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Stopper la guerre en Syrie : Oui à la démocratie, Non à l’intervention étrangère

14 décembre 2012, 01:07

De ce fait, la solidarité avec celui-ci ne saurait relever d’un « va t en guerrisme »

http://www.npa2009.org/content/syrie-les-mauvais-remèdes-des-impérialistes

SYRIE : LES MAUVAIS REMÈDES DES IMPÉRIALISTES

Quand une «  cause  » légitime n’arrive pas à déboucher sur une solution, sur une satisfaction des justes revendications (socialesou démocratiques) avec ses soutiens «  naturels  », elle risque de trouver des faux prophètes sur le bord de la route. Ceux-ci vont se montrer prévenants, offrir leur aide, accompagner le mouvement… quitte à le faire dévoyer de sa route.

C’est ce qui menace la «  cause  » des soutiens à la révolution syrienne. Ses faux prophètes seraient les idéologues néoconservateurs et pro-impérialistes Bernard-Henri Lévy, André Glucksmann et Bernard Kouchner. Ils s’expriment dans une tribune du Monde du 22 octobre, accompagné du chirurgien de guerre Jacques Bérès et du professeur de droit émérite Mario Bettati. Sous le titre «  Assez de dérobades, il faut intervenir en Syrie  !  », ils développent leurs thèses.

Tout n’est pas faux dans ce texte, loin de là.

Ainsi ses auteurs ont-ils raison de dénoncer un régime en Syrie qui en est «  venu à massacrer près de 40 000 personnes, à en enlever, torturer ou faire disparaître des milliers d’autres, à faire donner les tanks et l’aviation contre son propre peuple.  » Les auteurs ont aussi raison de critiquer qu’on puisse avoir «  l’impression  », comme ils écrivent, «  que les puissances occidentales préfèrent, tout compte fait, une Syrie livrée à la guerre civile et au chaos, et démembrée.  »

Le problème ne réside pas dans la description de la réalité actuelle par les auteurs, qui sonne dans une bonne partie juste. Le problème réside dans les remèdes qu’ils prétendent y apporter, même s’ils ne sont parfois qu’indirectement nommés.
En fait, ils proposent implicitement ou explicitement deux remèdes complémentaires.

Premièrement, ils évoquent à plusieurs reprises l’idée de «  livrer des armes à la révolution  » en Syrie. On ne saurait pas être contre, à condition toutefois de préciser certaines conditions. Ainsi faudrait-il proposer de livrer avant tout des armes dont les rebelles puissent facilement se servir en toute autonomie, sans tomber dans le besoin d’avoir recours à des «  conseillers  » militaires (tels qu’ils pullulaient, de nationalité française ou britannique, en Libye en 2011). Des systèmes d’armement sophistiqués exigent parfois un personnel hyperspécialisé et créent donc une forme de dépendance extérieure. Ce n’est pas ce que demandent les rebelles syriens, qui ont avant tout besoin d’armes antichar et de missiles antiavions pour se protéger des assauts meurtriers de l’artillerie et des avions de chasse du régime. Ces conditions étant précisées, on pourra dire  : chiche  !

En même temps, les auteurs préconisent un deuxième remède, plus implicitement cette fois  : celui d’une intervention militaire des puissances extérieures elles-mêmes. Ils évoquent cette idée quand ils déplorent «  pourquoi l’on ne faisait pas pour la Syrie ce qui avait été fait pour la Libye  ». Ou encore quand ils écrivent  : «  Au lieu de quoi l’Otan, l’UE, la France, les États-Unis, s’évertuent à répéter qu’aucune intervention militaire n’est possible – sauf si...  »
Nous disons fermement, quant à nous, qu’une intervention militaire de l’Otan, de l’Union européenne, de la France et des USA n’est pas une solution réaliste, souhaitable et soutenable. D’abord, ces puissances elles-mêmes ne considèrent pas que leurs intérêts bien calculés doivent les y conduire. Deuxièmement, le remède risque d’être créateur de beaucoup d’autres maux, et d’autres massacres. Certaines forces réactionnaires de la région – de la dictature syrienne jusqu’à certains courants islamistes – n’attendant d’ailleurs qu’une telle situation, pour déguiser leur nature de force oppressive sous un habillage de «  résistants  ». La comparaison avec la Libye est d’ailleurs, troisième argument, très fausse parce que les données ne sont pas les mêmes. La Libye étant un pays militairement faible, faiblement peuplé – le nombre d’habitants de la Syrie est cinq fois supérieur, le prolétariat immigré en Libye excepté – , n’ayant deux grands centres urbains et une population relativement «  homogène  » sur le plan confessionnel. Une intervention extérieure en Syrie, pays nettement plus densément peuplé, société multiconfessionnelle et multiethnique, risque de produire des conséquences très différentes. Bertold du Ryon