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Le mythe des classes moyennes –

26 janvier 2012, 08:21, par Copas

Bien les classes moyennes sont une invention qui ne recoupe aucune réalité.

Intellectuels et prolétaires ?

La question du travail intellectuel est aussi un leurre pour établir une distinction de classe entre manuels prolétaires et intellectuels petits bourgeois.

Les distinctions qui pouvaient exister il y a longtemps entre des "administratifs" et des "ouvriers" n’existent plus par l’interpénétration des fonctions.

Ce qui est nouveau c’est la montée en travail intellectuel et administratif de la classe ouvrière (qui fait que la bourgeoisie et une grande part du haut encadrement dégage de ce qui était historiquement son travail sur le prolétariat).

La proportion de travailleurs qui utilisent des écrans est devenue énorme, les savoirs-faire et procédures, objets de protocoles innombrables et détaillés, sont devenus des éléments indissociables à l’hyper-productivité du prolétariat moderne.

Une caissière de supermarché n’est pas une petite-bourgeoise déclassée parce qu’elle est devant un petit écran. Elle a toujours été une prolétaire. Il faut sortir des visions qui datent d’une époque différente.

Ce qui est vrai c’est que le niveau d’instruction, de connaissance collective des entreprises, la capacité de communication énorme, rend maintenant palpable la capacité de la classe ouvrière à prendre en main et gérer les entreprises, le pouvoir de la bourgeoisie apparaissant d’autant plus parasitaire et s’éloignant des lieux de production .

Et cette connaissance du monde , cette capacité, ces habitudes de communication moderne, sera un des plus puissants moteurs de radicalité du XXIeme siècle rendant insupportable les tyrannies ordinaires d’entreprises, comme les tyrannies de l’appareil d’état.

Les révolutions arabes sont de ce point de vue le premier coup de gong de prolétariats de plus en plus instruits et supportant de moins en moins la tyrannie.

Il est en train de se passer exactement la même chose en Chine où des centaines de grandes grèves se produisent depuis 2 mois qui se conjuguent avec de grandes luttes rurales et écologiques (ça n’intéresse personne mais c’est grand).

La connaissance, le niveau d’instruction, les échanges , rendent insupportables les tyrannies.

Ce phénomène va produire encore plus ses effets dans les vieux pays industriels (si ce n’est pas le fascisme). Ca a commencé depuis une trentaine d’années et le problème vient plus de l’état désastreux des organisations des travailleurs, leurs retards et leurs habitudes de collaboration de classe que de potentiels de résistance.

La jeunesse

L’extension gigantesque de la scolarité à des couches sociales de plus en plus grandes (ce qui ne leur donne pas forcement de débouchés) déplace l’appréciation de classe que l’on peut avoir sur la jeunesse scolarisée qui est bien pour l’essentiel fille de prolétaires à destin de prolétaires.

D’ailleurs, pour revenir en arrière, la lutte des jeunes pour le CPE a marqué dans le combat ce virage , les jeunes bougeant par rapport à leur destin de prolétaires, et quelques années après, sous les quolibets de la droite, des jeunes lycéens par dizaines de milliers ont participé à des manifs sur les retraites.

Ces faits de mobilisation montrent ce destin et cette place de classe dans la jeunesse qui a fini par se transcrire au moment de mobilisations sociales.

Le pas en avant par rapport à 68, dans la jeunesse, est bien une transition de classe de la jeunesse scolarisée . Massive.

Ces couches générationnelles n’ont strictement rien à voir avec la petite bourgeoisie qui doit être définie scientifiquement de telle façon qu’on cesse également de dire n’importe quoi dessus.

Les révolutions arabes et le prolétariat

Quand on regarde les classes sociales existantes dans ces pays et celles qui se mirent en mouvement, nul doute, il n’y eut rarement de mouvements aussi "prolétariens" (un petit bémol complexe sur le tout début en Egypte dû d’ailleurs à la composition sociale plus complexe de ce pays).

Le démarrage en Tunisie fut certes déclenché par un petit commerçant ambulant prolétarisé désespéré ce suicidant mais ce fut des le début, tout de suite, un vaste mouvement de prolétaires, .

la question des jeunes diplômés au chômage qui ont participé ici ou là à ce mouvement ne les a pas transformé en petits bourgeois parce qu’ils avaient suivi des études.
Suivre des études ne qualifie pas le petit bourgeois, il ne le qualifie ainsi que par assimilation à la classe de ses parents, et encore.

Ce ne sont pas les fantasmes de promotion sociale par les études qui font la promotion sociale et la classe.

Hollande et les classes moyennes

Le discours de Hollande est odieux car il essaye de distinguer et créer une division dans la classe ouvrière au détriment des couches les plus pauvres de cette dernière.

Ce discours flatte les croyances dans certaines couches de travailleurs par rapport aux autres de n’avoir pas même destin que le commun des travailleurs, il est aussi con que le travailleur qui cache ses 25.75 euros qu’il croie avoir en plus des autres travailleurs.

Il n’y a aucune réalité dans cette distinction et les espaces gigantesques de revenus entre les classes rendent puériles les distinctions construites sur le revenu dans la classe populaire. Ce qui n’empêche pas que les minimas doivent absolument être relevés, les augmentations données en euros et non en pourcentages (ces derniers accroissent mécaniquement les différences de revenus dans la classe populaire).

Le discours de Hollande sur les classes moyennes est au fond un discours de division de la classe populaire en ne précisant pas que les couches dont il parle sont essentiellement dans le prolétariat moderne et en mettant en exergue ce qui pourrait leur mettre un destin différent de la classe populaire.

C’est un virage argumentaire important du PS là dessus , virage que l’on sentait venir depuis un moment sur la fin de la classe ouvrière (d’après eux) qu’on laisserait à Le Pen et une classe moyenne inventée , gros ventre du peuple français qu’il s’agirait de dorloter et de distinguer.

Ce débat n’a rien d’anodin.

Hollande divise et en même temps quand on accroche là dessus ses propos très réactionnaires sur d’autres sujets qui sont passés en arrière plan , il y a comme un miroir aux alouettes très noir.

Accessoirement

Le discours mitterandien sur la finance fait rigoler , on connait. Mais il a eut quand même l’intérêt de faire pousser des glapissements à la droite et le bayroufrisme : pas touche à la bourgeoisie ! Eux qui ne tarissent pas de haines contre les couches les plus pauvres, en les stigmatisant, que leurs maitres puissent d’une façon détournée être montrés du doigt c’est comme de pisser sur l’autel d’une église pour des catholiques.