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20 août 2010 : 70e anniversaire de la mort de Léon Trotsky

23 août 2010, 20:53, par Copas

exactly...

Je prends la file par le milieu, j’apprécie l’homme et ses apports, comme j’ai un grand respect pour beaucoup de trotskystes, mais je ne suis pas trotskyste et ne l’est jamais été.

C’est grave docteur ?

Trotsky et Staline, waouh....

D’abord la genèse, malgré les efforts de certains anars et d’autres, à tord ou à raison, mais Trotsky, même à son fort défendant, fut le symbole des soviets, et les deux centralisations les plus éminentes, pour la population russe, à St Petersbourg en 1905 et en 1917.

A ce titre, il est lié à la forme d’organisation qui a fait la révolution, beaucoup plus que tout autre, Lénine compris.

Ca ne signifie rien des erreurs et tâtonnements par ailleurs.

Au fond , dans tout cela, il nous faut à nouveau remonter et décrire ce qui se passa, de l’enchainement de la construction de la Russie moderne tsariste, des luttes de classes, de l’effroyable guerre de 14-18 vue du côté russe, du craquage de cette société dans la boucherie impérialiste, de l’enchainement de la révolution permanente (trancroissance qu’on verra ensuite beaucoup dans d’autres révolutions) d’un processus qui enchaine la révolution bourgeoise en révolution prolétarienne.

décrire tout cela est comprendre, il y eut la révolution dans un état exsangue, une guerre civile ensuite qui décima le meilleur du peu de classe ouvrière qui existait (passage d’une classe ouvrière de 4% avant la guerre à 1% à la fin de la guerre civile, avec une qualité médiocre, les meilleurs étant morts au combat et il y avait en plus un certain prestige).

La reconstruction fut terrible et les conditions du communisme de guerre puis de l’accumulation ont exclu toute possibilité que la classe ouvrière ait le pouvoir. On ne dirige pas une entreprise quand on fait un nombre énorme d’heures et qu’on est crevé. D’autres s’en occupent et se fut la croissance d’une couche sociale qui récupéra toute une série d’arrivistes souvent venus de l’ancien régime , qui happa la totalité du pouvoir.

Quand on a dit cela, on n’a pas dit grand chose mais on peut s’intéresser à l’influence du volontarisme d’une direction révolutionnaire et l’expression de la caste montante hyper hierarchiste que fut la nomenclatura, couche sociale dirigeante.

Parler des responsabilités de Trotsky et Lénine est complexe là dedans. Mais ils sont distincts de la question de Staline qui fut l’expression politique d’une caste.

Savoir si les rapports de production, les forces sociales en action, pouvaient permettre que les travailleurs aient le pouvoir est une question pendante sans résolution.

Trotsky avait tranché là dessus, Lénine un peu moins mais quand même, en pensant que sans une extension aux prolétariats d’occident, notamment celui d’Allemagne, la révolution russe serait mal barrée, pour des tas de raisons, sa faiblesse numérique, l’arriération économique, etc.

Ce qui n’empêcha pas les révolutionnaires russes de tenter leur chance, Lénine et Trotsky compris, car on se bat quand même même si on sait que ça sera presque impossible.

Souvent je me suis interrogé pour savoir si la plus grande sensibilité au danger bureaucratique de Rosa Luxembourg par rapport à Lénine et Trotsky ne venait pas tout simplement qu’ils ignoraient réellement vraiment le danger bureaucratique étant donné qu’on ne voit pas souvent de bureaucratie dans la clandestinité, tandis que Rosa avait déjà bien testé cela .

Depuis Friedrich Ebert les plus lucides de la social-démocratie allemande, avaient vu se construire une bureaucratie imposant une discipline d’appareil, la soumission des militants, se constituant en couche sociale rétrograde, avant même de vendre père et mère en 1914. Ils étaient aux aguets sur ce phénomènes et sensibilisés . Mais pour un parti bolchevique dans la clandestinité , Lénine en Suisse, Trotsky à New York, que pouvaient-ils anticiper d’un phénomène largement inconnu (sauf d’une façon ridicule) d’une bureaucratie née d’un parti ouvrier ?

Car au fond, le stalinisme fut la forme secrétée en URSS d’un phénomène universel qui existait déjà, et existe toujours, de couches sociales intermédiaires, vivant de la faiblesse, numérique et politique, de la classe ouvrière.

Revenir à Trotsky la dedans , c’est resituer des personnages et leurs limites dans des processus sociaux effroyables nées d’une apocalypse militaire.

Maintenant, ce combattant a fourni des tas de choses utiles.