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20 août 2010 : 70e anniversaire de la mort de Léon Trotsky

23 août 2010, 13:24, par Alain Chancogne

Le 17 juillet 2007 ; sur le site des amis trotskystes belges de la LCR,un article intéressante st publié :

http://www.lcr-lagauche.be/cm/index.php?view=article&id=863:octobre-1917-identification-dun-echec&option=com_content&Itemid=53

Je le loge ici : certes il est long, je fais des coupures tout aussi arbitraires que mon surlignage gars est subjectif

Livré au débat soulevé sur la REVOLUTIOn d’OCTOBRE , le Marxisme etc..

Pas hors sujet donc,puisqu’on évoque Trotsky


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Octobre 1917. Identification d’un échec
Par François Dietrich le Jeudi, 19 Juillet 2007

. Echo d’un débat qui s’est déroulé dans le cadre du "cycle Octobre" de la 6e université d’été de la LCR (France). François Dietrich propose ici son analyse des problèmes.

. Mais, il y a au-delà deux éléments contradictoires. Si la révolution d’Octobre est emportée avec la chute du stalinisme, et en l’absence de toute contre-tendance, c’est qu’elle était morte depuis longtemps dans les faits.

.

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- DES DÉFAUTS D’OCTOBRE
AU MONSTRE STALINIEN

Nous étudierons 6 points qui, dans le cours de la Révolution russe, ont représenté, à notre sens, des faiblesses, des brèches dans lesquelles le stalinisme s’est engouffré.

  Une certaine compréhension du sens de l’histoire.

 La conscience extérieure.

 Les limites du pluralisme bolchevique.

 Le problème de la "Terreur Rouge".

 Les contradictions du dépérissement de l’Etat selon Lénine.

 Le problème de "l’économie dirigée".

3.1.- UNE CERTAINE COMPRÉHENSION DU SENS DE L’HISTOIRE

La tiédeur sera assimilée à la compromission et à la trahison. Ainsi en ira-t-il envers les fractions de gauche des anarchistes, des mencheviks et des socialistes révolutionnaires, qui reconna

Deux décennies de clandestinité sévère, de minorité au sein du Parti social-démocrate de Russie, puis d’isolement international en 1914, ont soudé les rangs de ce parti que Lénine a voulu centralisé et discipliné, face à la naturelle tendance romantique et désorganisée de l’intelligentsia comme de l’"économisme" d’une classe ouvrière d’extraction paysanne toute récente. Il est précipité au pouvoir sans aucune expérience de vie politique démocratique et avec le vertige de toujours avoir eu raison, seul contre tous.

. En effet, l’insurrection de Cronstadt qui témoignait de la lassitude extrême de secteurs entiers du peuple qui ne parvenaient plus à suivre sa direction, sera matée comme pure et simple contre-révolution et viendra étouffer dans l’œuf la réflexion sur la validité de poursuivre une révolution dans l’isolement et l’encerclement. La logique de la forteresse assiégée conduisait logiquement alors à l’étouffement des minorités internes au cours du Xe Congrès, comme au constat lucide et tragique des débats du XIe Congrès où certains ne peuvent qu’enregistrer que le maintien au pouvoir du parti est tout à la fois usurpé mais incontournable.

.

3.3 - PLURALISME ET LÉGITIMATION PRÉCOCE DE LA PRATIQUE BUREAUCRATIQUE

D’un côté, le parti bolchevique apparaît au cours des premières années comme un parti pluraliste
. L

Mais ce pluralisme n’a pas pour autant signifié dans les premières an-nées un fonctionnement démocratique, loin s’en faut

Dès les premiers mois du pouvoir, la pratique secrète, les relais de clans et de coteries, la prise de décisions en petits comités extérieurs aux organismes officiels sont monnaie courante.

3.4 - LA TERREUR

Alors que la révolution d’Octobre eut lieu sans quasiment coup férir, que l’abolition de la peine de mort s’inscrivit comme l’une de ses premières mesures symboliques, que les premiers mois de la révolution virent le nouveau pouvoir faire preuve d’une grande mansuétude avec ses adversaires, l’automne 1918 vit s’opérer le tournant dans la Terreur.

s. Dans le contexte russe, dès l’entrée dans la guerre civile, la dictature du prolétariat s’avère sans rivage et s’étend aux éléments qui traînent et rechignent.

