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Le Manifeste du Parti Communiste - K.MARX et Fr. ENGELS (Extraits)

2 février 2012, 08:33, par Cop

La puissance et l’importance actuelle du prolétariat urbain dans le monde est exceptionnelle.

Le changement depuis l’époque de Marx est énorme, nous sommes passés de situations où la paysannerie dans toutes ses déclinaisons était dominante à une situation où le prolétariat urbain est maintenant la classe majoritaire dans le monde .

Quand on parle de secousses dans le monde dit "arabo-musulman" c’est de ce type de sociétés de prolétaires urbains dont on parle , sauf encore pour quelques années pour l’Egypte (et encore, la densité de la population tresse une relation ruralité-urbanité particulière et dense.

Et ce phénomène se voit un peu près partout , la Chine au cours des années 2010-2011 est passée probablement à ce stade d’un prolétariat urbain majoritaire (avec aussi dans certaines régions une densité exceptionnelle qui fait que la situation d’interpénétration de la ville dans la campagne crée une forme de prolétariat particulière, aux côtés de grandes migrations (classiques là) de jeunes des campagnes vers d’autres régions pour aller dans les zones industrielles et le batiment .
Ce dernier aspect nous l’avons bien connu en France dans les années 50-60 quand des usines se sont montées avec des travailleurs venus des campagnes (qui allaient donné des aspects particuliers à certaines grèves ouvrières ).

Bref, depuis Marx, il faut bien regarder l’immensité du chemin parcouru du point de vue des classes en présence.

La dernière poussée du capitalisme qui a eut lieu ces dernières 30 années a contribué à écraser un peu plus dans les vieux pays industriels, les autres classes. la petite bourgeoisie a largement été écrasée ou vit dans un salariat caché, la paysannerie est tombée à un niveau résiduel, la bourgeoisie s’est concentrée en jetant par la fenêtre une partie d’elle-même afin d’augmenter sa part de gâteau.

Bref, là où un courant idéologique important parlait de la fin du prolétariat dans les vieux pays riches , on constate l’inverse et une poussée continuelle .

Mais si il y a un truc qui n’a pas changé c’est sur la domination idéologique et matérielle.

"Nous ne sommes rien , soyons tout" ne ressort pas d’une phrase inutile mais au contraire toute la difficulté que nous avons à nous émanciper du contrôle global par la bourgeoisie. Il n’y a pas de conquête possible pas à pas par la classe ouvrière qui fasse que les choses changent , à la différence de l’ascension qui avait amené la bourgeoisie vers le pouvoir.

Les rapports de force n’évoluent pas progressivement, mais par ruptures et marquent ensuite des périodes entières.

La question de l’émancipation et de la bataille sur le terrain de ce qui renouvelle et fabrique le capitalisme, les lieux de création de richesses, demeurent des bunkers du despotisme non visités par la démocratie du système tel qu’on la connait.

L’entreprise est le plus dur des lieux pour militer, faire de la politique, c’est pourtant là que la bourgeoisie tire sa puissance , et là que le prolétariat démarre sa soumission.

Les tentatives de changer le monde en contournant cet os dur d’où la bourgeoisie tire les moyens pour se payer la démocratie, n’ont jamais bien marché. Une défaite des travailleurs vide souvent la surface sur laquelle se crée d’autres contestations très intéressantes.

Mais toujours est-il que quand je parle des lieux de production de richesses, il y a bien sur une évolution profonde par rapport à la période des énormes usines des années 50-60. Les montées de productivité ont tellement été colossales qu’il ne faut plus beaucoup d’ouvriers pour produite énormement dans de petites unités (quand on regarde les usines en Chine c’est aussi les mêmes traits qui s’imposent, usines de milliers de travailleurs au max, mais pas de dizaines de milliers).

En France et en Europe, le développement du capitalisme a également été le bouleversement permanent des lieux de production, de construction, de services, de commerce, etc, sans arrêt détruits et reconstruits, avec des prolétaires de plus en plus formés et communiquant, mais également plus précaires.

Les questions d’ailleurs de nos organisations de l’émancipation prennent un tour différend de l’époque des grandes concentrations ouvrières uniformes . L’arrogance qu’il y aurait à penser que c’est parce que Renault aurait fondu au soleil que tout serait foutu ne reflète finalement que l’attachement à la résistance dans des lieux précis . Mais pas au mouvement profond qui s’observe et est sans cesse renouvelé de différentes façons et éventuellement sur d’autres lieux. Sans compter que le prolétariat des usines de l’automobile par exemple ne se laisse pas liquider et résiste tout du long pas à pas aux agressions (Contis, etc).

Mais ça ne change rien au dilemme de fond et de l’affrontement entre les classes. Ces 3/4 dernières années nous vivons une grande crise mondiale du capitalisme dans laquelle la bourgeoisie se livre à un assaut généralisé pour comprimer les parts du prolétariat, après avoir liquidé la place des autres classes.

Face à cela, ces dernières années, le prolétariat urbain a montré ses muscles, a montré qu’il était un colosse.

Mais un colosse sans plan, sans organisations à hauteur, un colosse sans objectifs bien définis et moyens pour y arriver.

C’est la pensée de l’émancipation, c’est la gauche politique qui a failli dans cette histoire, pas la capacité à mobiliser (à condition que celle-ci se nourrisse de victoires, sinon elle refluera).

Il y a des tas de pays qui ont bougé sans existence de partis de l’émancipation, sans organisations de masse de résistance , mais avec des prolétariats urbains énormes se mettant en mouvements.

Le renouvellement de la pensée et pratique politique de l’émancipation au sein de la classe ouvrière est devenu maintenant un impératif absolu ;

Les marges de manœuvre sont celles du risque de fascisme dans une partie des vieux pays européens, mais dans un cadre où la base sociale de la bourgeoisie, construite sur d’autres époques par des alliances de classe de la bourgeoisie , a été laminée par le mouvement naturel du capitalisme.

Les classes qui ont été réellement à l’œuvre dans la montée du fascisme des années 30 (d’après le renouveau des analyses de ces 20 dernières années) ont été laminées par la bourgeoisie : paysannerie, petite bourgeoisie, rendant ainsi plus compliquées les cartes fascistes qui auraient autrement gagné depuis 15 ans dans des pays comme la France.

Ce qu’il y a au fond demeure quand même les rapports sociaux de fond :

 quelles sont les alliances de la bourgeoisie quand celle-ci a liquidé une grande partie des classes et couches sociales qui existaient entre elle et le prolétariat ? Le parti de l’émancipation prend-t-il en compte cette nouvelle donne ?

 qu’est ce qui peut unifier, améliorer l’organisation et faire prendre confiance en soi notre classe devenue maintenant écrasante numériquement mais demeurant naine politiquement ?
Je n’ai pas de doute sur le moteur increvable des résistances de notre classe qui ressurgit même après des coups de marteau pilon terrible. Là où ça ne va pas c’est sur la permanence à haut niveau de la résistance, son organisation et ses progrès politiques.