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B. Thibault "Compromis ne veut pas dire compromission"

Publie le lundi 9 novembre 2009 par Open-Publishing
19 commentaires

A un mois de l’ouverture du 49e congrès de la CGT, le 7 décembre à Nantes, Bernard Thibault expose les grandes lignes de sa stratégie. Candidat à sa propre succession au poste de secrétaire général, il doit faire face, en pleine crise économique, à une CGT qui doute. Certes, la confédération n’est pas menacée par la réforme de la représentativité qui est en train de rebattre les cartes au sein du monde syndical. Mais l’évolution "réformiste" de la CGT, sa stratégie unitaire qui a permis un rapprochement avec la CFDT, la stagnation des effectifs à 650 000 adhérents vont alimenter les débats à Nantes. Certain d’être réélu pour un quatrième mandat, M. Thibault va devoir construire une nouvelle direction, après les départs de ses "numéros deux", Maryse Dumas et Jean-Christophe Le Duigou, qui veulent laisser place à la relève.

Un candidat d’opposition - Jean-Paul Delannoy, métallurgiste du Nord - va se présenter contre le secrétaire général sortant. N’est-ce pas le signe que le mécontentement grandit ?

C’est une candidature individuelle, elle n’a pas été présentée suivant les règles statutaires, elle ne sera donc pas prise en compte. Jean-Paul Delannoy veut incarner une autre orientation pour la CGT. Ce débat sera réglé au congrès. Contrairement à lui, je suis persuadé que les salariés n’ont aucun doute sur la CGT, sa démarche, ses analyses et ses revendications. Sinon, on ne comprendrait pas pourquoi nous avons été les seuls à progresser aux dernières élections prud’homales (décembre 2008).

Les mots durs à votre égard du leader CGT de Continental, Xavier Mathieu, cet été, ont montré qu’il existait des impatiences, des doutes ...

Si les travailleurs doutaient de la CGT, il n’y aurait pas ce niveau d’attentes et d’exigences à notre égard. Il n’y a pas de divergence d’appréciation entre nous sur les impasses que génère le capitalisme. La question n’est pas de savoir si la CGT est ou n’est pas anticapitaliste : la CGT "combat l’exploitation capitaliste ". C’est dans l’article 1 de nos statuts et ils n’ont pas changé. Ce que veulent les salariés, c’est un syndicat utile pour améliorer leur sort ici et maintenant. Un syndicat composé d’une avant-garde éclairée serait marginalisé par la grande majorité des salariés et donc inefficace.

On vous reproche d’avoir transformé la CGT en un syndicat réformiste. Revendiquez-vous cette évolution ?

La puissance de la CGT doit être mise à profit pour accrocher des avancées sociales, même partielles. C’est cela que les salariés attendent de nous. A la création de la CGT, l’objectif était bien de modifier le rapport de forces entre salariés et employeurs, en forçant à la négociation. Parmi les critiques, nous entendons que la négociation avec le chef de l’Etat et le gouvernement serait par principe impossible. Cela signifie-t-il qu’il faut attendre un changement politique ou de société pour que les négociations soient envisageables ?

Notre objectif est d’être utile en toutes circonstances, sans ignorer que le contexte politique influe évidemment sur la possibilité d’être entendu. Parmi ceux qui critiquent les orientations actuelles de la CGT, certains sont en fait en mal de perspectives politiques et demandent au syndicat de combler ce manque. Quant au réformisme, c’est un débat philosophique vieux comme le syndicalisme. Classer les syndicats, les militants de la CGT est d’abord source de division. Ceux qui font signer une pétition ou qui occupent une entreprise ne se posent pas la question de savoir s’ils sont réformistes ou révolutionnaire : ils travaillent à la mobilisation.

Le "compromis" n’est plus un gros mot à la CGT ?

Compromis ne veut pas dire compromission. Il reflète un rapport de forces à un moment donné. Tout syndicaliste doit être à même d’apprécier, à l’issue d’une négociation, si le résultat améliore ou non la situation des salariés. Xavier Mathieu a signé un compromis dans son entreprise.

Certains de vos opposants craignent que la CGT ne devienne une CFDT bis...

