Accueil > ONDE DE CHOC DU REFERENDUM EN MARTINIQUE

ONDE DE CHOC DU REFERENDUM EN MARTINIQUE

Publie le lundi 11 janvier 2010 par Open-Publishing
7 commentaires

Lu sur le blog de Chien Créole :

LES MARTINIQUAIS ONT DIT NON MERCI

Ainsi donc le "non" l’a très largement remporté en Martinique et en Guyane qui se voyaient proposer un statut d’autonomie avec l’article 74. Je ne m’attarderai pas sur les conséquences de ces référendums dans ces deux départements d’Outre-mer, car en toute honnêteté, je méconnais profondément les logiques qui ont conduit à ce résultat et les traces qu’elles vont laisser. Peut-être notre correspondant Moun Isi se risquera-t-il à une analyse de cet échec. Je me bornerai pour ma part à analyser succinctement les répercussions possibles pour la Guadeloupe et les perspectives d’autonomie que cela laisse.

Ecarté

Le premier constat, c’est que les élus guadeloupéens qui ont demandé à Sarkozy un moratoire de dix-huit mois pour prendre leur décision doivent se frotter les mains de ne pas s’être précipité dans ce qui est devenu un fiasco. En 2003, pour une consultation plus ou moins similaire, la Martinique avait obtenu beaucoup plus de points en faveur du "oui" que la Guadeloupe, ce qui n’avait pourtant pas suffi à constituer une majorité. Cette fois, la démarche a été initiée par les élus martiniquais, en 2008, alors qu’en Guadeloupe, cette proposition de référendum a été décidée par Nicolas Sarkozy. Autrement dit, si cette question avait une légitimité certaine en Martinique, ce n’était pas le cas en Guadeloupe où le LKP, dès le début a dénoncé une tentative de diversion de la part d’un pouvoir cherchant à esquiver les questions restées en suspens depuis les 44 jours. En 2003, il a manqué environ un millier de votes pour que le "oui" l’emporte en Martinique ; cette fois, au moins, c’est plus net : environ 80 % des électeurs, avec un taux de participation avoisinant celui des dernières élections présidentielles, ont voté "non". Semblable référendum, si la Guadeloupe y avait participé, n’aurait probablement pas obtenu 10% de "oui" pour les raisons que je viens d’évoquer ! Il est donc désormais exclu qu’au terme du moratoire, Lurel et Gillot demandent une évolution statutaire. C’est un premier enseignement.

Un chemin différent pour la Guadeloupe ?

Même si le LKP était opposé à aborder la question de l’article 74 en l’état et si l’UGTG était sans ambiguïté sur cette ligne, on peut malgré tout imaginer que cette forte réticence de la population envers une évolution statutaire va mécaniquement affaiblir les indépendantistes au sein du LKP et provoquer un mini rééquilibrage d’influence à la faveur des autres tendances. C’est du moins probable.

Et puis du côté institutionnel, l’article 74 prévoyant un renforcement du pouvoir local et la fusion en une assemblée unique, donc aux pouvoirs accrus, avait de quoi susciter l’intérêt des politiques de tout bord. Le fait que cette option soit écartée en Guadeloupe va dans une certaine mesure dégager le champ et cesser d’accaparer les esprits et les énergies. C’est une opportunité pour se recentrer sur les questions fondamentales, celles des 146 points de la plateforme de revendication. Une fois les réponses apportées, et si cette ébauche de réflexion se poursuit pour aboutir à un projet de société, la Guadeloupe choisira, si elle le souhaite l’outil ad hoc pour le mettre en application. C’est un chemin plus long mais la démarche aura du sens. Si elle s’engage dans cette voie, la population aura été partie prenante depuis le premier jour du processus et l’autonomie ne sera pas une fin en soi, mais un moyen dont tous comprendront l’utilité. Cette condition est certainement la clé du succès d’une telle entreprise. Entre temps, les élus devront faire la démonstration qu’ils sont dignes de la confiance qu’on pourrait être amené à leur accorder. Et pour y parvenir, il va falloir un sacré changement d’attitude afin de combler le gouffre qui les sépare aujourd’hui de la population. Ce sera sans doute là la partie la plus ardue…

