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Nous avons envoyé des médecins, pas des soldats

Publie le mardi 26 janvier 2010 par Open-Publishing
6 commentaires

Nous avons envoyé des médecins, non des soldats !

• DANS mes Réflexions du 14 janvier, rédigées deux jours après la catastrophe qui a détruit Haïti, pays frère et voisin, j’écrivais :

« Dans le domaine de la santé et d’autres, Cuba, bien que pays pauvre en butte à un blocus, coopère depuis des années avec le peuple haïtien. Environ quatre cents médecins et spécialistes de la santé lui prêtent des services gratuits. Nos médecins travaillent tous les jours dans 227 des 337 communes du pays. Par ailleurs, au moins quatre cents jeunes Haïtiens se sont formés comme médecins dans notre pays. Ils travailleront maintenant auprès des renforts que nous avons dépêchés hier pour sauver des vies dans cette situation critique. On peut donc mobiliser sans efforts spéciaux jusqu’à un millier de médecins et de spécialistes de la santé qui sont presque tous déjà sur place et prêts à coopérer avec n’importe quel Etat qui souhaiterait sauver des vies haïtiennes et soigner des blessés. »[…] « La chef de notre brigade médicale a informé : « La situation est difficile, mais nous avons déjà commencé à sauver des vies. »

Les personnels de santé cubains ont entrepris de travailler sans trêve heure après heure, de jour et de nuit, dans les rares installations restées debout, sous des tentes ou sur des places et dans des espaces publics, parce que la population redoutait de nouvelles secousses.

La situation était encore plus grave qu’on ne l’avait imaginée au départ. Des dizaines de milliers de blessés réclamaient de l’aide dans les rues de Port-au-Prince, tandis qu’une quantité incalculable de personnes gisaient, vivantes ou mortes, sous les ruines des maisons de pisé et de torchis qui abritaient l’immense majorité de la population. Mêmes des bâtiments plus solides s’étaient effondrés. Il fallut aussi rechercher, au milieu des quartiers détruits, les médecins haïtiens diplômés de l’École latino-américaine de médecine (ELAM), dont beaucoup avaient été touchés directement ou indirectement par la tragédie.

Des fonctionnaires des Nations unies sont restés attrapés dans plusieurs de leurs édifices, et des dizaines ont perdu la vie, dont plusieurs chefs de la MINUSTAH, une force de l’ONU, et on ignorait le sort des centaines d’autres membres de ce personnel.

Le Palais présidentiel s’est effondré. De nombreuses installations publiques, dont plusieurs hôpitaux, ont été transformées en ruines.

La catastrophe a bouleversé le monde qui en a été témoin grâce aux images des principales chaînes internationales de télévision. Les gouvernements ont annoncé de partout l’envoi de secouristes, d’aliments, de médicaments, d’équipements et d’autres ressources.

Conformément à la position annoncée publiquement par Cuba, des personnels médicaux d’autres nationalités, dont des Espagnols, des Mexicains, des Colombiens, ont œuvré ardûment auprès de nos médecins dans les installations que nous avions improvisées. Des organisations comme l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS) et des pays amis comme le Venezuela et d’autres ont fourni des médicaments et des moyens variés. Les personnels médicaux cubains et leurs chefs, faisant preuve d’une conduite dénuée de chauvinisme, ont absolument refusé de se mettre en vedette.

En des circonstances similaires, quand le cyclone Katrina fit d’énormes ravages à la Nouvelle-Orléans et y mit en danger la vie de milliers de citoyens étasuniens, Cuba avait offert de dépêcher une brigade médicale complète pour coopérer avec le peuple des États-Unis, un pays qui, on le sait, possède d’immenses ressources mais qui avait besoin à ce moment-là de médecins formés et équipés pour sauver des vies. Ainsi donc, plus de mille médecins cubains de la Brigade Henry Reeve étaient prêts à partir, dotés des médicaments et des équipements pertinents, à toute heure du jour ou de la nuit vers cette ville proche de Cuba par sa position géographique. Il ne nous a pas traversé l’esprit que le président de cette nation refuserait cette offre et condamnerait à la mort nombre d’Etasuniens qu’on aurait pu sauver. L’erreur de cette administration-là résulte peut-être de son incapacité à comprendre que le peuple cubain ne voit pas un ennemi dans le peuple étasunien ni ne tient pour coupable des agressions infligées à notre patrie.

