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Thibault : "Je n’ai passé aucun deal avec Sarkozy"

Publie le lundi 7 décembre 2009 par Open-Publishing
11 commentaires

de Olivier Auguste et Marc Landré

INTERVIEW - A quelques heures de l’ouverture du 49e congrès de la CGT, à Nantes, le secrétaire général répond à la tendance « dure » du syndicat, qui juge qu’il « fréquente » trop l’Elysée.

LE FIGARO. - Les syndicats ne sont plus capables de parler d’une seule voix alors que le chômage grimpe toujours. L’unité est-elle morte ?

BERNARD THIBAULT- Le premier semestre 2009 a été caractérisé par des journées de mobilisation exceptionnelles et par de nombreux conflits disparates. Nous avons ensuite buté sur un problème structurel : la faiblesse de l’implantation syndicale dans les entreprises. Et l’attitude de certaines centrales, FO en tête, n’a pas aidé à maintenir l’unité. Mais aucune organisation n’a aujourd’hui la capacité d’inverser seule le cours des choses. Nous avons donc intérêt à poursuivre dans cette démarche d’unité pour peser face au gouvernement et au patronat.

Que retenez-vous de votre action, depuis dix ans à la tête de la CGT ?

Une grande majorité pensait en 1999 que la mort, même lente, de la CGT était inscrite. Non seulement nous avons démenti les pronostics les plus sombres d’une CGT marginalisée et symbolique, mais nous avons au contraire réussi au fil des ans à affirmer notre statut de syndicat français de salariés le plus influent. Cela ne doit pas pour autant nous rendre euphoriques. J’annoncerai aujourd’hui en introduction du congrès que nous sommes 654500 adhérents, soit autant qu’il y a dix ans. Nous ne pouvons pas nous en satisfaire. Cela veut dire néanmoins que, compte tenu des changements intervenus dans l’économie depuis dix ans, nous avons réussi à nous implanter, même faiblement et insuffisamment, dans de nouveaux secteurs.

Pourquoi avez-vous du mal à vous implanter dans le privé et les PME ?

La trouille reste le principal obstacle à un salarié qui songe à se syndiquer ! On ne reproche jamais à un médecin, un avocat ou une entreprise d’adhérer à un syndicat, mais on ne l’admet pas d’un salarié. La discrimination syndicale est un frein objectif. Par ailleurs, l’écart se creuse de plus en plus entre les lieux où nous sommes implantés et ceux où le salariat se développe. Nous devons donc revoir notre organisation interne pour coller mieux à la réalité du terrain. Tous nos syndicats devront réfléchir à leur périmètre. L’avenir n’est pas à un corporatisme poussé à l’extrême mais à la définition d’un rapport de forces plus large qu’aujourd’hui.

Vous parlez de réforme de structures, mais ne faut-il pas surtout changer les pratiquessyndicales ? Une nouvelle grève commence samedi à la SNCF : comment le salarié du privé bloqué sur un quai de gare peut-il avoir envie de se syndiquer ?

Je vous rassure tout de suite : le même salarié s’adressera à la CGT dès que son emploi sera menacé ! Et ce, même s’il subit parfois les conséquences d’une grève qu’il lui arrive de comprendre et de soutenir.

La CGT s’affiche de plus en plus avec la CFDT. Jusqu’où ira votre duo avec François Chérèque ?

C’est la CGT qui se rapproche de la CFDT ou l’inverse ? La CFDT m’a invité à débattre de l’avenir du syndicalisme lors de son université d’été. Il y a quelques années, elle était persuadée d’incarner seule cet avenir… Peut-être se dit-elle que la CGT n’a pas tout faux dans ce qu’elle dit et fait.

Le rendez-vous 2010 sur les retraites ne va-t-il pas faire exploser cette entente, comme le précédent, en 2003 ?

Les retraites ont toujours été un sujet de clivage entre nous et il est possible qu’elles le soient encore. À chaque fois que les organisations syndicales se sont présentées en ordre dispersé, l’addition a été salée pour les salariés. Jamais la CGT n’acceptera une remise en cause de la retraite à 60 ans, comme le souhaite le Medef. Les retraites sont un sujet qui a toujours mobilisé les Français, et les gouvernements y ont laissé parfois plus que des plumes. Nous serons donc présents au rendez-vous, avec des propositions.

L’équité entre retraites du public et du privé va revenir en débat. Quelle sera votre position ?

Le président de la République, qui se félicite d’être le premier à avoir retouché les régimes spéciaux, a vendu cette réforme à l’opinion en se basant sur le principe d’équité. Il ne pourra pas nous faire deux fois le même coup, la cartouche a déjà été utilisée.