"Pas un instant il ne faut oublier que l’élément bourgeois et petit-bourgeois lutte contre le pouvoir des soviets de deux façons : d’une part en agissant du dehors (...) ; d’autre part cet élément agit du dedans, en tirant parti de chaque faiblesse pour soudoyer, pour aggraver l’indiscipline, le laisser-aller, l’anarchie. Plus nous sommes près d’avoir achevé l’écrasement militaire de la bourgeoisie, et plus dangereux devient pour nous cet élément anarchique petit-bourgeois. La lutte contre cet élément ne peut-être uniquement menée par la propagande et l’agitation, rien qu’en organisant l’émulation et en choisissant des organisateurs : cette lutte doit être menée aussi par la contrainte".


A lire ces lignes, on ne peut que conclure que la terreur léniniste fondait les prémisses de la terreur stalinienne
.

Une telle terreur ne peut naturellement être, là encore, isolée de son contexte : un peuple maintenu dans la misère et l’autoritarisme des décennies durant donne ce qu’il a appris à recevoir. La Révolution française ne procéda pas autrement en son temps. Mais la terreur bolchevique prit aussi ses racines dans une vieille tradition de haine contre les riches et la puissance, présente à l’époque dans toute l’Europe (qu’on songe à la force de l’anarchisme), renforcée en Russie par le divorce séculaire entre la paysannerie et l’aristocratie impériale.

Toute une part du mouvement ouvrier et révolutionnaire européen vivait dans une idéologie de "haine de classe" dont les racines étaient profondes. La haine à l’égard de la richesse, qui se combine avec la volonté d’un pouvoir pur et bon, mais impitoyable avec elle, renvoie à un dépassement inachevé de la morale judéo-chrétienne, remodelée par des siècles de civilisation paysanne. La religion, idéologie des riches et des dominants à l’usage des pauvres, leur apprend la haine de la richesse assimilée au mal : Raspoutine, comme autrefois Gilles de Rai en deviennent à l’occasion les symboles. L’aspiration individuelle à la richesse et au pouvoir, pulsion naturelle, est alors remodelée par chacun en culpabilité et transformée en une aspiration à un pouvoir pur et transparent, c’est à dire absolu.

A regarder aujourd’hui les formes de passage entre l’idéologie protestataire ex-communiste et la montée d’un nouveau fascisme, il n’est pas sûr que cet aspect de la lutte des classes soit entièrement dépassé...

3.5 - L’ETAT ET LA RÉVOLUTION : LES CONTRADICTIONS DU DÉPÉRISSEMENT DE L’ETAT SELON LÉNINE

Dans la tempête révolutionnaire de 1917, Lénine renoue avec les accents libertaires de l’œuvre de Marx en affirmant la nécessité de la destruction de l’Etat bourgeois, son remplacement par un Etat du prolétariat, lequel doit immédiatement entrer en dépérissement, la suppression ultime de l’Etat devant ultérieurement signer la disparition des classes antagonistes. Au parlementarisme bourgeois, Lénine oppose la notion d’un Etat démocratique, associant le plus grand nombre à sa gestion. Ne pouvant, comme chacun, théoriser en dehors de l’expérience, il fonde les soviets, ces comités populaires surgis spontanément en 1905 et en février 1917 comme base du nouvel Etat. Chaque ménagère, dit-il, doit devenir capable de le gérer. Si ce but est atteint, alors l’Etat cessera d’exister comme machine bureaucratique séparée de la société.

Ses intentions anti-bureaucratiques et anti-étatiques sont donc claires. Mais, pour aller vers ce but, Lénine fait des comités populaires nés du processus révolutionnaire la base de l’Etat : l’Etat soviétique. Ici, le recul historique ne peut que mettre en évidence une contradiction saisissante : si l’Etat doit dépérir, comment l’un des objectifs de la marche au socialisme pourrait-il être son extension en nombre et en implantation dans la société ? S’il doit dépérir, c’est donc que sa fonction de régulation, de répartition peut être transférée ailleurs et que sa fonction de répression devient au fur et à mesure inutile, la richesse accumulée étant devenue suffisante à toute la société.

