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Faut-il relire Marx face à la crise actuelle du capitalisme ?

19 février 2012, 11:13, par Cop

Michel Foucault nous laisse un document inédit qui s’articule autour des définitions du pouvoir et de la lutte des classes, et montre combien il se méfiait des analyses manichéennes du gauchisme d’alors. Il écrit : ‘Marx ne fait pas de la lutte des classes une rivalité pour le pouvoir.

Extrait d’un écrit gauchiste :

Le but immédiat des communistes est le même que celui de tous les partis ouvriers : constitution des prolétaires en classe, renversement de la domination bourgeoise, conquête du pouvoir politique par le prolétariat.

Si je puis dire, c’est pour cela qu’ils parlent de but immédiat , ce qui précède du texte montre que c’est un but immédiat du point de vue historique, mais c’est avant l’abolition de la propriété privée (qu’il définissent comme propriété bourgeoise en distinction d’autres types de propriété).

Dans notre monde moderne, instruit, la classe ouvrière au sens large du terme est maintenant tout à fait capable, aisément, de diriger, gérer démocratiquement les entreprises et services.

Bien des coopératives (pas toutes) montrent dans un environnement qui n’est pas fait pour elles une plus grande efficacité de la démocratie dans les entreprises (même avec des limites, et des retours de la division des tâches supportant des différenciations diviseuses dans ces entreprises, etc).

Beaucoup d’entreprises sont déjà des organisations complexes où les travailleurs très directement savent collectivement exactement comment ça marche.

Le socialisme par le pouvoir des travailleurs est d’une actualité historique immédiate.

J’emploie ce terme compliqué pour parler de la période où les travailleurs savent collectivement exactement comment marchent leurs entreprises et leurs services, les capacités de production de richesses (et de destruction) gigantesques, et c’est une question de pouvoir.

Ca distingue des périodes où les travailleurs ne savaient pas ou peu lire, ne connaissaient pas comment leur entreprise fonctionnait (chaque couche sociale interne de la classe étant séparée de façon étanche des autres), et n’avaient que très peu de nouvelles du monde, même déformées. Et donc où les risques de construction de couches sociales confiscatrices d’une révolution et d’un pouvoir ouvrier étaient grands.

La lutte des classes est un affrontement pour le pouvoir.

Mais pas le pouvoir des ventriloques.

Elle n’a pas attendu Marx, mais Marx a aidé à la comprendre et à aider à définir une perspective émancipatrice pour la classe ouvrière et pour l’humanité.

Mais le chemin qui s’étend devant nous n’a été écrit nulle part.