Nicolas Sarkozy a déclaré mardi que la France pouvait être « fière de son mouvement syndical » qui n’a pas « cédé à la démagogie ». Vous le prenez comme un compliment ou cela vous gêne ?

Le chef de l’État aurait tort de croire que le climat social s’est amélioré en se basant uniquement sur l’absence de grandes mobilisations nationales. Il y a aujourd’hui un vrai climat revendicatif dans notre pays, même s’il est plus diffus qu’au premier semestre. Et il s’en rendra compte tôt ou tard.

Les propos du président sous-entendent que vous avez efficacement canalisé la colère des salariés. Considérez-vous que c’est votre rôle ?

Notre boulot est de faire en sorte que les salariés ne se cantonnent pas à exprimer leur colère mais qu’ils l’expriment en revendications et obtiennent des résultats.

Certains militants vous reprochent de négocier sans réserve avec Nicolas Sarkozy. Que leur répondez-vous ?

Certains pensent qu’il ne faut pas discuter avec le président actuel parce qu’aucune de nos revendications ne peut, par principe, trouver de réponse satisfaisante. Dois-je attendre 2012 ou plus tard, qu’un autre occupe le poste, pour essayer d’améliorer la situation des salariés ? Ce n’est pas l’histoire ni l’identité de la CGT. En même temps, le président raisonne en termes de rapport de forces sur tous les sujets. Si on veut que nos propositions soient examinées avec sérieux, il faut afficher une mobilisation de haut niveau.

Vous parlez de rapport de forces, mais on vous prête des « deals » avec le chef de l’État. Dernier en date : vous auriez validé la nomination d’Henri Proglio à EDF…

On m’attribue des phrases entre guillemets qui sont pur mensonge. J’aurais aussi dit au chef de l’État, lors de la réforme des régimes spéciaux : « Donnez-moi quatre jours et je mets fin à la grève. » C’est totalement faux. Certains cherchent à instaurer du doute sur la loyauté du secrétaire général de la CGT. Je mets au défi quiconque d’en apporter la preuve : j’ai été fidèle aux orientations fixées par le précédent congrès et en aucun cas coupable ou responsable de quelque « deal » que ce soit avec le président de la République, avec un ministre, avec un conseiller de l’Élysée, ou avec quiconque.

Qui voudrait « instaurer le doute » ? L’extrême gauche, le NPA, parfois soupçonné de vouloir infiltrer la CGT ?

Dès lors que vous occupez la première place, on cherche à vous déstabiliser. Mais je n’interprète pas les critiques comme quelque chose de structuré politiquement. Et, de toute façon, je n’ai aucune inquiétude : les premiers qui auraient la tentation de vouloir structurer la vie interne de la CGT sur des bases politiques seraient combattus par la grande majorité de nos militants et de nos adhérents. Il y a à la CGT une pluralité d’opinions qui s’exprime, d’autant plus que la majorité de nos adhérents n’appartient à aucun parti politique. Ce qui fait la force de la CGT est de pouvoir afficher son indépendance vis-à-vis de quelque parti que ce soit. Quant au NPA, il nous est arrivé récemment de faire une mise au point avec Olivier Besancenot, qui, en tant que responsable politique, prétendait s’ériger en professeur syndical. Et je note que ça va beaucoup mieux depuis.

Est-ce votre dernier mandat ?

La question se posera un jour ou l’autre mais pas aujourd’hui.

Vous n’aurez en tout cas que 53 ans à l’issue de votre prochain mandat. Y a-t-il une vie après qu’on a été secrétaire général de la CGT ? Retournerez-vous à la SNCF réparer des trains ?

Les matériels que je réparais n’existent plus ! Cela dit, j’espère bien qu’il y a une vie après, même si je n’ai pas le temps d’y réfléchir pour le moment. J’ai cet avantage d’être issu d’une entreprise à statut public qui assure une reconversion professionnelle à ses syndicalistes. Je ne serai pas à la rue, je demeure cheminot.

http://www.lefigaro.fr/politique/2009/12/06/01002-20091206ARTFIG00138-thibault-je-n-ai-passe-aucun-deal-avec-sarkozy-.php


Comment Thibault a verrouillé son congrès

Par Marc Landré le 6 décembre 2009 18h21

ON AURAIT TORT de surestimer l’opposition interne à la ligne réformiste défendue par Bernard Thibault. Et ce n’est pas lors du 49è congrès de la CGTqui s’ouvre lundi à Nantes que l’on aura l’occasion de la mesurer. Certes, les Xavier Mathieu, Jean-Pierre Delannnoy et consorts ne manqueront pas de faire entendre leurs voix discordantes en prônant le retour à un "syndicalisme de classes" - ils tiendront d’ailleurs mercredi à Nantes un contre-congrès qui attirera, n’en doutons pas, beaucoup de médias. Mais il est peu probable que leurs positions se reflètent dans les votes du congrès par ailleurs crucial pour l’avenir de la centrale. Et ce, pour quatre raisons, développées la semaine dernière par trois experts de la CGT lors d’une rencontre avec l’AJIS.