FRédéric Gircour (chien.creole@gmail.com)

Messages

  • De quoi voudrait on s’étonner ? , le non était déjà gagné d’avance !
    On ne fais plus la révolution , même si c’est la révolution des mentalités comme dans les années 1960.
    Les Antilles sont tellement dans la société de consommation, dans la religion, c’est pas à mettre en second plan et à quand les dirigeants du lkp ou autres le comprendrons ? Ca prendra du temps , il faudra des expliquations sur " comment faire autrement " et d’une autre facon que celle des grêves générales . Ecoutez les gens !!!! c’est pas les revendications et l’idée même politique qui est fausse mais bien la facon de le faire comprendre, ressentir à la population. Pas les Antillais qui n’ont rien compris mais les dirigeants des mouvements qui n’ont pas été à la hauteur, ou est l’autocritique ?
    A vouloir aller trop vite, trop dur, face à un mur de peur, il faut casser le mur par ses fondations et même si cela prend du temps.
    L’éducation idéologique est pour tous !!!! et le ché est mort depuis longtemps.
    Informer, communiquer, boycotter, grêves ciblées , sans trop de problème pour la population ( il y a moyen !). Tout est à refaire et on ne va pas appeler à une greve générale puis quelques jours après dire le contraire...
    Question à qui doit on le résultat des votes ?

    • Voilà une approche bien sympathique, et très "démocratique" à la mode de Moscou d’avant 1989 :

       les électeurs n’ont rien compris, ils sont nuls

       le bien du peuple doit lui être imposé par des gens plus intelligents que lui, et qui eux ont tout compris

       si le choix des électeurs n’est pas celui que les "gens intelligents" veulent, c’est qu’ils ont peur, pas parce qu’ils ont réfléchi.

      Ca c’est du totalitaire bon teint, bien net, de la bonne "démocratie" telle qu’on peut l’attendre de ceux qui appellent de leurs voeux autonomie ou indépendance.

      Allons, Bon Couillon de Peuple, vote pour moi, je te promets des lendemains qui (dé)chantent.

      Vive le respect ! Et merci pour l’avertissement gratuit. si d’aventure on avait eu un doute ...

    • Donc, tout comme la Corse en 2003, la Martinique et la Guyane ne veulent finalement pas être une collectivité autonome. Beaucoup de bruit pour rien. Et je pense que les Guadeloupéens seront du même avis. Je comprend mieux maintenant pourquoi Domota n’était pas chaud pour qu’il y est un référendum là-bas. Il a peur du résultat qui l’affaiblirait.

    • Attention à ne pas faire les questions et les réponses à la place des antillais.

      Les Martiniquais et les Guyannais n’ont pas dit qu’ils refusaient plus d’autonomie mais qu’ils refusaient les conditions dans lesquelles Sarkozyvoulait leur donner plus d’autonomie.
      Rejet de l’article 74 ne veut pas dire rejet de plus d’autonomie, rejet des conditions imposées par Sarkozy je vous le rappelle ne peut pas être synonyme de rejet d’un processus amenant à plus d’autonomie.

      Quant à Domota, il a raison d’avoir refuser ce que Sarkozy voulait imposer au peuple guadeloupéen. Ce n’est pas à l’état français de décider quand, comment, et par quel article de loi les guadeloupéens doivent aller vers l’autonomie d’autant plus que c’était une manière de court-circuiter le LKP dont la légitimité n’est plus à démontrer. Encore 25000 personnes dans les rues à l’appel du LKP il y a quelques jours sur 400000 habitants.

      D’autant plus que les antillais, à juste titre se sont méfiés de ce que le pouvoir Sarkozyste toujours en pointe quand il s’agit de rogner sur les droits sociaux avait derrière la tête en leur proposant d’aller vers plus d’autonomie.
      Il est évident que quand le peuple antillais s’est rendu compte que pour toute réponse concrète à la grève de plusieurs semaines pour réclamer une réponse concrète à la misère sociale, la fin de la "pwofitasion" et de la main mise des békés sur l’économie des iles, le gouvernement a sorti de sa poche l’article 74 tout en trainant les pieds pour appliquer les réformes exigées, les antillais ont du se dire qu’il y avait un piège.