Où serait l’intérêt pour la CGT à copier les méthodes, les objectifs de la CFDT qui, elle, a reculé aux élections prud’homales ? Je remarque aussi qu’un discours très vindicatif, comme celui de Force ouvrière, lorsqu’il n’est pas conforme aux actes, fait perdre en influence. La différence principale avec la CFDT tient au degré de critiques à l’encontre du système capitaliste. La CFDT, au fil des ans, a remisé au second plan son ambition de transformation de la société .Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y ait pas des choses à faire ensemble comme avec l’ensemble des syndicats.

Vous aviez critiqué le NPA et Olivier Besancenot pour leur ingérence dans le débat sur la stratégie syndicale. D’autres partis, comme le PCF, se permettent aussi des commentaires. Comment réagissez-vous ?

Que des responsables politiques s’intéressent à la stratégie des syndicats, pourquoi pas. La CGT est un objet public qui fait partie de l’identité nationale. Peut-être parce que c’est elle qui donne le la au syndicalisme français. Autre chose est que des partis prétendent dicter ce qui doit être notre ligne de conduite syndicale. Depuis que l’on a eu une rencontre avec le NPA, il y a moins de déclarations de sa part sur ce sujet. Le PCF respecte l’indépendance syndicale dans le dialogue nécessaire entre syndicats et partis politiques.

Avec un peu plus de 650 000 adhérents, vous êtes loin du million, objectif fixé voici deux congrès. N’est-ce pas un échec ?

C’est un échec. On atteindra peut-être les 45 000 adhésions pour cette année lors du congrès. Mais ce rythme n’est pas à la hauteur de nos ambitions. Pour améliorer leurs conditions, les salariés doivent être organisés, il n’y a pas d’alternative. La question des libertés syndicales reste récurrente : le patronat ne veut pas que le syndicalisme se développe dans les entreprises. La CGT a aussi une responsabilité. Nous sommes implantés dans les secteurs où l’emploi recule et absents des secteurs où l’emploi se développe. J’espère que ce constat occupera une place centrale au congrès pour faire évoluer nos structures.

Les suicides sur le lieu de travail se sont multipliés. N’est-ce pas un constat d’échec pour le syndicalisme ?

On ne peut pas tout mettre sur le dos du syndicalisme. La longue dégradation des conditions au travail est d’abord la conséquence d’une course à la productivité et d’une dévalorisation du travail et des travailleurs. Mais il faut probablement mieux articuler revendications collectives et prise en charge des situations individuelles.

Pourquoi refusez vous de participer au débat sur l’emprunt ?

On va faire payer aux contribuables le fait que les entreprises ont accumulé un retard d’investissement parce qu’elles ont privilégié leurs actionnaires . Il faut savoir ne pas perdre son temps . En plus, Nicolas Sarkozy a déjà tout décidé.

Propos recueillis par Rémi Barroux

http://www.lemonde.fr/societe/artic...

Messages

  • "Certain d’être élu" .Les jeux seraient-ils faits à l’avance ?

    • Ben euh... quand t’as qu’un seul candidat....à moins que la majorité d’entre nous, délégués au congrès, aient le courage de dire "on ne votera pas pour", on va voter "contre" et "démerdez vous avec ça"....sinon, je vois pas ce qu’il risque.

      L’enjeu de la candidature de JP delannoy n’est pas tant dans le SG que dans la formalisation d’une opposition interne.

    • Oui, mais on ne peut pas dire que la méthode personnelle militante de Delannoy soit porteuse d’une "formalisation d’une opposition interne"... Quelle légitimité démocratique a-t-il ?

    • On est ok Claude. Je l’ai moi même pensé longtemps et le pense encore en partie, car je déplore notamment l’absence totale de communication sur le fond, de projet alternatif, le manque d’engagements publiques (c à d "si je suis élu je ferais ce ci cela"), et le côté "moi et ma bande" me fait pas mal chier. D’un autre côté quels sont les moyens laissés à un opposant ou à un groupe d’opposants aujourdh’ui au sien de la CGT pour pouvoir présenter DÉMOCRATIQUEMENT une candidature qui ne soit pas celle de l’appareil ?? ça fait quand même réfléchir - il n’avait pas trop le choix. Faut en tenir compte aussi dans l’appréciation de l’action du camarade. LL

    • Ce que je voulais dire, c’est que si Delannoy devait incarner "la formalisation d’une opposition interne" il ne serait pas passé outre les structures auxquelles il appartient, sans emmener avec lui des camarades en nombre significatif. D’ailleurs, qu’en dit son syndicat ou sa section syndicale ?

