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Élections régionales : quelle politique unitaire  ?

Publie le dimanche 22 novembre 2009 par Open-Publishing

Face à la politique de la droite, l’unité doit être sans concessions vis-à-vis de la gauche de gestion et de renoncement, incarnée par le PS et Europe Écologie.

Tout au long de ces derniers mois, le NPA a mené une politique unitaire offensive, et c’est lui qui a été à l’origine de la première réunion unitaire. Il ne s’agit pas d’une quelconque posture visant à démontrer on ne sait quoi, mais bien de la compréhension qu’une telle politique est une nécessité profonde et durable.

Dans une situation marquée tout à la fois par la crise globale du capitalisme, une politique brutale de la droite sur le terrain social comme sur les questions des droits démocratiques et la démission des forces traditionnelles du mouvement ouvrier syndical et politique, il importe d’apporter des réponses à la hauteur des enjeux. Il s’agit pour nous de mener un combat frontal contre la politique du gouvernement dans l’indépendance politique vis-à-vis de la gauche de renoncement et d’adaptation au système incarnée par le PS ou Europe écologie.

Mais l’unité s’entend pour nous avec un contenu. Pour ces élections, il nous faut de manière indissociable lier un positionnement anti-crise et anti-droite, la défense sur les terrains programmatique et stratégique d’une orientation clairement alternative à la gestion socialiste des régions.

Du côté du PCF, la position est claire, pas d’accord possible avec le NPA. Les multiples déclarations de ses dirigeants ne laissent aucune ambiguïté sur le sujet et c’est pour des raisons politiques de fond que le Parti communiste nous évince aujourd’hui du cadre unitaire. Le préalable mis par ce parti, la gestion commune des régions avec le Parti socialiste, est inacceptable pour le NPA.

Ce n’est pas une coquetterie de notre part vis-à-vis d’un PS abstrait, mais l’appréciation du cours de ce parti, des politiques qu’il défend. C’est peu dire que nous sommes en désaccord avec le bilan de la gestion socialiste dans vingt régions. Il s’agit par exemple des multiples subventions publiques à des grands groupes privés ou le financement de la formation professionnelle contrôlée par le Medef, pour ne prendre que ces deux exemples. La cerise sur le gâteau, c’est l’évolution même des débats au sein du PS avec la perspective de nombreuses alliances avec le Modem au deuxième tour des élections régionales.

Là encore, il ne s’agit pas d’un procès d’intention, mais d’une politique d’ores et déjà annoncée par de nombreux présidents socialistes sortants. Pour notre part, nous avons la volonté d’appliquer les points essentiels de notre programme, pas de faire le contraire de ce pourquoi nous sollicitons les suffrages des électeurs. C’est aussi avec cette vieille pratique qu’il faut rompre, si l’on souhaite réellement susciter un renouveau à gauche.
Le PCF participe à la gestion de seize régions et entend continuer, voire étendre cette politique. Il l’a dit et redit avec une belle constance. Ce n’est pas, ce ne sera pas notre orientation. Fondamentalement, c’est pour cette raison que depuis deux mois, le PC a refusé toute discussion programmatique. Et il y a bien évidemment un lien entre programme et stratégie : ou bien défendre une politique de rupture avec le système, ou bien un programme « socialo-compatible », il n’y a pas moyen de ruser, car pendant la campagne électorale, la gestion va continuer.
Dans le cours même de la discussion, nous avons essayé de lever les obstacles à un rassemblement de l’ensemble de la gauche antilibérale et anticapitaliste à ces élections. Certains auront même trouvé que nous sommes allés trop loin dans les concessions. Mais parce que nous souhaitons réellement l’unité, nous avons modifié nos positions en cherchant des compromis (*). Il n’est en revanche pas possible d’accepter l’oukaze du PCF. Ce dernier porte donc la responsabilité du processus d’éclatement du cadre unitaire.

Pour ces raisons, disons-le clairement, les possibilités d’un accord national sont aujourd’hui réduites. Mais que ce soit au niveau national ou dans les régions, le NPA, dans les semaines qui viennent, poursuivra les discussions en cherchant à rassembler toutes les forces disponibles pour une telle politique. Ni adaptation au cadre proposé par la direction du PCF ni satisfaction d’un repli solitaire, qui ne constitue pas notre politique. Voilà les deux écueils qu’il faut éviter.

Guillaume Liégard

Voici la proposition que le NPA a faite lors de la réunion du 16 novembre où le Front de Gauche n’est pas venu :
"La possibilité de participer aux exécutifs régionaux dépend donc des rapports de force politiques et sociaux qui conditionnent la politique qui pourrait y être réellement mise en œuvre. Nous avons la volonté d’appliquer les points essentiels de notre programme, pas de faire le contraire de ce pourquoi nous sollicitons les suffrages des électeurs. Nous refuserons donc de participer à un exécutif dominé par le PS ou Europe Ecologie qui mènerait une politique libérale conforme aux exigences du patronat et de l’Union Européenne. Nous refuserons bien évidemment toute alliance avec le Modem ou une quelconque organisation de droite. Notre campagne, comme notre politique si nous sommes élus, n’ont pas d’autre objectif que de permettre aux travailleurs et aux classes populaires d’imposer leurs exigences contre la politique du patronat et de la droite, de porter ces exigences.
Dans le cadre des mesures d’urgences contre la politiques des classes dirigeantes face à leur propre crise, nous proposons quelques mesures de rupture, sur lesquelles nous ferons campagne et que nous sommes prêts à porter dans les conseils régionaux en aidant les mobilisations et en nous appuyant sur elles :
 les transports gratuits et 100 % publics,
 le refus des subventions au patronat et la récupération des aides versées aux entreprises qui licencient,
 un service public de la formation professionnelle et l’arrêt du financement de la formation contrôlée par le Medef, -
 l’arrêt des fonds publics pour les lycées privés, le refus de la précarité pour les personnels des régions…

C’est sur ces points clés programmatiques que s’établit notre stratégie dans les conseils régionaux . Notre campagne comme la politique de nos élus viseront à créer les conditions de leur mise en oeuvre."

Il est tout de même significatif qu’au plan national, personne ne veuille de cette formulation qui représente de la part du NPA une concession de taille. La raison de fond, c’est que le PCF a justement une longue tradition de gestion conforme aux exigences du patronat et de l’UE. Il a participé de nombreuses fois à des gouvernements dominés par les socialistes, que ce soit à la tête de l’Etat ou, actuellement, dans 16 des 22 régions. Il ne veut ainsi rien écrire qui l’empêche de continuer. Pourquoi les autres partenaires n’osent refuser cela ? C’est bien dommage.

Considérant qu’il n’était en fait pas invité à une réunion excluant explicitement d’un point de vue "stratégique" sa démarche concernant les exécutifs de région, le NPA n’était pas présent à la réunion du 18 novembre convoquée par le Front de Gauche.