Cette administration-là n’a pas été non plus capable de comprendre que notre pays ne mendie pas les faveurs ou les pardons de ceux qui ont tenté en vain, un demi-siècle durant, de le mettre à genou.

Dans le cas d’Haïti, notre pays a accepté aussitôt, à la demande des autorités étasuniennes, de permettre le survol de notre région orientale et d’offrir d’autres facilités nécessaires pour pouvoir prêter main forte au plus vite aux Etasuniens et aux Haïtiens touchés par le séisme.

Cette conduite morale de notre peuple, de pair avec son équanimité et sa fermeté, n’a cessé de sous-tendre notre politique extérieure. Tous ceux qui ont été nos adversaires dans l’arène internationale le savent pertinemment.

Cuba soutient résolument l’idée que la tragédie qui a frappé Haïti, la nation la plus pauvre de notre continent, est un défi pour les pays les plus riches et les plus puissants de la communauté internationale.

Haïti est un pur produit du système colonial, capitaliste et impérialiste imposé au monde. C’est de l’étranger que l’esclavage y a été introduit, ainsi que la pauvreté qui a fait suite à l’émancipation. Ce terrible séisme a eu lieu peu après le Sommet de Copenhague où les droits les plus élémentaires des cent quatre-vingt-douze Etats membres de l’Organisation des Nations unies ont été bafoués.

La tragédie a déclenché en Haïti une course à l’adoption hâtive et illégale de garçons et de filles, au point que l’Unicef a dû prendre des mesures préventives pour empêcher le déracinement d’enfants qui seraient séparés de parents proches.

On compte déjà plus de cent mille morts. Nombre d’habitants ont perdu des bras ou des jambes, ou ont subi des fractures, de sorte qu’ils doivent suivre une rééducation que leur permettra ensuite de travailler ou de mener leur vie.

Il faut relever 80% du pays et créer une économie assez développée pour satisfaire les besoins de la population dans la mesure de ses capacités productives. Il fut relativement aisé, compte tenu de leurs capacités productives et du niveau technique de leur population, de relever l’Europe ou le Japon, en comparaison des efforts à consentir en Haïti. Là, à l’instar d’une grande partie de l’Afrique et d’autres régions du Tiers-monde, il est indispensable de créer les conditions d’un développement durable. Dans seulement quarante ans, l’humanité comptera plus de neuf milliards de membres et doit faire face aux changements climatiques dans lesquels les scientifiques reconnaissent une réalité inévitable.

Or, au beau milieu de la tragédie, sans que nul ne sache pourquoi ni comment, des milliers de soldats de l’infanterie de marine, des troupes aéroportées de la 82e division et d’autres forces militaires des Etats-Unis ont occupé Haïti. Pis encore, ni l’Organisation des Nations Unies ni l’administration étasunienne n’ont offert à l’opinion publique mondiale une explication sur ce déploiement de forces.

Plusieurs gouvernements se plaignent que les avions qu’ils ont envoyés en Haïti n’ont pas pu y atterrir pour débarquer des ressources humaines et techniques.

Divers pays annoncent de leur côté qu’ils enverront d’autres soldats et équipements militaires. Ce qui, à mon avis, contribuerait à aggraver encore plus le chaos et à compliquer la coopération internationale, déjà complexe en soi. Il faut en discuter sérieusement et assigner à l’ONU le rôle dirigeant qui lui incombe dans cette situation délicate.

Notre pays remplit une mission strictement humanitaire. Il fournira les ressources humaines et matérielles à sa portée. La volonté de notre peuple, fier de ses médecins et coopérants dans des activités vitales, est grande et sera à la hauteur des circonstances.

