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PCF : La fin d’une époque

27 mars 2010, 16:40

QQ commentaires "à chaud" sur le texte de RM :

Analyse complètement hallucinante ! On se demande bien, à le lire, qui est "dans les limbes".

Hallucinante, pourquoi ?

Parce que d’abord elle fait l’impasse sur une tentative de définition en termes marxistes de ce que serait le "stalinisme" (qui a pourtant permis au camarade rédacteur de bien vivre pendant des décennies, non ?) - pourtant, RM axe l’essentiel de sa justification (car ce n’est rien d’autre que cela, ce texte, une pauvre justification d’un abandon en rase campagne pour des raisons qui ont sans doute plus à voir avec l’appétit qu’avec le cœur ou la tête..) sur cela, le "stalinisme".

On n’en saura pas plus donc sur ce "stalinisme" honni - de toute façon, le mot se suffit à lui même pour certains emplois : "stalinisme = beurk, caca". Donc, c’est pas bien. Et évidemment, comme le camarade rédacteur, lui, est forcément un mec bien qui n’a rien à voir avec tout ce bordel (c’est vrai quoi Roger t’as exercé AUCUNE responsabilité nationale au sein du PCF, c’est bien connu....) et bien la première conclusion à retenir (que RM veut que lecteur retienne) c’est surtout que Roger, lui, n’est pas (plus ?) un "stalinien" ! Ouf.

Passons sur le fait qu’il semble n’y avoir aucune différence entre "stalinisme" (je ne vois pas comment on peut être stalinien sans Staline, ni gaulliste sans de Gaulle sans relever directement de l’hôpital psychiatrique plutôt que de la critique politique, Staline étant décédé il y a maintenant 57 ans) et néo-stalinisme pour lui, alors que je pense qu’il y en a quelques unes, de différences, et de taille, et que se battre sur ces concepts, c’est la meilleure manière d’y voir plus clair et de sortir la tête de l’eau...

Ne pas faire cette différence, c’est accréditer le camarade Joseph d’une pensée politique (avec un grand "P") pérenne qu’il semble n’avoir jamais eue, en termes théoriques, au contraire d’un Lénine, interprète de Marx, philosophe, sociologue, économiste... ce que jamais, o grand jamais ne fut Joseph (et qu’il n’eut pas la prétention d’être d’ailleurs ! )

Ce que nous avons, ce sont des "textes" - en réalité souvent des "décrets" déguisés, ou des discours -de Joseph Staline pour "faire marxiste" et ne pas déchirer l’illusion - (rien d’autre, en tout cas, rien de comparable, aux merveilleux "Impérialisme, stade suprême du capitalisme", "L’Etat et la Révolution", "Faillite de la IIè Internationale" ou "Que faire" de Vladimir Illitch )....

D’ailleurs si aucun philosophe marxiste sérieux ne perd son temps à commenter aujourd’hui, au sens strict, les textes de Staline, mais que ceux de Lénine sont toujours des objets d’étude,souvent même de la part de nos pires ennemis de classe, ce n’est pas par hasard, et il ne faudrait pas attribuer cela au fait que les "écrits" staliniens sentiraient trop "le souffre".

Donc déjà, d’un point de vue "épistémologique", Martelli accrédite ENCORE un des premiers dogmes néo-staliniens sur "Staline, penseur et théoricien du mouvement communiste" alors même qu’il prétend s’y opposer et dit vouloir le détruire. C’est amusant. Mais on comprend bien à quoi cela sert (principalement à ne pas avoir à se critiquer soi-même, pourtant archétype de "l’intellectuel du Parti"....)

Ensuite, parce que le néo-stalinisme, c’est ce qui pourrait permettre de désigner tout ce qui fut après Staline dans la vie du PC (en URSS, France et aussi en Italie...) c’est à dire concrètement ce qui , prétendant de façon khroutchevienne, dénoncer une soi disant "philosophie" (Staline le fou, le sanguinaire, le despote, le tyran blablabla...) en a surtout gardé la pratique institutionnelle dans et hors le parti, elle, bien mise en place par Staline, gardant le cœur de ce dispositif de pouvoir et notamment la couche sociale bureaucrate et la sur-représentation de la petite- bourgeoisie aux leviers de pouvoir.

