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MAYOTTE : DE DROLES DE CLANDESTINS

Publie le samedi 16 janvier 2010 par Open-Publishing

Depuis toujours, les Comoriens circulaient librement à travers les quatre îles de leur pays. Les membres d’une même famille vivaient indifféremment, par exemple, à Mayotte ou à Anjouan, distantes de 70km. Un individu pouvait posséder des terres ici et vivre là…

De plus, beaucoup de Français d’ici sont issus de familles d’autres îles et sont venus au fil du temps.

D’ailleurs, des pans entiers de l’économie ont toujours fonctionné grâce à l’apport de la main d’œuvre comorienne, notamment l’agriculture, la pêche, le bâtiment et le commerce.

Enfin, l’imprécision des registres de l’état-civil, le peu d’intérêt porté par l’ensemble de la population aux questions administratives et à l’écrit, rendent souvent difficiles la distinction entre Mahorais et non Mahorais. D’autant plus que physiquement, on les distingue aussi peu qu’un Haut Normand d’un Bas Normand !

Les évènements des années 70 n’ont rien changé à tout cela.

C’est en 1995, à l’instauration du visa obligatoire imposé aux Comoriens pour entrer à Mayotte, qu’est apparue la notion de " clandestin ".

Une douzaine d’années après, chacun sait désormais de quoi il s’agit !

DES CHIFFRES VERTIGINEUX

Si chacun s’accorde à dire " qu’on ne peut accueillir ici toute la misère du monde ", il n’en reste pas moins que le traitement de la " l’immigration clandestine " est devenue à Mayotte totalement délirant.

A la fin 2007, le ministre chargé de l’immigration, M. Hortefeux, soulignait qu’il n’avait pas atteint l’objectif national qui lui avait été assigné de 25.000 reconduites à la frontière " Le score " atteint devant se situer entre 23.000 et 24.000… Une fausse modestie évidemment au service d’un affichage médiatique.

Il n’a pas précisé que, dans cet ensemble, 16.147 expulsions avaient été opérées à Mayotte, territoire 350 fois moins peuplé que la métropole. C’est pratique Mayotte pour faire du chiffre !!!

Il n’a pas précisé que beaucoup de ces personnes – leur foyer, leur famille – étant parfois depuis longtemps à Mayotte, revenaient systématiquement et pouvaient être à nouveau arrêtées et renvoyés, une deuxième, une troisième fois…

Il n’a pas précisé que ces retours en " kwasas-kwasas " (barques de pêcheurs) se soldaient régulièrement par des naufrages et que c’étaient plusieurs centaines de morts – les noyades, les requins - qu’on pouvait dénombrer chaque année. " le plus grand cimetière de l’Océan Indien " dit-on.

Il n’a pas précisé que ces expulsions étaient opérées parfois au mépris des droits fondamentaux dans un contexte d’insularité où tout contre-pouvoir est difficile à mettre en place.

Source : Extrait de l’article

[a= http://www.millebabords.org/spip.php?article7760] Mayotte : où est donc la République ? [/a]