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RETRAITES - QUEL SENS A LA VIE ?

Publie le jeudi 30 septembre 2004 par Open-Publishing


de Mado

La retraite, un sujet phare dans la société d’aujourd’hui. De nombreuses personnes se trouvent à l’âge de la retraite actuellement, et leur nombre augmente chaque année. Des personnes souvent encore en pleine forme physique et intellectuelle. Que faire, donc, de tout ce temps qui reste à vivre ?

Du point de vue de mon âge, je devrais patienter encore environ 15 ans jusqu’à l’âge de la retraite à 60 ans. Mais conditionnée par une part importante de ma vie professionnelle en Allemagne, j’imagine la retraite à 65 ans. Quoi qu’il en soit, au moins quinze, voire vingt ans pour observer comment vivent et ce que font les retraités d’aujourd’hui, la génération qui me précède et de laquelle je devrais pouvoir apprendre, justement pour organiser cette période de ma vie ultérieure à temps.

Mais je suis souvent terriblement déçue de voir ce que je vois. Car je vois des retraités qui sont constamment en voyage, en train de fêter avec des amis, de se promener, de consommer, de profiter de la vie en somme, le tout dans une société agonisante. C’est légitime, va-t-on me crier de toutes parts, les retraités en premier, ils ont cotisé toute leur vie ! Et tout de suite, mes oreilles se dressent, et mes yeux voient ces Africains (Asiatiques ou Latinos-américains) qui descendent dans des trous que l’on appelle des mines pour que nous, Européens nantis, puissions nous promener avec des bagues en or et des colliers en diamants, des trous qui risquent souvent de s’écrouler et de les enfouir à tout jamais. Je pense à ces Africains qui reçoivent un repas par jour et qui ne savent même pas ce que retraite veut dire. Pour eux ce n’est pas légitime de profiter de leur retraite, bien qu’ils auront travaillé toute leur vie. Ils doivent travailler jusqu’à leur mort qui arrive, du reste, souvent bien tôt par rapport à chez nous. Pourquoi eux, pourquoi pas nous ? Pourquoi nos retraités sont-ils payés pour vivre, alors que tant de gens ne peuvent même pas vivre dignement de leur travail et galèrent dans la misère ? C’est la loi du plus fort, du nanti, qui dicte le mépris. A quand la fin de cette horreur ?

Je ne veux pas d’un système où ceux qui ont profité pendant deux générations de l’industrialisation galopante qui est en train de montrer ses gouffres et ses limites, qui ont succombé aux conditions dictées par les plus forts au mépris des plus faibles, continuent cette exploitation. Je ne veux pas d’un système où un petit nombre de salariés finance un grand nombre de retraités et encore moins d’un système basé sur des fonds de pension américains.

Notre retraite basée sur la répartition de génération en génération est en train de s’écrouler. Malgré les débats nombreux et variés, les sages et les experts, nous n’avons toujours pas de solution. Nous le savons, il nous faut casser la spirale, mais comment ?

Il y a et il y aura des femmes et des hommes qui disent non au système, la tête haute et le dos droit. Des femmes et des hommes qui conçoivent l’âge dit de la raison d’une autre façon. J’en vois de temps en temps qui partagent leur savoir et leurs expériences avec des plus jeunes, qui montent des projets avec d’autres, en Afrique ou directement dans leur voisinage. Il y aurait tellement de choses à faire si on voulait vraiment. Voilà pour le temps.

Et pour l’argent ? J’ai refusé d’être dégradée à la production d’enfants pour financer des retraites Et je refuse d’être regardée de travers parce que je n’ai pas voulu avoir d’enfants. Il y en a tellement de par ce triste monde qui sont mal nourris, mal traités, mal soignés. Si j’étais faite pour élever des enfants, ça se saurait et c’est dans les orphelinats que je serais allée les chercher.

Le système de la retraite basé sur un contrat de solidarité entre générations a vécu son temps, ce temps est révolu, passé et on ne sait quand reviendra. Je n’ai pas de solution miracle pour la France et je n’ai pas eu le temps d’étudier ce dossier dans le détail. Je ne peux que suivre l’évolution de ma retraite personnelle de près et la présenter comme une solution possible pour une retraite dans la dignité.

Le premier impératif est de prévoir, prévoir à temps, donc dès le plus jeune âge de la vie professionnelle.

Ma retraite est basée à l’heure actuelle sur 8 ans de salariat en Allemagne. Cela rapporte environ 335 euros à 65 ans, en 2024. Pour le reste, il faut que je m’organise moi-même. Et comme annoncé plus haut, mes calculs sont basés sur une retraite à 65 ans.

