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Chantage au financement, l’université de nanterre, à l’heure de la Loi d’autonomie...

Publie le mardi 16 mars 2010 par Open-Publishing

En janvier 2010 les étudiant-es et agents administratifs de l’université Paris X Nanterre ont eu la surprise d’apprendre que le Conseil Général des Hauts-de-Seine (dirigé par P.Devedjian UMP ) avait décidé de supprimer la subvention annuelle de 900.000 euros qu’il versait depuis quatre ans à notre université . Le budget annuel de l’université de Nanterre s’élève, hors salaires, à quelque 60 millions d’euros. L’aide départementale entrait dans le cadre d’un "contrat d’objectifs pluri-annuel" qui s’est achevé fin 2008 entre le département et l’université, qui compte 32.000 étudiants.

Dans le même temps le département continuait de financer à hauteur de 10 millions d’euros de subvention annuelle le pôle Léonard de Vinci, autrement appelé "fac Pasqua". Situé dans le quartier d’affaires de La Défense, ce pôle privé avait été créé en 1985 par Charles Pasqua, qui en est toujours président. Ses trois écoles (management, ingénieurs, multimédia) et ses partenaires, dont l’université Paris-Dauphine, y accueillent environ 6.000 étudiants. M. Devedjian avait d’ailleurs confirmé à l’AFP que le CG92 avait accordé "une petite subvention à Dauphine, 400.000 euros annuels, pour les aider à payer le loyer" au pôle Léonard de Vinci. Concernant le pôle Léonard de Vinci, il avait souligné à l’époque que la subvention avait "diminué de moitié" depuis son arrivée au CG92, en 2007.

Le 12 avril dernier le CG92 revenait sur sa décision. Le conseil général des Hauts-de-Seine a adopté à l’unanimité un amendement déposé par un élu proche de Jean Sarkozy pour rétablir une subvention à l’université de Nanterre. L’amendement du conseiller général Thierry Solère (UMP), présenté lors de la séance consacrée au budget 2010, rétablit 750.000 euros de subvention, dans le cadre d’une aide à "l’Institut du numérique" créé par l’université. "Nous avons eu l’occasion de rencontrer" Bernadette Madeuf, la présidente de l’université, "avec Jean Sarkozy", a souligné Thierry Solère. "Je suis très heureux de cette évolution (...). J’avais dit que j’étais hostile, et je le demeure, à une subvention ’en blanc’", a réagi Patrick Devedjian, utilisant une expression qui a fait bondir sa rivale déclarée au sein de la majorité Isabelle Balkany. "J’ai du mal à accepter que l’on parle de subventions en blanc", a-t-elle lancé en pleine séance, avant de préciser que ces mesures avaient été décidées par Charles Pasqua puis Nicolas Sarkozy lorsqu’ils présidaient le conseil général.

Cet "événement", tel que rapporté, est l’exemple même des risques de la loi LRU que dénonçait, dès 2007, le mouvement contestataire dans l’enseignement supérieur. Ce n’est pas tant la suppression de la subvention allouée à Nanterre qui est scandaleuse que le pourquoi de cette suppression et surtout la manière dont elle a été rétablie, suite à un petit jeu politique anti-démocratique. Ce que l’on peut retenir aujourd’hui c’est qu’à l’heure de la privatisation rampante des services publics d’enseignement et de recherche les usagers et les travailleurs de l’université doivent se plier à ce chantage !Puisque l’université n’a pas mis en place l’enseignement ad hoc demandé par le département et destiné à constituer un vivier pour le bassin d’emplois local, sa subvention lui a été sucrée.

Autre remarque ; s’il est à craindre la soumission par l’argent des universités à la pression politique autant qu’à celle des entreprises, il est aussi à redouter, à la fois, le risque de divergences entre les enjeux locaux et les enjeux nationaux, le risque de creusement des inégalités entre les universités ainsi que l’affaiblissement qualitatif du socle de formation générale et commun des étudiants, si les enseignements devaient s’ajuster au besoin d’employabilité immédiate -mais pas forcément pérenne- des entreprises.

Une fois pour tout...la LRU et les réformes libérale de l’Etat c’est des passes droits pour certains, l’oligarchie et les discussions de couloir non-démocratiques, la précarité et la pénurie pour tout le monde !

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