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Les questions politiques dans l’incendie criminel contre Charlie Hebdo

27 novembre 2011, 02:07

Voici le texte d’Emile Vanheke qui relate cet incident dans le monde libertaire de la semaine suivant les faits.Je trouve la position des anarchistes plus équilibrée que celle des "gauchistes" vis à vis de cet évènement finalement assez mineur.

Charlie Hebdo a le feu au derrière

Voilà bien longtemps que je n’avais pas acheté ce journal. L’affaire du débarquement de Siné m’avait un peu décidé à comment dire ? Couper le cordon ! M’avait aussi laissé un goût amer. On n’abandonne pas si facilement le journal de vos vingt ans, un journal qui fait rire, qui fait rien qu’à se moquer, qui met son cul à la fenêtre, qui ne prend pas, comme on dit, la raie de ses fesses pour le méridien de Greenwich. Un journal dont plein de dessinateurs et de rédacteurs sont venus causer dans les micros de Radio libertaire. Et puis voilà qu’au nom du sacro-saint droit au blasphème, pour de rire, pour la déconne, pour faire un peu grincer des dents, pour un peu entretenir son esprit libertaire qu’il abandonnait parfois, mais dont il reste toujours quelque chose, voilà donc qu’une fois encore il publie un dessin, et peut-être même plusieurs, représentant Mahomet. Je ne l’ai pas acheté. Pas trouvé. N’as pu. Le crime absolu donc. Représenter le prophète, je te raconte pas. Mais les sombres crétins qui ont mis le feu à la rédaction, eux non plus ne l’ont pas lu, ça n’était pas encore dans les kiosques à cette heure-là. Ça n’a jamais dû leur arriver de le lire d’ailleurs, ni même de lire autre chose. Faire crâmer un journal qu’on n’a pas lu ! Trop cons, trop nuls, trop avachis, trop avariés, ces gens-là puent des pieds, sentent le dessous-bras pas frais. Ces gens sont des nazillons, ne méritent rien d’autre que le mépris et le mollard dans la gueule.
Je ne gloserais pas sur la défense de la liberté d’expression, mais est-t-il vraiment besoin de le faire dans Le Monde libertaire ? Plein d’autres l’ont fait aussi bien que moi, même mieux si ça se trouve. Et puis des gros, des Marine Le Pen, des Claude Guéant, des Christine Boutin. Ouais  : allez le droit de se faire traîner dans la merde revendiqué par toutes ces bouches en cul de poule, qui n’ont que la démocratie à la bouche  ! Le bonheur, si ce n’était pas si tragique ! Obligés de dire du bien de ce qu’ils détestent. Pas mal.
On a donc voulu faire brûler un journal. Un autodafé ça s’appelle. Soyons un peu politiquement incorrect : on commence par faire brûler un journal et on finit par brûler des juifs. C’est inacceptab’, condamnab’, intolérab’, c’est tout ça. C’est surtout parfaitement obscène, un truc à vomir. Que ces faux-culs d’hommes et de femmes publics arrêtent. Personne n’aime la caricature, personne n’aime qu’on se foute de lui en public.
Enfin j’aimerais parler de ceux qu’on n’a pas entendu quand soudain : «  Dans la salle, l’odeur des excréments atteint immanquablement le spectateur, mais hier soir, c’est dès leur entrée dans le hall d’accueil que les convives se bouchaient le nez.  » Un groupe de jeunes intégristes chrétiens hostiles au spectacle avait lancé des boules puantes et tentait de barrer l’entrée du théâtre avec force cris et fumigènes. La police était au rendez-vous, filtrant chaque personne qui pénétrait dans le théâtre, et la représentation fut reportée de 45 minutes. Il ne s’agit pas là d’un journal qu’on aimerait bâillonner mais d’une pièce de théâtre, un événement culturel, à Paris, dans la capitale, et oui, on n’est pas n’importe qui !
En gros, c’est la même farine, le même calibre, la même équipée sauvage et religieuse qui ne supporte pas qu’on ne puisse pas penser comme eux. En caricaturant, j’allais écrire que ça se vaut, les uns utilisant la boîte d’allumettes et les autres les farces et attrapes. Ils ne supportent pas, ne tolèrent pas, ne veulent pas mais qu’ils soient bien convaincus, ici, à cette place, que nous non plus, nous ne supportons pas, nous ne tolérons pas, nous ne voulons pas d’eux !

Emile Vanhecke