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Rapport du MRAP : internet et les enjeux de la lutte contre le racisme (Étude du MRAP 2008-2009)

Publie le jeudi 4 février 2010 par Open-Publishing
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Durant ces années, le MRAP a bien entendu continué son action habituelle d’alerte et de signalement sur le contenu de certains sites, des plaintes ont également été déposées.

L’étude plus exhaustive menée en 2008 et 2009 se distingue des précédentes, consacrées à des thèmes particuliers. Elle prend en compte les nouvelles technologies web, comme les blogs, les sites de partage de vidéos. Outre les sites et blogs explicitement racistes, elle a recensé une partie de tous ceux qui exploitent les mêmes thèmes sans pouvoir être eux-mêmes qualifiés de racistes au sens de la loi de 1972 : extrême-droite politique et religieuse, ethno-différentialistes et racialistes, certains sites communautaires, etc..

Les sites et blogs de cette deuxième catégorie n’ont pas été choisis de manière arbitraire, mais parce qu’ils étaient signalés par des liens sur des sites ou blogs au contenu suspect déjà repérés.

Le recensement a ensuite effectué de proche en proche, en suivant les liens.

A titre d’exemple, le premier site étudié, à la suite d’un signalement « France blanche (sic) » renvoyait vers 43 sites, dont 11 identitaires, 6 nazis, 4 de l’extrême droite catholique, 2 FN, etc...

Plus de deux mille URL ( dont plus de 1000 blogs) ont ainsi été notées. Une analyse sommaire de la tendance générale a été faite pour près de 1500 et quelques dizaines ont été analysées plus en détail, citations à l’appui.

Comme chacun peut aujourd’hui, avec des moyens très réduits, s’exprimer sur la toile, il est nécessaire de pouvoir faire la différence entre le blog isolé d’un fanatique et les réseaux qui se constituent, le site à l’audience confidentielle et celui référencé par des dizaines d’autres qui y puisent leurs informations.

Le premier constat est celui du nombre, de la rapidité de la mise à jour, de la variété des thèmes abordés.

Les résultats globaux sont les suivants, pour les catégories les plus importantes :

Sites et blogs développant des thèmes ouvertement racistes : Antisémites : 44 Islamophobes 75 Nazis 25 Négationnistes 11 Racistes divers 23

D’autres sites, sans pouvoir être qualifiés de racistes, développent des thèmes exploités par les racistes : dénonciation des « dangers de l’immigration », choc des civilisations, insécurité, etc..

Extrême-droite catholique 101 Front national 106 Identitaires 264 MPF 33 Parti de la France (Carl Lang) 9 Royalistes 129 Soral 14 Droite extrême (autre) 125

Des sites « apolitiques » (plus de 100) sont eux-aussi référencés par les précédents : histoire, stratégie, culture. Leur contenu n’est pas a priori condamnable juridiquement, mais hautement critiquable politiquement, car participant de la même vision du monde que les racistes.

Par exemple, Historia nostra, au contenu apparemment irréprochable est référencé par « Alarme blanche », le site FN de Redekker, « Europe puissance », site identitaire.

Enfin, le conflit israélo-palestinien conduit à des prises de positions montrant un racisme plus ou moins sous-jacent :

Sites pro-palestiniens : 22

Sites pro-israéliens : 36

Des points particuliers ont été développés :

Les méthodes de recherche et d’identification de l’Internet raciste : tics de langage, mots codés, etc..

La très grande interconnection entre les sites. L’étude a permis d’identifier des « nœuds » de la toile : François Desouche (identitaire), Le salon beige et E-Deo (extrême-droite catholique), Novopress (agence de presse identitaire) par exemple. Les sites d’une même famille politique de référencent tous mutuellement, ce qui améliore leur classement par les moteurs de recherche.

Le rôle des sites de ventes aux enchères, des sites de partage de vidéos, des encyclopédies wiki.

La persistance des thèmes nazis.

Les difficultés de la lutte contre les sites négationnistes.

Les sites antisémites « traditionnels », héritiers des publicistes d’avent-guerre, animés par Anne Kling, Hervé Ryssen, Boris Le Lay, ainsi que les dérives antisémites du site « Les Ogres », lié à Dieudonné, utilisant la défense des droits des Palestiniens comme prétexte..

L’extrême-droite catholique et ses dérives antisémites et/ou islamophobes.

Les sites identitaires, avec de nombreuses déclinaisons régionales et qui n’hésitent pas à aborder des thématiques culturelles de manière très élaborée.

Le rôle de « banque de données » joué par « François Desouche », référencé par près de 200 autres sites. Le texte même des articles est très souvent prudent, mais les commentaires postés le sont moins et pourraient être poursuivis.

L’apparition des « nationaux-laïques », la laïcité étant conçue comme un marqueur identitaire de l’appartenance nationale et de l’identité française. Les thèmes islamophobes « laïques »sont communs avec ceux des identitaires et des passerelles apparaissent avec l’extrême-droite classique (référencements réciproques).

Comment « Terre et Peuple » de Pierre Vial recycle discrètement les idées nazies.

Les sites « communautaires » ou dénonçant le communautarisme (celui des autres évidemment) ne sont pas exempts de dérives condamnables.

Les incidences du conflit israélo-palestinien et les dérives racistes des partisans de l’une ou l’autre partie.

Aucun site visant spécifiquement les Tsiganes et gens du voyage n’a été identifié, mais des textes racistes figurent sur des blogs et sites de partage de diaporamas et photos.

Un point sommaire sur la jurisprudence et des pistes de travail terminent l’étude.

Le rapport est complété par un index et des copies d’écran ou enregistrements de pages pour 86 sites ou blogs.

Le rapport MRAP

http://www.mrap.fr/campagnes/Racism...

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