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Les singulières errances marseillaises de Jann-Marc Rouillan

12 mars 2012, 15:57

le premier point et le plus important :
jann-marc rouillan n’a pas quitté (« n’abandonne pas ») les éditions agone.
selon ses projets de livres, les stratégies d’écritures mises en place, le jeu des rencontres et des amitiés, il publie là où ça lui semble pertinent, travaillant avec des personnes différentes, et traversant des espaces où il multiplie les rencontres avec des communautés de lecteurs différents. sans doute la jonction du poétique et du politique est pour lui, comme pour nous, également importante.
sans doute aussi trouve-t-il plus d’intérêt à se confronter à des réalités différentes, des tentatives de dialogues et d’actions avec des gens venus d’horizons différents, et développant des formes d’expressions différentes, plutôt que de se satisfaire du confort que peut procurer la fidélité à un seul espace éditorial – il explique ça très bien dans ses livres, et notament dans « autopsie du dedans ».

pour le reste : je n’ai aucune envie d’avoir à me justifier. surtout que tous les éléments de réflexion sont disponibles : nos livres sont trouvables, et la réalité politique et économique de l’édition, sinistrée, a donner naissance à de nombreux textes, analyses et commentaires. l’impossibilité aujourd’hui de pratiquer l’édition de création (c’est-à-dire une édition que ne participe ni d’une logique commerciale – qui échappe à la logique du best-seller et à la commercialisation des écritures formatées – ni n’intervient dans un espace de pensée de type « universitaire », donc en lien de toute façon avec le pouvoir – que ce soit dans une logique de critique ou d’allégeance) n’est pas simple. à chacun de trouver ses propres stratégies. la notre ne passe pas par le jeu des subventions de fonctionnement (c’est-à-dire la tutelle politique, avec ce que ça signifie de perte de liberté d’action).
Pour plus de développement, je parle d’édition sur ce site :

http://www.libr-critique.com/

précision : les livres d’archi dont vous parlez « ne consacrent » pas. ils mettent en confrontation un texte de création et un geste architectural. le livre dont vous faites allusion avec l’architecte carta : il s’agit de la réhabilitation d’un silo à grain désaffecté en salle de spectacle. le texte en confrontation des photos de ce lieu est un poème d’édith azam, qui réagit sur la notion de spectacle aujourd’hui – texte, si vous preniez le temps de le lire qui a une réelle dimension critique.
ces livres permettent à al dante et aux poètes d’exister économiquement. de plus ils permettent un autre regard sur l’architecture, c’est-à-dire à travers des textes poétiques et/ou fictionnels. et nos liens sont avec des « individus » (également lecteurs), au cas par cas, et non avec des institutions. et ces "individus", architectes, acceptent que nous choisissions des auteurs qui ne produiront pas des textes de complaisance (ce qui d’ailleurs a parfois posé problème).

pour continuer cette discussion, il faudrait parler de la prolétarisation des métiers de la pensée et de l’art… mais cela nous entraînerait loin, et il faudrait pour cela que vous dépassiez vos petites colères moralistes et que vous choisissiez mieux vos cibles.

pour finir : nous faisons ce que nous avons à faire dans cette civilisation malade, et pour que des espaces d’expressions poétiques et politiques existent malgré tout. et n’avons pas vocation à être aimés. néanmoins, j’avoue qu’être maudit n’est pas pour me déplaire (même s’il me semble que c’est me faire trop d’honneur).

peut-être à bientôt, et autrement que par l’anonymat des blogs et des pseudos.

pour al dante, laurent cauwet