l’intrusion policière couverte par le procureur de la République, à huit heures du soir, dans un lieu privé, bien après et loin du lieu de la manifestation, pour procéder au contrôle d’identité des 100 personnes présentes pour un débat, un repas et un concert (toutes choses qui ne purent avoir lieu de ce fait), cela ressemble fort à un état de siège interdisant toute réunion la nuit venue ! Tous et toutes au sol, mains sur la tête en plein air pendant cinq heures, cela n’est pas encore si banal que l’on ne puisse en faire grand état.

La journée anticarcérale du 10 devait être l’occasion – en profitant du transfert, prévu le lendemain, des prisonniers de la vieille prison de Poitiers vers la neuve de Vivonne, à quelques kilomètres – de poser la question cruciale de la prison dans une société où le sécuritaire et l’enfermement sont les deux pivots du maintien de l’ordre capitaliste.

Un premier débat s’est tenu en début d’après-midi, parfaitement introduit par une militante de l’Association pour le respect des proches des personnes incarcérées (ARPI). Il fut l’occasion d’aborder de multiples questions dans une ambiance d’écoute et de réflexion assez rare sur ces sujets particulièrement sensibles. Quel sens donner à l’abolitionnisme ? Quelle population croupit dans les prisons ? Dans une société « libertaire », quel sens aura la déviance ; faudra-t-il ou non « punir », pourquoi, comment ? Bref, autant de questions guère débattues en public. Une réussite.

Ensuite, départ pour la manif « festive ». Mais s’il y a eu problème alors, ce n’est pas tant dans les événements décrits succinctement plus haut – qui, répétons-le, ne furent en rien une émeute, et dont la responsabilité revient essentiellement aux forces de l’ordre – que dans l’ambiance qui y régnait. Des groupes de militants, ceux que nous appelons « hors-sol », ont, de fait, pris le contrôle de la manifestation, qui regroupait environ 300 personnes, imprimant leurs décisions, leur rythme, leur manière d’agir et leurs fantasmes à l’ensemble des manifestants (sans se préoccuper des retombées sur l’environnement local). A disparu alors tout souci d’expliquer le pourquoi de cette manifestation – pas de tract clair, pas de slogans lancés, des banderoles vides de toute inscription ( !). Or, quand de tels messages sont absents, il ne reste plus que celui des vitrines brisées comme but en soi et unique non-message ! Comme si l’objectif de la journée, qui était de sensibiliser un peu une frange de la population à l’absurdité de la prison, devenait secondaire par rapport à, par exemple, l’inscription du slogan le plus imbécile de l’année : « La plus belle jeunesse est celle qui est en prison », ou encore à s’affronter avec la police. Bref, une ambiance pas trop démocratique (il n’est pas de démocratie que bourgeoise !) et un avant-gardisme rappelant de sinistres heures du gauchisme militaro que l’on croyait renvoyé aux poubelles de l’Histoire. Une manifestation où la peur et l’angoisse devant des visages figés par des masques et des uniformes sombres nous plaçaient aux antipodes des yeux dans les yeux et de la communication colorée et festive prévue.

Ce n’est pas la première fois que cela se produit, et il est urgent que les pendules soient remises à l’heure, afin que le sens des mobilisations en cours ne passe pas au second plan en nous faisant entrer dans un cycle permanent de violence-répression où notre énergie s’usera au nom de la solidarité (« malgré tout », puisque ce sera un choix forcé). Autrement, les sempiternelles obligations antirépressives risquent de devenir pour nous le pendant des journées d’action rituelles de la CGT.

