Accueil > la propagande et l’ADN

la propagande et l’ADN

Publie le dimanche 11 octobre 2009 par Open-Publishing

La propagande est une méthode consistant à faire intégrer aux peuples des sentiments et des idées qu’ils n’auraient jamais été capables d’avoir seuls, de manière individuelle. La répétition et l’omniprésence sont le moyen conduisant à amalgamer sans cesse des comportements individuels avec ceux de masses, et qui finissent peu à peu par s’ancrer dans l’esprit des individus de manière trouble. La réaction d’un individu face à une masse provoque soit la fuite soit le rassemblement, et la force de la propagande est de rendre possible ce dernier. L’utilisation des médias de masse est un relais qui touche tant d’individus qu’il peut, s’il est utilisé à mauvais escient, provoquer des mouvements d’opinions tels qu’ils soient en mesure de prendre le caractère de « Vérité ».

C’est pour cela que les médias intéressent tant le pouvoir politique : lorsqu’il ne les contrôle pas, ils peuvent s’avérer un formidable ennemi. Mais lorsqu’il les possède, le pouvoir politique devient alors presque tout puissant. Une fois les médias sous son contrôle, le pouvoir politique devient capable de « faire l’opinion », ce qui autorise ensuite tous les débordements démocratiques : l’opinion censurant encore plus ou moins la politique menée par l’Etat, il est possible par le biais des médias de faire désirer au peuple des lois allant à l’encontre de son propre intérêt, et de transformer une démocratie en dictature de telle manière qu’il soit même possible de croire à la volonté qu’en aurait eu le peuple. Une fois l’opinion rendue inconsciente, c’est toutes les lois qui peuvent se trouver transformées selon l’apparente volonté du peuple.

Ces derniers temps c’est le fichage ADN revient sur le devant de la scène : face à quelques faits divers particulièrement sordides et inhumains, l’opinion est peu à peu galvanisée par la haine naturelle provoquée à l’écoute de ces drames affreux. Le fait de focaliser l’attention des peuples sur ce genre d’affaires (pourtant minimes du point de vue du nombre) revient à provoquer dans l’opinion la peur et la haine, et fausse ainsi leur jugement sur les solutions que les gouvernements proposent d’y apporter. Comme lors des « deux minutes de la haine » décrites dans 1984, les journaux télévisés jouent le rôle de “canaliseur” du corps social en lui fournissant les amalgames nécessaires à la colère du peuple.

Face à cette tension sans cesse renouvelée par de nouveaux drames mis en avant dans les médias le gouvernement se trouve alors en capacité de faire accepter à l’opinion publique des lois absolument liberticides au nom même de la liberté. Le fichage ADN en est une des plus dangereuses qui pourtant, dans la réalité, ne sauraient être d’aucune utilité à une quelconque amélioration de la sécurité des peuples. Pas besoin ni d’être un grand scientifique pour prouver mes dires, ni même d’une intelligence supérieure ; mais simplement de regarder les choses en face. Et regarder les choses en face, c’est juste se poser la question : que se passera-t-il une fois le fichage ADN mis en place ? les terroristes terroriseront-ils moins, les violeurs violeront-ils moins, les tricheurs tricheront-ils moins ?

Il suffit pour répondre de se mettre un peu à la place de ces derniers.
Les terroristes capables de se tuer pour accomplir leurs actes n’ont que faire d’un quelconque fichage, et rien dans l’ADN ne peut permettre de reconnaître un terroriste d’un autre individu.
Un violeur est paraît-il victime de pulsions, mais sait pourtant bien ce qu’il risque en accomplissant ses méfaits : ça n’a jamais empêché ni les meurtriers ni les violeurs de le faire, quand bien même la torture et la mort leur sont promis.
Les tricheurs sont dans le principe invisibles, car autrement ce ne sont que de piètres tricheurs. De tous temps ils échappent aux contrôles de toutes les mesures prises à leur encontre, et il ne peut en être autrement ; ceux qui fixent les règles du jeu étant d’ailleurs toujours les plus aptes à les déjouer.

Par contre, ce qui serait rendu possible avec ce fichage ADN, c’est de répertorier la population dans son ensemble, et d’être en mesure de la contrôler. Cela excepte les catégories susmentionnées, mais englobe le petit peuple. Celui qui serait capable de contester, voire d’appeler à la révolte. Car ce ne sont pas les actions individuelles qui seront menacées par l’établissement d’un tel fichage, mais les mouvements de masse. Couplés à une puce RFID, un gouvernement autoritaire serait en mesure d’établir sur les peuples un contrôle et une surveillance quasi absolus.

Les regroupements ethniques seront utilisés pour stigmatiser certains types de population, et les « fichés ADN » pourront à terme être directement surveillés par les milliers de caméras consultées par des délateurs en puissance qui, peur et haine à l’appui, s’empresseront de dénoncer tout comportement suspect ; surtout s’ils sont rémunérés pour cela, comme l’envisage l’Angleterre par l’intermédiaire de certains sites. On réglera l’immigration, et aussi l’émigration, en autorisant ou pas certains potentiels « terroristes » à certains déplacements, jusque sur le territoire national s’il le faut.

Bien sûr tout cela n’est que fantasme, et sans doute les volontés du gouvernement sont fort louables… mais alors, pourquoi, pourquoi personne ne s’interroge sur le fait que nos « élites » soient dispensées de se soumettre aux mêmes règles que celles auxquelles elles soumettent le peuple ? comment se fait-il que nos dirigeants se scandalisent devant le pouvoir d’internet qui, parfois, les montre dans des situations plus qu’embarrassantes, et autorisent pour les autres ce qu’ils ne sont pas prêts à accepter pour eux-mêmes ?

Et surtout, pourquoi personne ne le fait remarquer ? nos dirigeants seront-ils, comme dans 1984, les seuls à pouvoir échapper au contrôle total, et à pouvoir débrancher leur “télécran” sans risque de voir débarquer chez eux la police de la pensée ?

http://calebirri.unblog.fr