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les syndicats dénoncent des retards dans la sécurisation du réseau

Publie le mardi 16 février 2010 par Open-Publishing

Buizingen (Belgique), envoyé spécial

De nombreux cheminots wallons et quelques cheminots flamands se sont mis spontanément en grève, mardi 16 février, après la collision entre deux trains de voyageurs qui a eu lieu, la veille, à Buizingen, dans la banlieue flamande de Bruxelles. L’accident a fait, selon un bilan provisoire, 18 morts et 162 blessés, dont certains sont grièvement atteints.

Les services de secours ont repris le travail à l’aube, mardi, pour désincarcérer les éventuelles victimes de voitures enchevêtrées qui obstruent les voies de ce nœud ferroviaire. Elles empêchent notamment le passage des trains Thalys et Eurostar. Le trafic depuis Paris vers Bruxelles et Amsterdam a été interrompu jusqu’à mercredi matin au moins – en revanche, la liaison Paris-Cologne fonctionne.

Le parquet de Bruxelles a lancé des investigations sur les causes de la catastrophe, attribuée, pour l’instant, au fait que le conducteur de l’une de deux rames aurait brûlé un feu rouge.

Pour les cheminots, les causes de l’accident sont le défaut général de sécurité sur le réseau belge et la surcharge de travail. Le personnel a implicitement désavoué les syndicats qui, la veille, avaient rencontré la direction et la ministre des transports, Inge Vervotte, sans appeler à un arrêt de travail.

"Nous voulons gagner notre vie, pas la perdre", expliquait un syndicaliste à Mons. Les cheminots dénoncent notamment le fait que la direction de la Société nationale des chemins de fer belges (SNCB) n’a pas équipé son réseau d’un système de freinage automatique qui arrête le train en cas de passage à un feu rouge. Près d’une centaine d’incidents de ce genre ont été recensés en 2009, selon un rapport officiel.

AMÉLIORATION PROMISE EN 2001

La colère du personnel est d’autant plus vive que la direction de la société avait, en 2001, promis une amélioration générale du niveau de sécurité. A l’époque, deux trains s’étaient heurtés à Pécrot, en Wallonie. A cause d’un feu rouge brûlé et d’un problème linguistique entre le conducteur, qui ne parlait que le néerlandais, et un technicien, qui s’exprimait en français. On avait relevé 8 morts.

Neuf ans plus tard, un quart du réseau seulement est équipé de systèmes d’aide à la conduite et de freinage automatique à deux composants (sur la voie et dans la locomotive), dont beaucoup affirment qu’il aurait permis d’éviter l’accident de Buizingen.

Les organisations syndicales déplorent également la diminution d’heures de formation des conducteurs et la surcharge de travail, alors qu’en dix ans la SNCB a vu le nombre de ses usagers s’accroître de 50 %.

"En 2001, on m’avait donné une série d’explications techniques pour justifier l’accident de Pécrot. Neuf ans plus tard, je m’aperçois qu’on en est au même point", a commenté Emmanuel Hendrickx, ancien gouverneur de la province du Brabant wallon.

Contrairement à la SNCF, par exemple, les chemins de fer belges ne tiennent pas compte des "retours d’expérience" de leur personnel, soulignent des experts. En clair, la compagnie ne tient pas compte des informations et mises en garde qui lui parviennent tant des cheminots que des associations d’usagers, qui dénoncent depuis plusieurs années la vétusté d’une partie du matériel roulant.

La direction se défend en évoquant ses contraintes budgétaires, les règles des marchés publics et les contraintes européennes, qui auraient retardé la sécurisation du réseau.

Jean-Pierre Stroo le Monde 16.02.10