OCL-Poitou

oclibertaire.free.fr

Messages

  • Communiqué sur la manifestation du 10 octobre à poitiers

    Nous , collectif contre la prison de vivonne, tenons à revenir sur les événements qui se sont déroulés lors de cette journée anti-carcérale du 10 octobre lancée à notre initiative. Avant toutes choses, il nous paraît important de rappeler à tous nos détracteurs que la manifestation n’était pas le centre de la journée. Nous invitons ainsi tout le monde à relire le programme de cette journée qui appelait outre la manifestation festive à des débats avec intervenants extérieurs sur des thèmes tels que le sécuritaire ou les luttes anticarcérales... ainsi qu’à des concerts le soir même. Par ailleurs les débats qui ont eu lieu avant la manifestation, contrairement au reste de la soirée qui a été annulé par les forces de l’ordre, montrera peut être par les apports qui en sortiront que la réflexion sur le sujet n’était pas exempt de la journée. Les déclarations de tous les “citoyens” et “journaleux” qui ont pris hâte de faire passer ce collectif comme un prétexte pour organiser une “émeute” et étant “une cellule d’ultra gauche” nous paraît donc d’une stupidité sans nom, d’un mensonge et d’une volonté politique des plus réactionnaires. Encore une fois nous assistons à l’utilisation d’outils médiatico-politique récurants ces derniers temps au même titre que les étiquettes “d’anarcho autonome” et “d’ultra gauche organisée”.

    Bien que solidaire de tous les interpellés et n’ayant aucun interêt à juger en bien ou en mal les actes commis, nous pouvons toutefois dire que les pratiques utilisées ne correspondaient pas à nos attentes et qu’un bilan de la stratégie politique emmanera de ces evenements. Nous rappelons que, bien qu’ayant appelé à cette manifestation, nous ne sommes en aucun cas responsable des actes qui y ont été commis. Mais parler d’une violence à sens unique nous paraît inexact en vue de la gestion policière qui a suivi la manifestation : occupation policière massive de tout le centre ville (mise en place d’un quasi “couvre-feu”), arrestations arbitraires, opération policière au numéro 23 de la porte de Paris (local culturel), où devait se dérouler la suite de la journée, digne d’une ère ancienne ... Le numéro 23, qui n’avait aucun lien avec les événements de la manifestation a ainsi vu une perquisition des plus violentes. Les personnes présentes ont ainsi subit diverses violences (coups de tonfas), humiliations (face contre terre les mains sur la tête) et contrôle abusif des identités (photos et question...) pendant près de 4h ! De plus les policiers présents ont volontairement dégradé le matériel sono loué ou prété pour l’occasion (estimation à plusieurs miliers d’euros) !!!

    Ainsi il nous semble que le moment n’est pas à la dénonciation mais bel et bien à la solidarité avec les militants inculpés !

    Libération des manifestants en garde à vue !

    Le collectif contre la prison de vivonne.

    http://anticarceral.poitiers.over-blog.fr/article-communique-37363438.html

  • En effet nous sommes en guerre.

    Or les deux principes généraux de la guerre sont :

     l’économie des forces (ne pas les gaspiller, surtout quand on n’est pas en situation de rapport de force)

     laliberté de mouvement.

    C’est à partir de ces deux éléments qu’il faut déterminer si une stratégie est efficace - ou pas.

    Or il faut bien reconnaitre qu’une action qui - comme les précedentes - se solde par un taux aussi élévé d’interpellé (18/300) est particulièrement inefficace et même nuisible.

    La guerre ça ne s’improvise pas.

    Et ça ne se résume pas à l’attauqe à outrance.

    ca c’est dans les jeux vidéos ou alors quand tu as des appuis qui te permettent ensuite de passer entre les gouttes.

  • Autrement, les sempiternelles obligations antirépressives risquent de devenir pour nous le pendant des journées d’action rituelles de la CGT.

    Bravo bien, intelligent de finir un billet comme celui ci sur un truc qui n’a rien à voir pour attaquer gratoche la cégète.Franchement, allez vous faire foutre.
    C’est complètement naze et minable.

  • Bonjour,

    La violence n’est que le résulta de l’incompétence des uns et des autres à rétablir un rapport de force démocratique.

    Autrement dis le problème n’est pas la violence mais qui/quoi fait qu’elle advienne ?

    Hyoo

  • Quand on aura compris quels effets politiques désatreux produisent les Tiqqounneries (cad tout se qui tourne de plus ou moins près à l’idéologie délirante des "invisibles" et autres "insurrectionnalistes"), on aura fait un grand pas...
    L’État est en recherche constante de "terroristes" d’ultragauche ou d’ailleurs ; les émeutiers, avec des relents de sectes, cherchent des martyrs. Alpha et oméga d’un affrontement qui ;ne satisfait que ces 2 camps. Basta !

    Voir ce texte ici qui en dit beaucoup : http://nantes.indymedia.org/article/17653