Voulant le dépérissement de l’Etat, Lénine fonde néanmoins les organes de lutte de la classe ouvrière et du peuple russe comme base de celui-ci. Dans cette optique, il est d’ailleurs frappant de voir le parti lui-même s’effacer derrière cet Etat collectif, contrairement à ce que prétend l’historiographie libérale contemporaine. Plus que de Parti-Etat, c’est de classe-Etat qu’il faudrait ici parler, et pour lequel Lénine se laisse même aller à parler de "centralisme démocratique", terme qu’on aurait cru du seul domaine du Parti. Lénine imagine ici un dépérissement par extension, par dissolution au sein de la classe toute entière.

Or, dans un premier temps, cette extinction par extension nécessite bien l’accroissement de l’emprise de l’Etat sur la société, puisque les organes de lutte populaires se confondent avec lui. Quand le système se bureaucratisera, sous le poids même des effroyables conditions de la guerre civile, il n’y aura plus de contre-poids : ni dans le Parti, devenu unique dans le feu de la guerre, ni dans des comités d’usines morts-nés de par la faiblesse organique du prolétariat russe de 1917. Si le prolétariat n’a pas les moyens culturels suffisants, le "centralisme démocratique" des soviets est illusoire, car il placera les plus qualifiés en position de commandement naturel et sans contrôle.

Dans le même temps, ce contrepoids possible n’existe pas non plus dans des mécanismes de démocratie parlementaire qui auraient pu être conservés en héritage des institutions bourgeoises-tsaristes et adaptés au nouveau contexte. La dissolution de la Douma va donc au-delà des arguments de circonstance, car dans une telle conception il n’ y a pas de place pour la diversité des structures de pouvoir, mais une pyramide unique. L’expérience socialiste du XXe siècle plaidera au contraire pour un pouvoir politique polycentriste, qui combinerait par exemple représentation politique et représentation sociale, comme dans l’idée de "double chambre" du Solidarnosc de l’automne 1981.

Théorisant et pratiquant dans les limites de son époque, Lénine a ainsi fondé une réponse socialiste caractérisée par une place massive de l’Etat qu’il prétendait faire dépérir.
Au fond, héritier en cela de la dominante idéologique de la IIe Internationale, si critiquée déjà par Marx dans la Critique du programme de Gotha, il ne concevait le pouvoir politique qu’au travers de l’Etat. Il n’est guère étonnant alors que Staline se soit coulé dans le moule avec son Etat du "peuple tout entier", commode paravent idéologique de la bureaucratie totalitaire.
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Les difficultés débutent dès lors qu’il s’agit de définir les modalités de passage des formes capitalistes et féodales de propriété aux formes de propriété nouvelles.

La révolution a surgi avant même que la question puisse être sérieusement débattue. A la campagne, le discours bolchevique reprend le programme S.R. de gauche en incluant au décret sur la terre le mandat impératif des 242 mandats paysans locaux.

Il contient tout à la fois le principe de la nationalisation du sol et celui de la jouissance déléguée aux familles, ou aux communes (le traditionnel mir), ou à l’Etat, à qui revient aussi le sous-sol. On y adjoindra ensuite l’addition d’une politique d’incitation des villages aux coopératives. Mais comment vont se réguler les échanges ? Sur le versant industriel, c’est la notion de planification d’ensemble. Pour les usines, les comités d’usine, distincts des Soviets, qui surgissent en 1917 et s’éteignent rapidement. Quel sera donc le contenu concret des nouveaux rapports de propriété ?

La guerre civile va alors pousser aux raccourcis, la culture de l’urgence croyant nécessaire d’aller à l’essentiel. Toute la production est imaginée comme soumise à l’Etat socialiste, qu’on suppose démocratique (dans la perspective de Lénine).

Il n’y a aucune place dans cette conception pour l’autogestion locale, qui supposerait des degrés de liberté, des échanges.


En fait de démocratie, il consiste surtout à introduire une discipline de fer à l’usine et dans les transports, qui ira jusqu’au projet de Trotsky de militariser les syndicats. Q

. L’idéologie du "communisme de guerre" ne considère pas qu’elle a recours à des exceptions, mais à l’application un peu rude d’un programme réellement socialiste. Celui-ci hérite au fond de ce qu’était la pensée socialiste dominante de l’époque : le socialisme était identifié à une économie étatisée, non marchande, démocratique si le contexte le permet, de fait étatiste et administrative.