      Maintenant, je ne connais pas assez la situation là-bas pour en dire plus. Mais merde à ceux qui se font donneurs de leçons et qui méprisent le peuple.

    • la bourgeoisie noire a abdiqué ses véléités indépendantistes qui la travaillait dans les années70 .. Personne ne peu prendre le relai et les cordons de l’argent dit "braguette" est à Paris pas à Fort de France ...la peur de la misère des voisins fait le reste ... Bye bye

    • Quant à ta vision à toi, elle me fait penser à celle de Moscou (d’après 1989 !)...

    • Indépendance et bourgeoisie locale

      L’indépendance est toujours l’affaire de la bourgeoisie locale...

      A la Martinique, il y en a deux ! Celle des békés et l’autre.
      A la limite, celle des békés fait moins peur que l’autre. Ils sont plus discrets, même si, naturellement, plus voyants. Ils "écrasent" moins que l’autre qui a un comportement ostentatoire systématique, voiture, auto, et j’en passe.
      Le discours de la bourgeoisie indépendantiste n’est pas crédible. Il est arrogant, suffisant, haineux. A la limite, si le béké a le pouvoir économique, il n’aura jamais le pouvoir politique, donc il sera toujours moins dangereux. On le brandit comme un épouvatail à moineau, il fait moins peur que l’autre bourgeoisie.

      La pseudo alliance de la bourgeoisie indépendantiste avec le bas peuple, ne trompe pas les plus démunis. L’exemple de la Caraïbe avoisinante peut donner la suite de l’histoire. La bourgeoisie locale s’installe au pouvoir et met le vérou sur toute nouvelle ascension sociale. C’est la fin des grèves et de toute augmentation du pouvoir d’achat. (Le pouvoir d’achat n’a pas bougé dans certaines iles depuis l’acession à l’indépendance. Les syndicats pourtant actifs au moment des indépendances sont morts ou vérouillé, dans la petite Caraïbe et à Trinidad).

      Les nouveaux bourgeois nationaux se tournent alors vers les Etats Unis, où les enfants font leurs études. la coupure avec les plus démunis est alors radicale et définitive. La disparition de l’ancienne dualité avec la Métropole, entraine un vide revendicatif, qui est comblé et occupé par un nationalisme de pacotille et un ethnocentrisme facile, que la nouvelle bourgeoisie locale utilise comme leurre pendant qu’elle prend le pouvoir politique et économique avec une main de fer. Certains chez nous, sous couvert d’autonomisme(comme les indépendantistes), n’attendent que ce moment, pour s’emparer du pouvoir politique et économique. Fonctionnaires à la retraite, voulant se reconvertir et s’enrichir, comme on peut le soupconner à la Guadeloupe...

      Ce modèle d’évolution, même s’il n’est pas explicité clairement, est compris de façon intuitive par les plus démunis. Tout un chacun sait par une observation de tous les jours, que le frère peut se transformer en bourreau et que ce bourreau peut être d’une dureté et d’une cruauté incroyable. Que le discours de ce frère sur le social et la société meilleure de demain, n’est motivé que par une convoitise redoutable du pouvoir et de l’argent. Nous avons ce triste spectacle tous les jours en politique.

      Alors on peut comprendre, que l’assimilation législative soit considérée par la grande majorité, comme un garde fou contre ce danger, qui comme je le rappelle est peu développé dans les analyses, mais que tout martiniquais ou guadeloupéen sait qu’il existe et lui pend au bout du nez en cas de rupture avec le système législatif actuel...

      Partir pour quoi faire ? Pour faire mieux ? Il n’y a que la bourgeoisie indépendantiste qui le pense... Alors ouvrons l’oeil et regardons ce qui se passe chez nos voisins immédiats.

      On comprend que la France et l’Europe puissent incarner une certaine sécurité ! Ils sont des millions à y adhérer, alors pourquoi pas nous.

      A cause de notre couleur de peau sous entend le discours implicite indépendantiste. On comprend que ce discours, en somme, soit superficiel...