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Mayotte : Monsieur Sarkozy se donne bonne conscience et menace

Publie le lundi 18 janvier 2010 par Open-Publishing
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Dans son discours tenu sur le parvis du CDTM à Mayotte, monsieur Sarkozy d’un air menaçant, déclare à propos du différend franco-comorien : « Je veux être entendu ici et ailleurs. Je ne laisserai à personne à aucune puissance étrangère le droit de décider de qui serait français et de qui ne le serait pas. Mayotte c’est la France, Mayotte restera française »
Il faut savoir que les nations unies ont toujours affirmé la souveraineté des Comores sur l’île de Mayotte. Elles ont toujours invité le gouvernement français à respecter les engagements pris à la veille du référendum d’autodétermination de l’archipel des Comores du 22 décembre 1974 pour le respect de l’unité et de l’intégrité territoriale des Comores. Voilà donc la réponse.
Cette occupation a causé plus de 6000 morts entre Mayotte et Anjouan, comme l’avait souligné le chef d’Etat comorien le 1er janvier 2010 à Mohéli, en ces termes : « Vous savez bien que depuis 1994, date à laquelle les Français ont imposé un visa d’entrée au comorien désirant se rendre à Mayotte, il y a eu plus de 6 000 morts comoriens dans ce bras de mer. Cela est injuste... Ces gens meurent dans l’indifférence et le silence de la communauté internationale. Je demande donc aux élus d’unir leurs efforts aux miens jusqu’à ce que la France abroge ce visa »
Monsieur Sarkozy ne se sent pas du tout responsable de ces morts et déclare concernant les comoriens de Mayotte : « Plus des responsabilités c’est également faire face à la pression migratoire inimaginable dont vous souffrez. A Mayotte plus d’un tiers de la population est en situation irrégulière. Les filières qui organisent la traversée maritime des migrants clandestins sont directement responsables de plusieurs morts tous les ans. Ce sont des assassins. Quatre naufrages en 2009 et encore, ne comptons pas ceux qui ont disparu sans que personne ne les remarques. Depuis 2002, j’ai tout fait pour vous aider. Je vous avais promis un hélicoptère, il est là. Je vous avais promis un troisième radar, il est opérationnel et nous allons en installer un quatrième pour couvrir toute l’île dès cette année. Les effectifs de la police ont été multipliés par douze depuis 2002. Grâce à ces nouveaux moyens, un travail remarquable a été engagé, 20 000 étrangers en situation irrégulière ont été éloignés en 2009, c’est cinq fois plus que c’est qu’on faisait en 2002. On a arrêté 20 fois plus de passeurs qu’en 2002. Mais nous nous ne voilons pas la face, le combat est loin d’être gagné.
Qui n’a pas croisé à Mayotte un voisin que l’on savait reconduit vers les Comores, quelques jours plutôt ?
Qui n’a pas donné un travail à un comorien que l’on savait en situation irrégulière ?
Il faut mettre fin mes chers compatriotes à une hypocrisie. 15 000 travailleurs à Mayotte, sont des clandestins. On ne peut pas d’un côté, vouloir de l’emploi pour la jeunesse mahoraise, se plaindre des problèmes engendrés par l’immigration irrégulière, et de l’autre côté, tirer avantage de cette immigration irrégulière.
Le nouveau centre de rétention administrative sera construit à Mayotte, l’étude de faisabilité sera opérationnelle dans les jours qui viennent et le nouveau centre ouvrira fin 2011, début 2012. Il faut également que les moyens de l’Etat en mer soient mieux coordonnés, Mayotte sera un département pilote pour l’expérimentation de la fonction garde-côte placé sous la responsabilité du préfet. »

Wongo Mayotte
http://wongo.skyrock.com/

Messages

  • Voeux de Sarkozy à Mayotte

    Un affront à la mémoire des milliers de morts en mer et au droit international

    Le président français manquerait une occasion historique de demander, au nom de la France, “pardon” au peuple comorien, pour tous les drames humains, que son pays s’est rendu responsable en voulant forcer la marche à reculon de l’histoire d’une nation et d’un peuple. Au nom de cette France, qui se réclame généreuse, respectueuse du droit, le président français manquerait une opportunité de faire au monde le mea culpa de la République française, pour avoir sciemment violé les résolutions pertinentes des Nations unies, demandant le retrait de la France de Mayotte et admettant les Comores en tant que nation composée de quatre îles dont Maore.