En cohérence avec sa pensée stratégique originelle, Lénine considère le développement de la Russie comme celui d’un "capitalisme d’Etat", où l’appareil industriel du pays se comporterait comme une seule et immense entreprise. D’une certaine manière plus réaliste, cette manière de voir est cependant encore trop administrative, et lui-même va infléchir sa vision.

Introduite tardivement, générant des inégalités sociales rapidement croissantes, la N.E.P. va être critiquée à la fois sur sa gauche et sur sa droite. Contrairement à une légende tenace, Trotsky n’y était opposé que dans la mesure où cette politique ne s’était pas donnée les moyens de favoriser les coopératives paysannes les plus pauvres, mais avait laissé libre cours à la nouvelle émergence d’une génération de propriétaires de droit ou de fait. Sur le fond, il considérait l’existence d’une production marchande comme nécessaire, non seulement à la campagne, mais pour l’industrie.

ANTI-CONCLUSIONS

Ici, la révolution d’Octobre fut l’héritière directe de Marx, et aujourd’hui elle reste une leçon Elle mérite donc que nous en soyons les héritiers comme elle mérite la haine maintenue des classes dominantes.

Alors que la critique contemporaine porte surtout sur les moyens (la révolution elle-même), notre réflexion doit surtout interroger le contenu.

Tant dans sa conception de l’Etat que de la société, la peerspective socialiste de la Révolution russe a fourni des alibis idéologiques à la bureaucratie totalitai

 à la notion d’un pouvoir social qui soit distinct et indépendant de l’Etat : c’est la problématique de l’autogestion ; par ricochet elle repose le problème de l’Etat lui-même, de ses dimensions, de ses limites : c’est le problème de la république socialiste.

 à la notion d’une économie capable a la fois de reposer sur le principe de la propriété sociale collective (éliminant la propriété privée des moyens de production et d’échange) et de permettre la réelle croissance des forces productives par la liberté de circulation des techniques, du savoir, des connaissances et autorisant la libre expérimentation sociale : c’est toute la dimension du débat autour des modèles de socialisme.
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Paru dans Critique communiste n°150, Automne 1997

-Rapide conclusion personnelle :

MARX reste d’actualité, plus VIVANT que jamais

Parce que plus que jamais le Capitalisme démontre le besoin impératif de sa "MORT".

Plus que jamais, le Communisme frappe à la porte

Plus que jamais, parce que JAMAIS il n’ a pu être en CONSTRUCTION, il nous appartient de chercher à vaincre..sans faire cadeau à l’adversaire de classe d’une cécité mortifère :

Ni Lénine, ni bien sur encore moins Staline, ..mais ni TROSKY ..n’ont été fidèle à l’ABC de Marx quant aux acteurs du processus :

"Les Masses font Histoire" c’est une des phrases les plus JUSTES de Marx

Quand "le PARTI" décide , fût ce avec les meilleures intentions , qu’on peut , qu’on doit AGIR au nom des travailleurs, la dictature du prolétariat ne peut être que dictature SUR le prolétariat..

En ce sens , et en mordant le trait j’affirme qu’objectivement Staline "couvait" dans Lénine parce que la révolution d’Octobre , la naissance de l’URSS, les actes de LENINE TROTSKY, Kamenev ou autres.. compagnons de Staline...ce n’est pas, je persiste et je signe du "marxisme" tel qu’il NOUS appartient de le re-étudier pour l’enrichir , si du moins nous prétendons être des révolutionnaires de ce millénaire.

Si nous préférons "commémorer" sans analyse, " figer le débat entre"monstre stalinien" d’un côté et les "gentils " de l’autre, en épargnant un LENINE déifié, alors..ce sera plus simple.

Mais cela ne risque pas faire trembler Wall street, le MEDEF, la droite, les sociaux démocrates du PS , du FDG..

Certains s’en fichent : pourvu que ça "profite" au NPA..

Et bien moi, j’aime bien les trotskystes.

 :)

Je les respecte.

Mais l’avenir de mes gosses , qu’on m’excuse, c’est autrement plus important ...

Très cordialement en espérant de pas trop avoir abusé de la patience des uns et des autres..

Bien conscient que j’abuse un peu ce mois d’Août de l’hospitalité de BC..(maiss rassurez vous, quand tout le monde rentrera je serai beaucoup plus discret..)

AC