      Cela étant, je n’en connais pas beaucoup sur ce camarade et peut-être me trompé-je.

    • Le problème n’est pas dans la candidature, statutaire ou pas, il est dans le choix d’orientations que se donnera la confédération lors du congrès. Que le
      SG soit Thibault ou un autre ce sont ces otientation qu’il faudra suivre et
      l’opposition,si opposition il y a,aura à s’exprimer et a voter lors du congrès.
      Le départ de Marise est quand même une perte sa combativité me réjouissait .
      JP

    • Connaissant Jean Pierre,je peux vous dire qu’il a le total soutient de son syndicat ,voir meme il l’on poussé a y aller.
      Toute une Région de Métallo sont derriere lui et maintenant l’interpro commence à le suivre car s’est un homme de terrain toujours là pour les Syndicats qui ont besoin de lui (il est responsable Nord pas de Calais de la Métallurgie).
      C’est sur que l’UD ne le suit pas car ils font partis de la bande à Thibault ,ce sont les rois des sales coups (un des pires l’ul de Douai).
      Donc je peux vous assurer que Jean Pierre et ceux qui l’entourrent savent de quoi ils parlent ,quand ils disent "CLASSE ET MASSE" !!!

      Salutations Révolutionnaires

      Jérôme de Douai

    • Salt lclaude

      encore une fois d’accord avec ce constat en partie, sauf que le pb est de ne pas être "blacklisté " de telle ou telle orga

      On a vu quand même ce qui s’est passé dernièrement avec l’UL de Douai que "menait" le regretté Jacques Leclerc.

      Et puis on le sait quand un opposant (disons un mino pas d’accord avec la ligne) ouvre trop sa gueule dans une orga "tenue par l’appareil" et il yen a la Cégète comme ailleurs, c’est facile de lui pourrir tellement la vie qu’il se trouve "dehors" même s’il avait voulu rester "dedans". Perso je l’ai vécu au PC - pas eu d’autre choix que de partir . Quand tu te fais insulter, pas convoquer, diffamer à chaque réunion ou AG et que tu es seul-e ou presque c un vrai pb.

      Mais à ma connaissance JPdelannoy est mandaté par son syndicat qui est je crois la CGT Bombardier non ?

  • a force de fréquenter ""les élites bourgeoises"" il en prend leurs habitudes...comme par exemple l’autosatisfaction ! en réalité, ce sinistre personnage traitre a souhait n’a qu’un but : celui de détruire la CGT comme syndicat de lutte des classes .
    il faut le foutre dehors et vous savez comment ? ?
    tous ensemble devans les portes du congrès a faire un bordel monstre tamtamq et banderolles
    avec incription : CASSE TOI PAUVRE CON !

  • La CGT face à l’"échec" des adhésions
    9 novembre 2009 - 19h57 - Posté par jean valjan - 90.**.6.***
    cette phrase du SG de la CGT est un non sens.. Si les gens ont voté pour la CGt c’est qu’ils croient encore que la cgt est un syndicat de lutte de classe.. Or depuis son adhésion à la CES et la CSI ( deux syndicat collabos crées pour lutter avec le capitalisme contre les syndicats de lutte de classe ) la CGt est devenu le syndicat des compromis avec le Gvt et le MEDEF, le tout en harmonie avec la CFDT pour donner le tempo des non lutte RDV à répétition sans lendemain ni coordination (toute l’année 2009 jusqu’à la manif travail décent )etc ; Le 49 ème congrès doit entériner quoi qu’il arrive cette évolution réformiste voir collaboratrice maintenant que la voie est dégagé par le traité de lisbone il n’y a plus qu’ a finir de flèxibiliser la classe ouvrière ..Les syndicats vont faire passer la pillule..