Primo, 65% des 1000 délégués habilités à voter lors du congrès (le bilan d’activité, le document d’orientation, le nouvel exécutif...) sont des "primo-délégués" qui connaissent mal les rouages internes. "Ils ne seront pas au fait des discours codés et des pratiques internes", prévient la sociologue Sophie Béroud qui enseigne à l’université Lyon II.

Deuzio, tous les délégués ont été triés sur le volet, selon un processus et des critères de sélection très encadrés par l’exécutif de la confédération. On voit mal dès lors Bernard Thibault et ses amis se tirer une balle dans le pied en retenant une majorité d’opposants parmi les participants au congrès. "Les délégations qui sont envoyées au congrès sont toujours très contrôlées et maitrisées", confirme Jean-Marie Pernot, chercheur à l’IRESet fin connaisseur des us et coutumes de la centrale de Montreuil.

Tertio, l’opposition au secrétaire général actuel est très disparate et hétérogène. Elle est soit politique, soit fédérale, soit sur des questions de personnes, soit idéologiques. Peu de choses en fait réunit les anti-Thibault et rien n’a été préparé en amont du congrès pour maximiser leurs chances de succès. Pour preuve, la moitié des amendements déposés au document d’orientation - la Bible du syndicat pour les trois ans à venir - ne sont que des "copier-coller" des amendements déposés lors du congrès précédent, à Lille, en 2006. "Cela démontre un recul de la préparation", note Jean-Dominique Simonpoli, directeur du centre de réflexion Dialogues, certain de surcroit que la grande majorité des documents envoyés en vue du congrès n’ont pas été lus par les adhérents. Pour cet ancien secrétaire général de la fédération des services financiers de la CGT, "l’opposition risque donc d’avoir une expression orale forte mais leur tendance ne se reflètera pas dans le résultat des votes."

Quarto, la direction a une longue pratique des oppositions internes et sait très bien comment les canaliser. "L’exécutif va étouffer la discussion et ne soumettra au vote que des amendements sur lesquels elle sera certaine d’obtenir un haut score d’approbation", ajoute Jean-Dominique Simonpoli.

Bernard Thibault devrait donc au final survivre sans trop de casse à sa semaine nantaise. Seul candidat à sa succession, il sera sans surprise investi vendredi pour un quatrième - et normalement dernier - mandat de secrétaire général. On pourra en fait approcher le poids de l’opposition interne dans le résultat du vote du rapport d’activité - et notamment en regardant le pourcentage de délégués qui ne prendront pas part au vote - et du document d’orientation. Mais que les inquiets se rassurent : dans les deux cas, les scores qui seront affichés, sans être staliniens, ne devraient pas être inférieurs à 70%. En politique, on parlerait de plébiscite...

Pour en savoir plus, lire l’interview de Bernard Thibault réalisée jeudi avec Olivier Auguste et à paraitre lundi 7 décembre dans Le Figaro.

http://blog.lefigaro.fr/social/2009/12/cgt-comment-thibault-a-verouil.html


remarque : je n’aime pas trop reproduire le Figaro.

Mais :
 B.T. y donne une interview
 Marc Landré est un excellent journaliste, à mon avis, et très bien informé

Messages

  • Bof,bof !Maintenant au boulot,sans chérèque.....momo11

  • (...)

    la lutte des places

    (...)

    (insultes effacées... BC)

    • je ne crois pas que ce soit en insultant les militants CGT de "pourris" que l’on fera avancer les mobilisations, ni que l’on pourra stopper le réformisme ambiant dans la CGT actuelle

      Quand vous affirmez

      la gamelle est bonne pour lui et tous les électeurs a ce congrès

      Avez-vous une preuve quelconque de ce que vous affirmez contre les camarades qui participent au congrès ?
      Si oui, donnez vos sources ! Sinon, taisez vos insultes

      Si vous voulez lire des critiques à chaud, allez par exemple sur le blog des militants CGT de ou va la CGT

      salutations militantes

      P. Bardet, militant CGT

    • Si vous voulez lire des critiques à chaud, allez par exemple sur le blog des militants CGT de ou va la CGT

      ici sur Bellaciao c’est non plus pas mal... on peux trouve plein des infos a propos de la CGT tu ne pense pas Patrice ?

