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LE SALAIRE DIFFERE (suite)

21 janvier 2012, 19:36, par pilhaouer

en commentaire à l’explication de LL

Le but du Capital n’est pas en soi de réduire la protection sociale par pure méchanceté et il n’a pas intérêt à ce que la marmite explose. Il le fait pour contrecarrer la baisse tendancielle du taux de profit.

Les leviers qu’il actionne sont :

1. réduction des cotisations provoquant la crise des régimes
2. financement de la retraite en dehors du salaire mais par les salariés au moyen de la capitalisation.
3. financement du social en dehors du salaire par l’impôt sur le salarié-consommateur : TVA
4. financement du social en dehors du salaire par la taxation au moyen de la CSG ( 35, 40% du financement de l’assurance-maladie depuis 97, le financement salarial étant réduit à la seule cotisation dite « patronale ».

Le levier 1 en entraîne forcément un autre :

Si on provoque la crise d’un régime au moyen du levier 1, il faut compenser en agissant sur au moins un autre levier.
On peut aussi actionner le levier 2 par exemple et lancer la capitalisation pour enchaîner avec le levier 1.

Ce qui importe, n’est-ce pas de trouver les mots justes et la notion qui leur correspond pour rendre visible la manœuvre et la supercherie ?

Dans tous les cas de figure, la notion de salaire différé ne fait pas apparaître une baisse de salaire alors qu’à chaque fois, le salaire direct peut-être maintenu, et même augmenté (cas de la TVA anti-sociale), le salaire socialisé est amputé, la plus-value augmentée, le salaire relatif diminué !

C’est pour cela surtout que la notion de « salaire différé » est insuffisante. De plus, même ses supporters sont obligés à des contorsions pour essayer en vain de coller à la réalité des flux.

En blaguant un peu, on pourrait pousser et dire que le salaire "différé", c’est aussi toutes les augmentations qu’on n’a pas encore obtenues

Oui, mais si ce que j’écris juste au-dessus est vrai, (je ne suis pas un spécialiste) la blague vire au tragique et la promesse d’un salaire direct maintenu ou augmenté avec un "salaire différé" maintenu théoriquement aussi mais virtuel s’apparente au bonneteau !

Et il y a un scénario pire encore : s’il existe un "salaire différé" appartenant à chaque salarié, bien réel, donc dormant chez Pic’sou, pourquoi ce salaire ne serait-il pas réclamé immédiatement par les bénéficiaires ?

Farfelu ?
Micro-trottoir IFLOP réservé aux moins de 30 ans smicards ou chômeurs, un soir sinistre d"avril 2012 :

Question 1 : "A quel âge pensez-vous prendre votre retraite ?"
Question 2 : "Combien de retraite toucherez-vous dans 40 ans ?"
Question 3 : ( si l’enquêteur n’est pas déjà en accident de travail)
"Si on vous proposait de recevoir chaque mois votre salaire augmenté de la partie "différée", c’est-à dire des CHARGES, pensez-vous que vous pourriez vous en sortir plus facilement à court terme ? "

Journal Antenne 2 Pujadas 7 mai 2012 :
"Avant d’aborder les résultats de la Présidentielle , l’investiture prochaine de Nicolas Hollande et le dernier bilan provisoire de la famine dans l’Ariège, un sondage de l’IFLOP qui confirme une tendance que les experts évoquaient déjà depuis quelques semaines :
45 % de la classe d’âge 20-30 ans considère que les charges salariales sont trop lourdes et mal utilisées et préféreraient toucher directement cette partie différée de leur salaire ... Curieusement, ce sont les salariés les moins payés qui, à plus de 60 %, estiment ... ... Nous interrogerons à ce sujet Madame Parisot qui "comprend" que les salariés réclament leur dû et estime que la vie comporte des risques comme l’amour ...et que ...privé ... prévoyance ... efficacité ... etc"

J’exagère ? Peut-être ... ... Et pourtant quelqu’un a déjà pensé à ça !