Notre pays ne refusera aucune coopération importante qu’on lui offrirait, à condition toutefois qu’elle soit en accord avec l’importance et la valeur de l’aide qu’on exigerait des ressources humaines de notre patrie.

Il est juste de signaler que nos modestes moyens aériens et les importantes ressources humaines que Cuba a mises à la disposition du peuple haïtien n’ont eu aucun mal à arriver à destination.

Nous avons envoyé des médecins, non des soldats !

Fidel Castro Ruz
Le 23 janvier 2010
17 h 30

Messages

  • La rapidité de l’intervention US a Haiti interpelle.

    Elle fut immediate,contrairement a Katrina, 10 000 hommes et des navires de guerre des le lendemain du seisme...

    Cette force est actuellement de plus de 20 000 soldats,sans compter les milliers de mercenaires...et tres peu de medecins.

    L’explication, pas de hasard :

    Un scénario de secours aux sinistrés d’Haïti était prévu par les militaires étasuniens un jour avant le tremblement de terre

    Par Michel Chossudovsky

    Le 25 janvier 2010

    Un scénario de secours aux sinistrés avait été envisagé pour Haïti au quartier général de l’US Southern Command (SOUTHCOM), basé à Miami, un jour avant le tremblement de terre.

    Les simulations de préparation à un désastre étaient celles d’un ouragan frappant Haïti. Elles se sont tenues le 11 janvier (Bob Brewin, Defense launches online system to coordinate Haïti relief efforts (15/1/10) — GovExec.com, le texte complet de l’article se trouve dans l’Annexe).

    L’Agence des systèmes d’information de la Défense (DISA, Defense Information Systems Agency), sous la juridiction du Département de la Défense (Department of Defense, DoD), a mis au point ces scénarios pour le compte de SOUTHCOM.

    Connue comme une « Agence d’Appui Tactique », la DISA est mandatée pour mettre à la disposition de l’armée états-unienne des systèmes informatiques, de télécommunication et des services logistiques. (Voir le site de la DISA : Defense Information Systems Agency).

    La veille du tremblement de terre, lundi [11 janvier 2010], Jean Demay, directeur technique de la DISA pour le Projet de Coopération et de Partage d’Informations Transnationales de l’agence, se trouvait au quartier général de l’US Southern Command à Miami, afin de tester le système avec un scénario comportant un plan de sauvetage d’Haïti, après le passage d’un ouragan. (Bob Brewin, op cit, soulignement ajouté par l’auteur).

    Le Projet de Coopération et de Partage d’Informations Transnational (Transnational Information Sharing Cooperation Project, en anglais, TISC), est un outil d’information-communication qui « relie des organisations non gouvernementales et les Etats-Unis [le gouvernement et l’armée] et d’autres pays, pour acheminer, coordonner et organiser des opérations de secours ». (Government IT scrambles To Help Haïti [Les technologies de l’information du gouvernement se précipitent au chevet d’Haïti], TECHWEB 15 janvier 2010)..........

    www.mondialisation.ca/index.php?context=viewArticle&code=CHO20100125&articleId=17200

    Haïti et l’arme sismique

    par Thierry Meyssan*

    La polémique ouverte par la publication sur notre site d’un article évoquant la possible origine artificielle du tremblement de terre à Haïti requiert quelques précisions. Oui, l’arme sismique existe et les Etats-Unis, entre autres, la possèdent. Oui, les forces états-uniennes étaient pré-positionnées pour se déployer sur l’île. C’est insuffisant pour conclure, mais cela mérite réflexion.....

    .......Retour à Haïti

    Rien ne distingue un séisme provoqué d’un séisme naturel, cependant on ne sait provoquer que des séismes superficiels, comme celui d’Haïti.

