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Hadopi : nouveaux Pirates bienvenus !

Publie le mercredi 10 mars 2010 par Open-Publishing
4 commentaires

de Stéphane Favereaux

Si dimanche dernier fut un jour sombre avec la publication au JO du dernier décret rendant applicable le dispositif mis en place par la scélérate Hadopi, tout espoir n’est pas perdu…. Ce texte concernant la protection des données personnelles sur lequel la CNIL devait statuer, passe relativement inaperçu dans un flux d’info continue d’élections régionales pitoyables de médiocrité. Mais il fallait bien qu’une bonne nouvelle vînt égayer nos journées de pirates /-)

Et la lecture de la presse pertinente (bien que le Figaro aussi ait fait un article aussi sur le sujet) permet de découvrir ou plutôt de confirmer que hadopi fabriquait, au final, du Pirate. J’aime l’odeur du napalm au petit déjeuner.

Le moindre pirate, le moindre internaute au fait de l’actu savait cette loi inefficace, mais de la à ce qu’elle soit totalement contreproductive… Pascal Nègre va devoir s’attacher à son siège présidentiel… Ca va valser dans les P2P et les réseaux… Vos espoirs, mon cher Pascal, comme nous le présentions, vont être mis à mal. L’industrie musicale voulant protéger son pré-carré finit par en faire sauter plus encore les frontières seigneuriales. Une petite étude délicieuse de l’Université de Rennes menée par Sylvain Dejean, Thierry Pénard et Raphaël Suire tend à prouver que depuis que depuis l’adoption de Hadopi et maintenant qu’elle est applicable, le nombre de pirates /-) a augmenté de 3 %, et surtout qu’ils mettent en place des techniques de téléchargement contournant la loi Hadopi. En soi, ce n’est pas un scoop mais cette étude de Rennes 1 vient pour la première fois étayer les présupposés de la blogosphère.

Cette loi a mis sur la place publique le fait qu’il était possible techniquement de télécharger en étant pratiquement tranquille ; elle a permis la découverte par nombre de petits pirates de procédés techniquement plus élaborés, de fait, n’entrant pratiquement plus dans le champ d’investigation de l’Autorité qui commence déjà à en perdre.

Loin d’être l’épée de Damoclès 2.0 que les tenants de la Hadopi espéraient, seuls 15 % des téléchargeurs habitués aux P2P ont cessé leurs activités dorénavant illégales… on se tourne vers le streaming illégal et Downloadhelper par exemple, merci illimitux…. Rapidshare ou megaupload ont encore de beaux jours et de beaux pirates devant eux… et donc en nombre croissant.

Hadopi n’a guère voulu tenir compte des avis spécialisés concernant les méthodes alternatives de téléchargement, elle n’a qu’à s’en vouloir à elle-même… Elle joue les ignorantes quand les internautes se refilent les tuyaux pertinents…. Hadopi trépigne devant sa boîte mail en attendant d’envoyer les premiers coups de semonce inopérants…et les Pirates du web continuent d’acheter davantage de supports physiques, de CD ou DVD entre autres puisqu’ils découvrent davantage de perles cinématographiques ou musicales.

De fait, nous couper l’accès au Net risque de faire baisser les ventes de ces supports voué à moyen ou long terme à disparaître, à tout le moins à voir leur production revue conséquemment à la baisse dans le cadre de la mise en place de plateforme réellement pertinente de téléchargement légal. Bien que sur ce point les doutes sont de plus en plus conséquents…

Les multiples fermetures et réouvertures et aventures de The Pirate Bay n’ont rien changé, les menaces sur les internautes non plus. Hadopi est une loi profondément ignorante, tout comme les lois sécuritaires en général qui veulent mettre le Net sous surveillance. Elle ignore tout de ce qu’est le web, des internautes et des pratiques mises en place pour contourner les lois et autres dispositifs techniques de surveillance.

D’après l’excellent article des Echos, 3 millions d’internautes indélicats avec la loi passeraient à l’acte et à travers les mailles de la Haute Autorité …

Si l’on devait apporter une conclusion temporaire à cette loi, les internautes nouvellement pirates remercient Hadopi. Elle leur a permis de découvrir de nouvelles techniques, de nouvelles plateformes de découvertes culturelles… illégales, selon Hadopi, mais parfaitement utiles au rayonnement et à la diffusion culturels.

Les industries du disques, les SACD et autres lobbies vont donc encore vaciller sur les trônes qu’ils se sont construits… les plateformes légales, de même, risque de se voir fragilisées puisque bien évidemment, nous l’avons dit, l’illégalité se développe sur un web qu’il serait pertinent d’arrêter de vouloir fliquer systématiquement. Nous aurons toujours un temps d’avance.

A bon entendeur

http://commdesmots.owni.fr/2010/03/10/hadopi-nouveaux-pirates-bienvenus/

Messages

  • Ah, les pôvres créateurs ...

    Pour un disque vendu 13.34 € HT :

    * Distributeur : 5.18 € --- 39%

    * Éditeur : 3.82 € --- 29%

    * Producteur : 2.59 € --- 19%

    * Interprète : 1.17 € --- 9%

    * Auteur : 0.29 € --- 2%

    * Compositeur : 0.29 € --- 2%

    • Au mieux, donc, 13% soit 1,76€ pour un auteur/compositeur/interprète, à partager évidemment entre membres du groupe, le cas échéant.

      Bien maigre ...

      (k)G.B.

    • Vous avez raison ; seulement 2% pour l’auteur et le compositeur sans lesquels l’oeuvre ne verrait pas le jour, et 96% pour tous ceux qui profitent grassement du travail des deux malheureux . C’est honteux . Et ce sont principalement les parasites, pas les créateurs, qui ont voulu la loi Hadopi .

      Chaque fois que j’achetais des CCD ou DVD vierges en France pour sauvegarder mon propre travail non musical, je devais payer une taxe qui allait à la SACEM et qui était censée être reversée à des producteurs / musiciens / chanteurs qui n’avaient pourtant aucun rapport avec mon travail non musical .

      Le pire, c’est que les chanteurs et les musiciens qui gagnent le plus d’argent en France, les plus riches bénéficiaires de cette taxe que je versais malgré moi à la SACEM, s’expatrient en Suisse pour ne pas renflouer les caisses de l’aide sociale française qui en ferait profiter leurs collègues français moins chanceux, même si ces musiciens et chanteurs à succès ont vécu eux-mêmes auparavant en France de l’aide sociale du temps des vaches maigres .

      Si cette taxe sur mon travail m’était reversée ou du moins si elle bénéficiait à des collègues nécessiteux dans mon domaine de création je n’en concevrais aucune amertume. Le fait que nous, les créateurs non musicaux, soyons ponctionnés et exclus du bénéfice de cette taxe au profit de la puissante SACEM et des créateurs de musique me semble particulièrement injuste . Pourquoi défavoriser les créateurs non musicaux et les ponctionner au bénéfice des créateurs de musique ?

      Moralité : écoeurés, nous n’achetons plus de supports CD DVD vierges en France .