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Les singulières errances marseillaises de Jann-Marc Rouillan

12 mars 2012, 21:26, par yul akors

D’autres maisons d’éditions existent encore sans offrir d’aussi - belles - tribunes - quelqu’en soit la nature, ou la teneur du propos artistique - à des " individus " qui ne sont pas seulement des architectes, mais des affairistes. Ce ne sont pas les oeuvres présentés dans vos parutions que nous critiquons mais les personnages qui se cachent derrière.

Des individus qui conçoivent, cautionnent, approuvent, félicitent la politique urbaine municipale du Maire Gaudin, qu’il résume ainsi : " On a besoin de gens qui créent de la richesse. Il faut nous débarrasser de la moitié des habitants de la ville. Le cœur de la ville mérite autre chose ". Rudy Ricciotti, à sa suite déclara : « le territoire d’Euroméditerranée est un véritable laboratoire urbain... » couvrant les insultes des centaines d’expulsés de la Rue de la République puis du quartier Belsunce.

Aucune colère nous anime, ce serait même plutôt le contraire, mais une critique constante contre la culture dé-politisée de l’architecture livrée aujourd’hui aux « critiques d’art », entièrement soumise à l’idéologie de l’oeuvre artistique, absorbée par le culte des auteurs et du star-système ; qui peut être nécessaire car elle nous renseigne dans le meilleur des cas sur les formes, nous offre des catalogues des oeuvres d’exception ; mais en évitant soigneusement la fonction sociale et politique de l’architecture, elle construit un modèle pervers de la culture architecturale, un monde parallèle, idéalisé, qui n’interfère plus ou trop peu avec le monde réel, et qui idéologiquement soustrait les concepteurs à l’éthique sociale inhérente à l’architecture. Une critique d’art a-politique qui, de nos jours, les protège, les place en tant qu’artiste. La moralité était une des exigences du métier, omniprésente dans les écrits des architectes contestaires, radicaux et révolutionnaires. Notre critique prend ce même chemin, destinée à redonner sens à cette ligne de moralité - aujourd’hui perdue ou néo-libéralisée-, d’équilibre social et d’intervention de l’urbanisme et de l’architecture, dans les grands événements éthiques de la société ; un de ces événements se déroule aujourd’hui - et en silence - à Marseille : sa reconfiguration spatiale et sociale.

Mais qu’importe nos critiques vous concernant, notre propos s’attachait simplement à comprendre pourquoi et comment un livre de Jann-Marc Rouillan pouvait prendre place, sur la même presse d’un éditeur, à côté d’ "individus" fabriquant un système perverti qu’il critiquait et combattait... Sans doute, ne doit-il pas être au courant de leur plus haute immoralité. En espérant sincèrement que ce soit également votre cas !

Avec nos remerciements pour votre réponse.

yul akors

Laboratoire Urbanisme Insurrectionnel