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Information judiciaire sur les essais nucléaires français

Publie le mercredi 29 septembre 2004 par Open-Publishing


Le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire sur les possibles conséquences
sanitaires des essais nucléaires français au Sahara puis en Polynésie entre 1960
et 1996, à la suite d’une plainte déposée l’an dernier, a-t-on appris de source
judiciaire.

Des poursuites sont ouvertes depuis le 20 septembre contre "X" pour "homicides
involontaires et atteintes involontaires à l’intégrité physique".

Deux juges d’instruction du pôle de santé publique du tribunal, Anne-Marie Bellot et Anne-Auclair Rabinovitch, ont été désignées.

Elles devront déterminer par ordonnance le champ de leur enquête dans le temps, ainsi qu’en terme de nombre de plaignants.

Dans ses réquisitions, qui ne sont pas contraignantes, le parquet a estimé après une analyse de près d’un an qu’il fallait renoncer à instruire, pour des motifs juridiques, sur une grande partie des faits.

Environ 150.000 personnes ont participé aux 210 essais nucléaires français - dont 45 en atmosphère - réalisés au Sahara algérien puis en Polynésie, dans le Pacifique.

La plainte a été déposée par onze personnes physiques, dont la veuve d’une victime présumée, par l’association des vétérans des essais nucléaires français (Aven) et l’association polynésienne "Moruroa e Tatou".

Tous imputent aux retombées radioactives les cancers, leucémies et autres maladies qu’ils ont constatés chez des personnes exposées.

L’ouverture d’une procédure ne constitue pas en soi un crédit donné par la justice à leur demande, puisque la procédure de plainte avec constitution de partie civile a pour vocation d’entraîner automatiquement l’ouverture d’une enquête.

Les victimes avaient expliqué en novembre 2003 qu’elles attendaient de cette procédure "une reconnaissance des fautes commises par l’Etat et la mise en place d’un fonds d’indemnisation".

Les plaignants font état d’une étude qui montrerait que sur 720 vétérans exposés aux essais, 30% étaient atteints de cancers, 61% d’autres pathologies et que seulement 9% n’avaient aucune maladie. Aucune étude épidémiologique officielle n’a été réalisée sur le sujet.

En juillet 2003, le président Jacques Chirac avait promis lors d’un déplacement en Polynésie de mettre en place "un suivi interministériel des essais nucléaires".

Oscar Temaru, président indépendantiste de Polynésie élu en juin dernier, a estimé que la France avait "une dette morale" envers son archipel et qu’elle ne devait pas "négliger les conséquences des essais nucléaires". (Reuters)

http://www.reuters.fr/locales/c_newsArticle.jsp?type=topNews&localeKey=fr_FR&storyID=6363606