J’ai fait l’acquisition d’une maison dans laquelle je pourrais habiter le rez-de-chaussée et louer le premier étage avec garage et jardin, ceci devrait rapporter environ 573 euros, en prenant la valeur du loyer actuel et en l’augmentant de 1% par an, ce qui fait avec la retraite allemande 908 euros. Un autre appartement loué devrait rapporter, d’après le même type de calcul, 470 euros, ce qui amène mon total à 1378 euros. Et j’ai placé un peu d’argent qui devrait rapporter 148 euros mensuels en 2024, soit une retraite totale de 1526 euros. Si je prends l’équivalent d’un SMIC actuel à 1167 euros et que je l’augmente de 1,5% par an, j’arrive à 1572 euros en 2024, ce qui me semble largement suffisant, d’autant plus que la retraite moyenne d’une femme à l’heure actuelle et d’un peu plus de 800 euros.

En passant à l’auto-partage, en m’affiliant à la complémentaire santé Artabana, en pratiquant les échanges locaux du SEL en termes d’alimentation et autres besoins, je pourrais aisément vivre confortablement avec ce montant. Du moins, c’est ainsi que le calcul se pose à l’heure actuelle (septembre 2004).

Commentaire d’un ami.

Eh oui, je suis d’accord. Je retrouve là la force de vos convictions, je dirais la majesté de vos engagements
Je regarde avec tristesse mes confrères en retraite. Déjà je les observais à l’approche de l’échéance qui, déjà, sonnait comme déchéance. Mais que vais-je faire, moi qui me suis tellement activé, qui ait passé ma vie à négocier, à plaisanter au bureau, à revendiquer souvent, à jurer après mes supérieurs, à rentrer le soir etc., le week-end à parler boulot avec les amis qui parlent boulot, transactions, profits ou, tout simplement pour les plus simples, non pas se reposer mais continuer à trimer. A Air France, deux de mes collègues sont décédés. L’un, une semaine après être parti. L’autre a fait son pot de départ le vendredi, il est mort le dimanche.

Vous voyez, là encore, je ne peux faire autrement que de me retourner vers ma (dé)formation spirituelle et je ne voudrais pas vous importuner avec mes vues. Mais elles font partie de moi. J’essaie toujours d’être concret et de me mettre à la place de tous ceux pour qui l’objectif est de survivre, s’irritant devant les rêves farfelus de gens comme moi. Pourtant j’ai, dans ma vie, apporté beaucoup de bien, je crois, grâce à mes discours, « ma » radio, mes écrits, mes contacts. On fait dire à Malraux ce qui n’est pas de lui mais c’est sans importance : le siècle devra être spirituel. Quand on lit ça, on lève les bras (au ciel soit dit en passant) : ça ne nous donnera pas le bistaike (comme on dit à Marseille). Mais dans ce mot j’inclus la matière précisément, le palpable, la réalité terrestre. Spiritualiser nos actions ne veut pas dire les survoler les yeux de merlan frit projetant un regard langoureux et niais vers le monde céleste.
On peut défendre une nation submergée par l’ennemi, les armes à la main, et demeurer chevaleresque, foncièrement pacifique et prêt à aimer l’homme qui porte l’autre uniforme à condition qu’il ne fasse pas partie de cette cohorte d’abrutis sanguinaires qui n’ont d’autre dieu que le diable.

Pour moi, quand je suis né, je suis arrivé en incarnation à la fois pour régler des comptes (dont je suis souvent le plus débiteur) avec moi, certains autres, pour parfaire ma propension à servir et à créer. J’insiste : créer, dans tous les domaines possibles, toute la vie étant création. Qui dit création du travail ? Qui dit travail dit repos nécessaire et suffisant. Qui dit repos dit vacances salvatrices mais pas oisiveté, farniente permanent sous prétexte que j’ai passé quarante ans dans les transports pour aller à l’usine puis au bureau. Je suis contre les 35 heures obligatoires. Je suis pour que l’on accorde au cas par cas, de meilleures facilités pour des raisons importantes, familiales, médicales, psychologiques indéniables...

Je suis en retraite méritée, je peux donc profiter de la vie qui est trop courte. Profiter. Vie courte. Elle est courte mais elle est enfer. Profitons-en donc.

Non, ce n’est pas le genre de la maison Jojo. Le temps, lorsque nous avons la chance de pouvoir en disposer, se doit d’être partagé entre le bien-être relationnel famille/amis vrais et la consécration au service de l’humanité. Une fois que le « aide-toi » est réalisé, on peut être prêt à vivre le « et le ciel t’aidera à trouver bien des occasions d’être utile à tes frères les hommes sans oublier cette Nature si longtemps bafouée et qui leur prépare des jours terribles ».
La mort est la seule retraite du cœur physique.