    Tout est prêt pour l’Europe libérale ! Il restait l’inconvénient au MEDEF et a L’UNICE d’avoir à faire à une CGT trop vindicative,(qui avait voté NON au TCE). Le problème va être réglé par ce congrès, qui va éloigner encore un peu plus les dirigeants des préoccupations de terrain des travailleurs avec ou sans emploi ("décent").

    La candidature "irrecevable" du camarade du Nord témoigne du malaise dans les rangs des militant(e)s chevronnés et la direction serait bien inspirée de tenir compte des avis qui circulent sur différents blog et sites d’asso .. la pirouette de Bernard qui nous dit on est les meilleurs et on a raison parceque les gens votent pour nous est une saccrée connerie... Je laisse volontairement de côté la quasi absence de concertation sur la désignation des délégués et l’absence de débat sérieux sur l’avenir du syndicalisme .

  • BT se gargarise à nouveau des "résultats" de la CGT aux prudhomales

    C’est le refrain que l’on serine dans toutes les instances pour justifier la ligne réformiste

    C’est une nouvelle fois l’aveu que dans les instances, on considère que l’on peut se passer d’adhérents et plus encore de militants, au profit de l’électoraliste et d’un populisme (position commune )

    Pas de quoi être fier, sauf des subventions versées, soit par l’Etat, ou par les entreprises privées comme Dassaut ou Axa : les adhésions ne représentent plus que 40% du budget confédéral

    25,5 % de participation des salariés à ces élections prudhomales en 2008 !

    et la bureaucratie de la CGT prétend que les salariés lui font confiance ?

    une "confiance" en chute libre depuis 30 ans, comme le nombre d’adhérents de notre confédération. La seule chose qui soit en croissance, c’est le nombre exponentiel de permanents. Cherchez l’erreur !

    • Pourquoi les travailleurs votent pour la CGT mais se syndiquent pas ?
      Beaucoup de gens votent CGT mais ne vont pas dans les manifs, ne font pas la grève et de plus vous demandent des comptes et véhiculent des idées fausses et par peur font ce que le petit chef de M.... leur impose ce qui est hors la loi.Alors ces "Branco di pécore" les soutenez vous toujours ? Alain 04

  • L’énorme échec de Thibault et des autres directions des confédérations c’est que face à une bourgeoisie sur-agressive qui veut tout la logique dite "du compromis" ne permet de fait aucun compromis, sauf celui de la défaite.

    La ligne Thibault, qui rejoins pile poil celle de Chereque et des autres ne marche pas et est un échec.

    Ils n’obtiennent aucun recul des agresseurs.

    Face à une classe bourgeoise en guerre ouverte, méthodique et sans pitié, contre la classe populaire moderne , si les confs veulent la paix il leur faut préparer la guerre.

    Mais bon, ce n’est pas faisable avec les dirigeants actuels. la preuve en est sans cesse assénée ...

    Un peu de champagne encore ?

    • bravo la langue de bois.

      650000 adhérents, mais y croyait quoi avec sa politique de com pro mission qui n’est pas chose dûe

      Delannoy, ben c’est pas statutaire, donc qu’il ferme sa gueule

      Mathieu, il a trop d’attente de la CGT, ben voyons un syndicaliste quand ça attend d’être soutenu on le plante faut pas déconner.

      les résultats au prud’homale est bon oui mais y a quoi en face ?

      Les suicides au travail, la France est le seul pays d’Europe où les syndicats n’ont pas négocier les organisations du travail et les limites au stress au travail.
      De plus j’ajouterais, que les syndicats pendant longtemps dans les années 2000 ont considéré que c’était de la faute des salariés s’ils étaient harcelés.

      A la création de la CGT, l’objectif était bien de modifier le rapport de forces entre salariés et employeurs, en forçant à la négociation.Faux il faut revoir l’histoire de la CGT, sa création était l’expropriation des capitalistes et l’appropriation des moyens de production par les salariés, afin d’abolir le salariat.

      BT, il ne faut modifier l’histoire comme le fait Sarko