    Sarkozy s’apprête à se rendre à Maore pour présenter ses voeux à nos frères mahorais pour 2010. La courtoisie républicaine voudrait qu’il présente ses condoléances pour les centaines d’hommes, de femmes et d’enfants péris dans les eaux comoriennes, à cause d’un visa “illégal” imposé par le premier ministre français Edouard Balladur en 1995. Au nom de la France, le président manquerait une occasion historique de demander Pardon au peuple comorien, pour tous les drames humains, que son pays s’est rendu responsable en voulant forcer la marche à reculon de l’histoire d’une nation et d’un peuple. Au nom de cette France qui se réclame généreuse, respectueuse du droit, le président français manquerait une opportunité de faire au monde le mea culpa de la République française, pour avoir sciemment violé les résolutions pertinentes des Nations unies, demandant le retrait de la France de Mayotte et admettant les Comores en tant que nation composée de quatre îles dont Maore. Seule puissance coloniale de la planète Car ces voeux n’auront de sens, si la France maintient cette politique honteuse de déplacement de population à Mayotte au nom d’une prétendue lutte contre l’immigration, donnant à la France ce chiffre macabre de 26.000 expulsions par an, dont 16.000 à partir de la seule Maore, décidée en violation des lois internationales, mais aussi conduites dans la brutalité, au mépris des lois même de la République française. Depuis que les Comores sont devenues indépendantes, elles ont vécu une instabilité chronique, marquée par des coups d’Etat et des assassinats de présidents. Mayotte, maintenue sous administration française, est transformée en base arrière de toutes les manoeuvres de déstabilisation, jusqu’aux préparatifs de la sécession de l’île d’Anjouan en 1997, inspirés par les nostalgiques d’un passé colonial, que la France – aujourd’hui la seule puissance coloniale de la planète – refuse de tourner le dos, de faire le deuil. Le président Sarkozy ne peut prétendre ne pas savoir. Les rapports qu’il a lui-même commandé et qui lui ont été remis personnellement, révèlent, les violations les plus flagrantes des droits de l’homme et des droits de l’enfant. Ils dénoncent certaines pratiques employées par la Police aux frontières, notamment la navigation prohibée tous feux éteints pour intercepter les embarcations dites “clandestines”, provoquant naufrages et disparitions de plusieurs passagers. Ces rapports ont dénoncé également le caractère inhumain et “indigne” des conditions d’accueil et le surpeuplement au sein du Centre de rétention administrative de Pamandzi.

    Sarkozy ne peut ignorer la transformation de Mayotte en “zone de non droit”, à l’exemple de la rétention trop fréquente des mineurs et les pratiques des forces de l’ordre de son pays installées sur cette île visant à changer leurs âges pour les rendre majeurs. Pour tous ces actes indignes de la République, la France doit changer de politique et faire face à la réalité. Mayotte, la comorienne, poursuit le chemin tracé par la force des armes, de la manipulation et du mensonge. De statut en statut, elle s’achemine vers un statut définitif qui prétend lui faire tout oublier, faire table rase de son histoire, de ses racines et même de sa géographie. Mais la culture est réputée être plus forte que toutes les vertus. Les muezzins interdits d’appeler à la prière, les cadis écartés, les terres des ancêtres saignés jusqu’à changer de mains, Mayotte se réveillera d’ellemême, pour rechercher son identité et son espace. La culture est plus forte que la force et la désinvolture Pour ce déplacement à Mayotte, Sarkozy avait prévu de se rendre à Moroni pour signer un accord global de coopération, préparé dans le cadre du Groupe de Travail de Haut Niveau, mis en place par les deux présidents comoriens et français. Les discussions bilatérales engagées par les deux hommes au palais de l’Elysée, sur le contentieux territorial, n’ont jamais eu de suite.

    Le Gthn mis en place s’est transformé en instrument de validation de la politique française à Mayotte, une caisse d’enregistrement des consultations de l’île et d’acquiescement des stratégies coloniales qui se traduisent dans les faits par les séparations forcées, douloureuses, des comoriens des trois îles avec leurs frères de Mayotte. Le président comorien a eu le courage de tirer les conclusions qui s’imposaient et de faire revenir la question à l’ordre du jour de l’assemblée générale des Nations Unies, se refusant de cautionner un document cadre de partenariat qui passerait sous silence le contentieux territorial. Le pays en a connu trop de présidents qui ont signé les yeux fermés pour apprécier à sa juste valeur la position de l’actuel. Si ce geste du président Sambi est encore insuffisant, il est aux antipodes des courbettes que les régimes précédents nous avaient habitués. Sarkozy à Mayotte ? Ses voeux seront perçus comme une insulte à la mémoire des centaines de morts en mer, emportés par une politique coloniale, contestée par les Nations Unies et contredite par le droit international. Ahmed Ali Amir