      RF

    • Dire que la CGT est une organisation bureaucratique qui a trahi la classe ouvrière en 1968 et qui est toujours dirigée aujourd’hui par des traîtres, est-il vraiment une insulte ?
      Des oppositions dans la CGT il y en a eu depuis belle lurette. Et à chaque fois, bien sûr, "on allait voir ce qu’on allait voir". Rien n’a changé et les "contestaires" sont toujours repartis, fétichistes invétérés, en se disant que "ça a quand même évolué". Foutaise !
      Niant un passé fait de trahison de bureaucratie, de stalinisme,ce que je trouve indigne, de la part d’un salarié français, c’est d’être adhérent à la CGT.

      P.S. : J’ai vécu en Seine Saint-Denis et j’ai été salarié toute ma vie. Ceux qui veulent répondre par des discours ouvriéristes vont se faire ramasser

    • un bon site très complet mais pas encore assez connu le : front syndical de classe"
      Nous tentons nous organisés dans la CGT de la ramener vers un syndicalisme de lutte de classe sans fractionnisme ni scissionisme . Ce" site est l’expression de syndicats et de syndiqués qui ne se retrouvent pas dans l’accompagnement du capitalisme on invite tout les syndiqués même si ils le sont dans des organisations autres que la cgt à nous rejoindre . Ils ont qq coups d’avance et les moyens des médias libéraux une l’opinion publique manipulée mais rien n’est perdu . Uls étaient une poignée à la création de la CGT et on continuera le travail ...

    • Les citoyens qui "morflent" ils faut qu’ils se syndiquent CGT et qu’ils prennent la direction des luttes. Trop facile de voter, de déléguer ou de faire confiance. il y a trop de "pleurnicheurs et pas assez de "combattants"......Alors on continue à aboyer, à critiquer, à appeler à la grève générale (avec qui) ou vous prenez votre courage à deux mains pour faire le tour des "boites" pour aller syndiquer et former les citoyens à une conscience de classe. Le CGT ne peut pas remplacer les partis politiques de "GAUCHE" en disgrâce, éclatés, non crédibles et parfois répulsifs.

      Alors OUI, quand il y aura un véritable projet politique pour le peuple, OUI, les consciences s’éveilleront......

      LA CGT J’Y SUIS ET J’Y RESTE

    • Ecoute bien mon camarade

      Ne commence pas à faire la morale aux internautes ici pour les museler, tu ne pourras pas et tu ne vas pas rester longtemps.

      On en a bouffé pendant 5 jours des gens comme toi qui nous expliquent la bouche en coeur après 6 mois d’adhésion à la cégète, pleins de la foi des convaincus, que si on n’arrive pas à créer des bases syndicales dans les PME c’est qu’on bosse mal....etc etc et que Bernard est beau le congrès a tjs raison etc...

      Bon ben ça à Nantes ça marchait très bien ici ça marche pas. Ok ?

      Donc tes tirades moralistes que tu colles partout sous chaque article relatif à la CGT, tu te les gardes sinon ça va vite énerver.

    • bah, oui, c’est plus que bien

      Je n’ai jamais dit le contraire.

      Bellaciao n’est pas le seul site critique et militant
      Alors, autant faire connaitre aussi les autres : cela ne fait de mal à personne, bien au contraire


      Au 13 janvier à Amiens, Ensemble !

      meilleurs voeux à l’équipe qui anime le site

      Chapeau bas...

    • Slt Patrice, et bonne année

      "où va la CGT", c’est VRAIMENT pas mon truc, et voir de la pub pour ce site sur BC m’ennuie .... 4 personnes de la secte "Voie prolétarienne" qui se la racontent genre "NOUS on représente la VRAIE opposition dans la CGT "et genre "on est obligés de témoigner anonymement dans Marianne" pour déblatérer sur son orga’, ça me laisse plus que froide.Voire carrément sceptique.

      "Accessoirement", BELLACIAO n’est pas dans leurs liens, et ne l’a jms été, pas de réciprocité donc, et ils ne se privent pas quand ils peuvent nous envoyer des coups de griffe, vue que nous ne sommes que de sales petits bourgeois socio-traîtres, pour ces phares de la pensée communiste révolutionnaire.

      Alors Patrice, sois sympa, évite nous la pub de ces personnes sur le site, MERCI.

      LL