Je ne cache pas que plus les années passent plus je pense que ce qui fit le plus de tort au communisme dans le monde ce n’est peut être pas le stalinisme en soi, mais plutôt le néo-stalinisme des années 60 à 90. Enfin, nous en rediscuterons un jour.

Hallucinante, cette analyse, parce que complètement contradictoire donc.

Si Roger s’était donné un tout petit plus de mal pour définir correctement ce "stalinisme" qu’il dégueule par tous les trous aujourd’hui, il aurait peut être pu s’apercevoir que sa proposition soi disant novatrice et "refondatrice", depuis des années, reste en elle-même typiquement néo-stalinienne. Et donc n’amènera rien de neuf. Il perdure dans l’aveuglement.

Croire que l’on peut changer le fond en changeant la structure, c’est bien là une proposition typiquement néo-stalinienne. Le camarade rédacteur prend les choses à l’envers. Mais il serait totalement utopique d’imaginer que c’est là de sa part une "erreur" ! C’est un dessein. Cette posture aveugle est là pour servir au mieux ses intérêts à court terme (intérêts qu’il a beaucoup de peine à masquer, car comme toujours, c’est l’absence qui signe le mieux l’existence...)

Ce qui fait le plus cruellement défaut, ce qui handicape le plus le PCF de ces dernières décennies, ce n’est pas tant un problème de "structure" qu’un problème de fond ,d’idéologie, d’analyse, de pratique et de rapport au marxisme, transformé par ses bons soins et ceux de ses amis, en philosophie de comptoir adaptable à tout et n’importe quoi,quand on n’entend pas carrément à la radio la première secrétaire dire "nous ne sommes plus marxistes enfin !".

Pour un communiste, la forme ne peut être que la résultante du fond. La conséquence de l’analyse de l’état réel du monde et de la visée communiste conjuguées qui ordonne presque "naturellement" ensuite, la forme la plus adaptée à la mise en œuvre de l’objectif compte tenu de l’état réel.

Bien-sûr si la lutte de classe et l’analyse de la société actuelle exigent que le rassemblement des communistes prenne une "autre forme" que celle du PCF, il n’ y a pas à tergiverser, l’efficacité (en termes de résultats concrets dans la lutte contre le capitalisme et la bourgeoisie), pour un révolutionnaire, prime sur la fidélité. Voir Lénine et son rapport à la IIé Internationale, encore et toujours.

Encore faut-il s’entendre sur ce que l’on appelle ici "la forme-parti". Et là aussi, il y a à dire. La forme d’un rassemblement des communistes, est-ce résumable à "parti ou pas parti" ? C’est aussi absurde que de prétendre qu’il suffirait de quitter la place du Colonel Fabien pour "revitaminer la gauche" !

La forme d’un rassemblement communiste (si on est toujours d’accord que le communisme c’est aussi une forme politique qui ne peut être appropriée par la bourgeoisie) pose avant tout la question de l’organisation, du débat et de la décision. Est-ce que cela se résume à "parti contre mouvement" ? Non. La question posée ici est en réalité celle de la démocratie réelle contre la démocratie factice, de la démocratie prolétarienne contre la démocratie bourgeoise.

Procéder autrement c’est être complètement, comme le fait l’auteur, dans la définition bourgeoise de la "démocratie" : "Cause toujours". A ça, ça va "causer" à "la FASE" ou "ailleurs". De la "libre parole" ,"libre pensée", du "libre arbitre", oui, ça on va en avoir. On risque même de rapidement ne plu s’y entendre (mais quand on ne pense pas, ce n’est pas très grave). On verra la suite !

On peut dire que le PCF dans sa forme actuelle est au contraire parfaitement adaptée au fond idéologique qui est globalement (majoritairement) le sien depuis 30 ans et quelques ! On peut parier que la tentative poursuivie ici sera elle aussi un échec car "l’essentiel est ailleurs".

On a beau couper les oreilles d’un âne ça n’en fait pas un cheval de course, mon cher Roger. Comme disait Mama à Reth et Scarlett dans Autant en emporte le vent : "Vous êtes des mules harnachées en chevaux" !

Le titre du texte, aussi, ferait tordre de rire n’importe quel esprit un peu taquin : "PCF, la fin d’une époque". Avec cette mise en bouche qui sent la nostalgie à plein nez, RM rompt là encore davantage avec le communisme.

