Accueil > ... > Forum 400419

20 août 2010 : 70e anniversaire de la mort de Léon Trotsky

20 août 2010, 22:12, par Charles

Lutte Ouvrière n°2194 du 20 août 2010

En août 1940 : Staline faisait assassiner Trotsky mais les idées de Trotsky sont toujours vivantes !

Le 20 août 1940, à Mexico, un homme de main de Staline assassinait Léon Trotsky. Il avait 61 ans lorsque sa vie et son combat, entièrement dévoués au communisme et à la révolution prolétarienne, étaient brutalement interrompus.

Aux côtés de Lénine, Trotsky avait été l’un des dirigeants les plus populaires de la révolution russe de 1917. En mars 1918, il mit sur pied l’Armée rouge qui permit au jeune État ouvrier russe de repousser les armées des puissances impérialistes et de la contre-révolution qui cherchaient à l’étrangler.

Tous les dirigeants bolcheviks étaient convaincus que l’avenir du jeune État ouvrier était lié au développement de la révolution internationale, en particulier dans les bastions impérialistes, les pays développés comme l’Allemagne, la France et l’Angleterre. C’est pourquoi ils proclamèrent dès mars 1919 la Troisième Internationale, qui se voulait le parti mondial de la révolution, dont Trotsky rédigea le manifeste de fondation.

Lorsque le reflux de la vague révolutionnaire s’opéra, au début des années vingt, l’URSS se retrouva isolée, épuisée, exsangue. Dans ce contexte, la classe ouvrière et les paysans pauvres ne réussirent pas à garder leur contrôle sur l’État né de la révolution, sur le parti et ses dirigeants. Une couche de bureaucrates se développa, qui aspirait à la pause, à profiter des quelques avantages matériels que sa position lui donnait. Ces gens-là abandonnaient la perspective et le combat pour la révolution mondiale au profit d’un repli sur une base nationale, résumé par la formule stalinienne clamant que la « construction du socialisme » était possible « dans un seul pays ». À la tête de cette bureaucratie, Staline fut son expression politique.

Dès la mort de Lénine en janvier 1924, Staline et ceux qui le soutenaient se lancèrent dans une virulente campagne de calomnies contre les compagnons de Lénine qui restaient fidèles à l’internationalisme et contre Trotsky. Ces derniers furent écartés, avant d’être déportés, éliminés, fusillés. Trotsky était exclu du parti en octobre 1927 et déporté en Asie centrale, avant d’être déchu de sa nationalité soviétique et expulsé d’URSS en janvier 1929. Les prétendues démocraties occidentales furent nombreuses à lui refuser asile et, sur cette planète qui était devenue « sans visa » pour le dirigeant révolutionnaire, le Mexique finit par l’accueillir. C’est là, à des milliers de kilomètres de Moscou, que l’assassin commandité par Staline l’atteignit mortellement, après des années de traque.

Jusqu’à sa mort et partout où il passa, quelles que soient les conditions dans lesquelles il se trouvait, Trotsky poursuivit son combat. Il ne se contenta pas d’être parmi les premiers à dénoncer le stalinisme et ses crimes, alors que nombre de prétendus démocrates applaudissaient le régime. Il en expliqua les racines, analysa la dégénérescence de la première révolution ouvrière victorieuse, dégénérescence dont il montra que les causes n’étaient dues ni aux méthodes du Parti Bolchevik, ni à la classe ouvrière russe, mais à l’isolement et à l’épuisement du pays après les années de la Première Guerre mondiale, de la révolution et de la guerre civile. Et c’est cette analyse qui était porteuse d’avenir, parce qu’elle critiquait avec lucidité ce qui était en train de se passer en URSS tout en défendant les acquis de la révolution d’octobre, en se réclamant du marxisme révolutionnaire et sans tourner le dos au mouvement ouvrier et à la perspective communiste. Mais au contraire, en se servant du marxisme, Trotsky armait les militants qui critiquaient l’évolution stalinienne de l’URSS d’un outil déterminant pour comprendre ce qui se passait, sans renier leur idéal.

En août 1940, Staline avait enfin réussi à abattre celui qui incarnait l’expérience de la révolution et des débuts du mouvement communiste mondial à travers les premières années de la Troisième Internationale, l’Internationale Communiste. Depuis, le stalinisme en tant que tel a exposé aux yeux de tous son visage abject et antiouvrier, jetant un grave discrédit sur les idées communistes. Si ces idées n’ont pas disparu, si année après année des militants les ont transmises à d’autres, c’est grâce au combat mené par Trotsky et sa petite cohorte de partisans.

En assassinant Trotsky, Staline ne réglait pas - contrairement à ce qui a beaucoup été dit - une rivalité personnelle, mais s’efforçait de tuer l’idée même du communisme révolutionnaire et de l’internationalisme. En cet été 2010, alors que le capitalisme en crise démontre sa complète faillite, il est important de rappeler que les idées de la révolution, les idées du communisme que nous a léguées Trotsky existent toujours. Ce sont les nôtres ! L’avenir de l’humanité ne peut appartenir à ce système barbare qu’est le capitalisme, fait d’injustice, de famine, de misère et d’obscurantisme. Il appartient au communisme.

Lucienne PLAIN