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Front de Gauche et retraites : Mélenchon est pour les 40 ans de cotisation

20 janvier 2012, 08:44, par RGB

Soit dit en passant, mélenchon n’a jamais dit qu’il se plaçait sur le terrain de l’anticapitalisme... Il ne faut pas faire mine de découvrir des choses que personne n’ignorait jusque là.
Dans une perspective anticapitaliste, pour être un tantinet simplificateur, on peut à la limite réduire les enjeux de la lutte (sur un strict plan économique) au pourcentage de la valeur ajoutée qui est captée par les profits et par les salaires. Salaires s’entendant : y compris les cotisations, donc les sous qu’on met dans les retraites et plein d’autres choses. Après, une fois qu’on a repris les dix points que les actionnaires nous ont piqué depuis les années 80, on peut en faire ce qu’on veut : augmenter le pouvoir d’achat, ou baisser l’âge de la retraite. Bien évidemment, d’un point de vue sociétal, et même... médical, moi je suis pour bosser le moins possible quitte à consommer moins... Mais il faudrait peut-être prendre conscience du fait que tout le monde ne raisonne pas comme ça.
Si je m’écoutais, et si je pouvais bouger le curseur qui sépare salaire immédiat et salaire différé, je mettrait le strict minimum pour aujourd’hui, et un bon paquet pour demain... Mais c’est pas comme ça que ça marche. J’en veux pour preuve que de nombreux salariés pratiquent en plus de leur travail des petits extras non déclarés... qui ne compteront donc pas pour la retraite. Dans la même veine, passez deux heures dans une administration au mois de décembre, vous verrez que la préoccupation des fonctionnaires, petits et grands, se concentre sur les primes, qui ne comptent pas pour la retraite.
La difficulté c’est de tenir compte d’une part de l’état de conscience politique de la population (le propre du discours révolutionnaire, c’est qu’il est la plupart du temps considéré comme utopique par une large proportion des électeurs) et surtout des disparités en son sein. Il y a des gens qui sont fatigués par le travail et qui souhaitent partir ; mais il y a aussi des gens qui n’ont pas particulièrement envie de quitter le boulot, de se faire jeter comme des kleenex. Filoche à parfaitement raison de pointer les durées de cotisations moyennes qui sont inférieures à 40 ans : mais je l’ai déjà entendu développer cet argument, et dans mon souvenir il allait au bout de l’explication des chiffres : le principal facteur qui influe à la baisse sur la durée moyenne de cotisation, c’est le travail à temps partiel et les trous dans la carrière des femmes, lesquelles effectuent souvent dans notre société un travail non rémunéré à la maison. Les quinquas qu’on jette de l’entreprise ne sont que le deuxième facteur explicatif. De ce point de vue, l’âge de départ à la retraite est une variable qui, quand on l’ajuste, permet une plus juste répartition entre les sexes.

Je m’explique : admettons qu’on décide qu’on va consacrer dix milliards à baisser la durée de cotisation. ces dix milliards vont donc venir augmenter les pensions de travailleurs des deux sexes ; eh bien si l’on fait la même chose avec l’age de départ à la retraite, la répartition du bonus entre les sexes sera plus favorable aux femmes.

Et je ne parle même pas des travailleurs immigrés qui, non déclarés bien souvent en début de carrière, ou pas encore en France, se retrouvent souvent au minimum vieillesse.

Parlons-en, d’ailleurs, du minimum vieillesse. La proposition "pas une pension de retraite inférieure au smic" le rends en grande partie obsolète, et ce n’est pas rien

Donc le choix de ne pas appuyer sur la durée de cotisation est un choix qui se défend. Il est certes criticable. Encore faudrait-il, pour que le débat soit intéressant, qu’il ne soit pas sous-tendu par la volonté constante de dénoncer la crapulerie supposée de mélenchon, et sa volonté subséquente d’aller à la soupe, ce qui est quand même avouons le une argumentation finalement assez peu politique.

Quand on veut tuer son chien on l’accuse de la rage...