Le communisme, "jeunesse du monde", ne peut pas en effet, être nostalgique. Il n’est que regard tourné vers l’avenir, justement (ce qui ne signifie pas négation ou abandon du passé, bien sûr !) . Nous sommes humains cependant, il peut donc nous arriver d’avoir quelques faiblesses de cet ordre. "C’était mieux avant..." Mais il me semble difficile pour un communiste de prétendre voir des "fins d’époque" puisque l’histoire pour nous c’est avant tout l’histoire de la lutte des classes, avec ses hauts et ses bas, ses victoires d’étape, ses défaites d’étape, aussi, et qu’elle ne saurait avoir qu’une seule fin : le communisme ou la mort de tous. Il me semble que le communiste est avant tout conscient de son appartenance à un mouvement humain qui dépasse le cadre de sa propre vie puisque son existence même est intimement liée à celle de la classe.

Si ce que voulait dire le camarade rédacteur, c’est que "le PCF ne lui semble plus adapté à être un outil de transformation sociale pour la visée communiste", il eut mieux valu qu’il le dise clairement. Mais je comprends que, espérant récolter plus tard quelques adhésions sans doute, de camarades qui sont encore dans le Parti, il rechigne à leur cracher au visage ce qu’il pense très fortement et qu’a résumé son ami Braouezec en termes beaucoup plus crus "le PCF est mort". Ça pourrait fâcher certains futurs colleurs d’affiches potentiels de s’entendre faire traiter de nécrophages ou de charognards !

Étonnant ce texte également, d’un "communiste", qui n’hésite pas à tordre les concepts dans des sens plus qu’improbables (le communisme pour Roger, c’est un peu tout et n’importe quoi du moment que c’est "rassembleur, "à gauche de la gauche", et "populaire"), et fait l’impasse (pas parce que ce serait trop compliqué pour lui, non, mais parce que cela l’amènerait à dire des choses qu’il préfère,avec d’autres, continuer à cacher,soigneusement, en vue de construire sa petite réserve personnelle) l’impasse complète sur LES CLASSES ET LA LUTTE DES CLASSES.

Pas UN mot sur le sujet.

On nage dans l’approximation du "social", du "peuple", on parle "marketing politique" (projet pas assez attractif ni rassembleur de "la gauche"...) etc. Bref rien de nouveau ni de mieux que ce qui mine déjà le PCF lui même !! A peine une revendication d’enfant gâté d’un appareil qui na plus assez de joujoux et décide de voler "de ses propres ailes" pour quelques "joujoux" supplémentaires. Alors, je comprendrais les camarades qui, pour faire "du PCF" préfèrent logiquement rester au PCF lui même ! Ils démontrent un peu plus d’intelligence tactique que RM. On préfère toujours l’original à la copie.

Pas un mot d’analyse non plus sur une chose si importante pourtant : le CAPITALISME ! Rien . NADA !

Notez, ce n’est pas pour moi un dogme, ce n’est pas une incantation religieuse, mais une évidence logique. Un texte de "départ" d’un "communiste", "refondateur", "historien", "ex-PCF" qui, à ce point ,nie deux réalités qui marchent main dans la main , à savoir le CAPITALISME et LES CLASSES (et leurs avatars des "sous-couches sociales"), j’avoue que ça me fait plutôt sourire. Je me dis "la vieillesse est un naufrage" car même si je n’ai jamais été d’accord avec le camarade rédacteur, je reconnais qu’il fut plus brillant parfois, et ne s’est pas fait honneur à lui-même dans ce galimatias,( je le crains, complètement déconnecté de la réalité).

En pleine crise de "gauchisme" donc, c’est à dire, prenant la partie pour le tout et ses illusions (ou ses "espoirs" ?) pour la réalité.

Mais de cela, la réalité ,qui est une dure mère, comme chaque prolétaire s’en rappelle le 15 du mois, se charge toujours de nous guérir, tôt ou tard. Et quittant le PCF, cet "appareil bolchévico-stalinien", M. Martelli quitte, mais le voit-il lui-même, ce qui le protégeait encore assez bien de la confrontation avec la réalité...Ça va faire mal !

LL