    Ce qui suscite le trouble, c’est que la réaction des Etats-Unis. Alors que les médias atlantistes se contentent de relayer la polémique sur les violations de la souveraineté haïtienne, les médias latinos-américains s’interrogent sur la rapidité du déploiement des GI’s : dès le premier jour, plus de 10 000 soldats et contractants sont arrivés à Haïti. Cet exploit logistique s’explique simplement. Ces hommes étaient déjà pré-positionnés dans le cadre d’un entraînement militaire. Sous l’autorité du commandant en second du SouthCom, le général P. K. Keen, ils participaient à la simulation d’une opération humanitaire, à Haïti, après un ouragan. Keen et son équipe étaient arrivés quelques jours auparavant. Au moment précis du tremblement de terre, ils se trouvaient tous à l’abri, à l’ambassade US qui est construite selon les normes anti-sismiques, à l’exception de deux hommes qui se trouvaient à l’hôtel Montana et qui auraient été blessés.

    Le général Keen a donné de nombreuses interviews à la presse états-unienne, qui a multiplié les reportages et émissions à propos des opérations de secours. Il a souvent fait mention de sa présence à Port-au-Prince durant le séisme, mais jamais des motifs de cette présence.

    Parmi les objectifs de l’exercice militaire figurait le test d’un nouveau logiciel permettant de coordonner les efforts humanitaires des ONG et des armées. Dans les minutes qui ont suivi la catastrophe, ce logiciel a été mis en ligne et 280 ONG s’y sont inscrites.

    Il est légitime de se demander si ces coïncidences sont ou non l’effet du hasard.

    Thierry Meyssan

    http://www.voltairenet.org/article163692.html

    • ...et les répliques , c’est aussi les américains qui balancent des bombes ? ..mais un peu moins forte ....faut pas pousser , y a des boys maintenant à haiti

    • Il est légitime de se demander si ces coïncidences sont ou non l’effet du hasard.

      Le hazard fait parfois trés bien les choses. Ceci dit rien ne prouve, contrairement à ce que colportent certains internernautes dont la motivation me parait sujette à caution, que le tremblement de terre ait été volontairement provoqué par l’Empire. Haïti est sous la coupe des USA depuis belle lurette, un coup d’état est superflu.

      Par contre, la menace d’un surgissement, comme au Nicaragua aprés le tremblement de terre de Managua (decembre 1972), d’une force politique comparable aux sandinistes, capable de créer des problèmes à l’Empire, explique, selon moi, mieux sa réaction militaro-humanitaire que les romans qu’on peut lire sur internet. Sans preuves formelles, usant et abusant du conditionnel, nombre de ces élucubrations visent à décridibiliser les opposants aux USA (Chavez en particulier), et aussi les contestataires du 9/11 qui, eux, s’appuient sur preuves solides.

      Souvenons-nous que c’est sur le tremblement de Managua que les médecins cubains étonnèrent, pour la première fois, le monde des "catastrophes" !

  • "Et que dit le Cubain ?"

    J’avais lu que, dans nombre de pays d’Amérique latine, pour dire «  Je vais chez le médecin », les gens disent : « Je vais chez le Cubain ». Je pensais qu’on généralisait peut-être une expression entendue une fois en un endroit précis.

    Or, j’étais au Venezuela en novembre 2009 et j’ai eu l’occasion d’aller visiter une jeune femme enceinte travaillant à Vive TV. Il s’agissait de lui apporter un cadeau de ses collègues pour son futur bébé. Nous étions une dizaine dans un minibus et nous sommes partis pour un petit bourg, à une heure de Caracas. Le chauffeur a eu beaucoup de mal à trouver l’endroit, mal indiquée, où vivait la jeune femme. Il a dû s’arrêter plusieurs fois pour demander sa route, puis la rue.

    Bref, il n’était pas un familier des lieux ni de la jeune femme.

    Quelques minutes après notre arrivée, alors que nous sirotions des rafraîchissements servis par la future maman, et alors qu’elle parlait de sa grossesse, le chauffeur lui demande : «  Et que dit le Cubain ?  ».

    C’est tout.