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> Critique des articles du Projet de Traité Constitutionnel Européen (part : 2)

27 mars 2005, 12:45

Réponse à celui (ou celle), partisan du oui, et qui parle "d’enculage de mouches" à propos du travail de lecture du TCE qui a été exposé dans ce forum.
Je ne réponds pas directement à cette personne, car il est évident que sa déficience mentale(au moins actuelle) ne lui permet pas en ce moment d’entendre un argument rationnel.

"rien n’est figé ce qui est vrai aujourd’hui est deja depasse hier" : ce point de vue quasi héraclitéen est certes intéressant, mais ne constitue en rien un argument, ni pour le oui, ni pour le non. A moins de "physicaliser" les décisions des Puissants. On ne peut dire qu’il faut admettre la nécessité du TCE, comme Galilée était contraint d’admettre (malgré sa foi catholique) que la Terre tournait autour du soleil. On peut aussi bien interprété : après la défaite du referendum français au sujet du TCE "rien n’est figé". "ce qui est vrai aujourd’hui", la défaite du OUI et la victoire du NON, "est déjà dépassé (hier)" (le hier marque cependant une sorte de trouble tautologique chez le locuteur -"ce qui est aujourd’hui n’est pas ce qui "est" hier - certes !)

"tes reflexions a propos de la loi montagne sont typiques connes il est évident qu’à la frontiere il n’y a pas de difference entre deux zones mais il faut bien s’arreter quelque part .". ici une grande confusion logique et/ou sémantique : une frontière c’est par définition ce qui marque une différence entre deux zones, cette différence pouvant être "naturelle (la "frontière" entre la terre et l’eau par exemple) ou conventionnelle. Mais l’auteur soulève sans doute (volontairement ou involontairement) la querelle antique du discret et du continu, illustré par le célèbre paradoxe de Zénon d’Elée ("mais il faut bien s’arrêter quelque part"), qui fût "mathématiquement" résolue par le calcul intégral.

"la défense des avantages acquis c’est pas mon truc, moi je suis pour le partage et je pense que c’est le rôle des pays riches de l’europe d’aider les pays pauvres d’europe en attendant le reste du monde , que je trouverai dommage d’abandonner aux americains."
Le problème c’est que pour partager, il faut avoir quelque chose à partager, un "avantage", un "acquis" ou encore un "avantage acquis". Or ce qui est aujourd’hui plutôt proposé c’est que nous "partagions" avec les pays "pauvres d’Europe", la précarité, la surexploitation, la violence sociale, la guerre vis à vis des pays du sud... Cela dénote en outre d’un mépris vis à vis des nouveaux pays de l’UE (qui pour la plupart aujourd’hui possèdent un système de protection sociale, qui précisément va être détruit par le nouveau cours européen actuel). Avoir lu dans le projet de TCE que les pays riches de l’Europe allait "partager" avec les "pays pauvres", c’est franchement du dommaine du "credo", de la "foi religieuse" dans le dogme. On comprend que la lecture du texte lui-même soit appelé "enculage de mouche". Cela rappelle l’attitude des catholiques romains au moment de la Réforme, où les textes sacrés (Bible), sur lesquels étaient censées être fondées l’autorité cléricale et ses dogmes, furent traduits en langue vulgaire, et qu’enfin le plus grand nombre pouvait les lire ou les entendre lire. Les catholiques romains appelèrent eux-aussi cela - en substance - "enculage de mouche", parce que cette lecture ruinait tout simplement leur autorité, et infirmait leurs prétentions dogmatiques.
"cette constitution est un outil de travaille pour avancer dans la construction point c’est tout" : Il n’y a même pas à discuter. A l’instar des "Exercices spirtituels" du jésuite Ignace de Loyola, cela ne veut rien dire en soi, c’est seulement utile "pour avancer dans la construction", un point c’est tout (1. Deformata reformare 2. Reformata conformare 3. Conformata confirmare 4. Confirmata transformare. "Avec deux racines et quatre préfixes, non seulement tout est énoncé, mais encore répété comme dans un ensemble dont les pièces se recouvrent un peu les unes les autres, de façon à assurer une jointure parfaite.(...) L’écoute se tourne en sa propre réponse, et, de suspensive, l’interrogation devient en quelque sorte assertive, la question et la réponse entrent dans un équilibre tautologique : le signe divin se découvre tout entier ramassé dans son audition" commentait Roland Barthes)
Enfin ce "partage" sent trop la charité ("heureux les pauvres, le royaume des cieux leur appartient", tandis que ce monde d’ici bas appartient exclusivement aux riches. "si il y avait un regime ideal ça se saurait" "Mon royaume n’est pas de ce monde" disait Jesus) et pas assez la "justice".

"aussi ton enculage de mouches est aussi depourvu d’interet que les textes que tu critiques
si il y avait un regime ideal ça se saurait
bises à toi mais méfie toi on dit que ça rend sourd"
L’anti-intellectualisme le plus vulgaire est aussi au rendez-vous. Dans la civilisation hyper-juridique qui nous contient (que critique d’ailleurs l’auteur du commentaire du TCE, un peu dans l’esprit de Saint-Just : "il faut peu de lois, mais des lois justes") c’est grande irresponsabilité de se moquer des textes. Cette personne n’a jamais sans doute lu son contrat de travail, ni le contrat de son assurance, se moque du code pénal comme du code de la route... Mais elle votera tout de même pour un texte "dépourvu d’intérêt" selon son propre jugement ("enculage de mouche" et ("branlette") dont "on dit que ça rend sourd". Qui disait cela ? Les curés qui cherchaient à interdire la masturbation !!! A trop avoir fréquenté les curetons ! ).

Enfin après avoir exhauré le sous-bassement catholique-honteux de cette petite éructation écrite à la va vite, notons tout de même ses caractères incontestablement post-modernes : la syntaxe pauvre et approximative, la confusion sémantique, la vulgarité et la haine de la sexualité, ainsi que le petit narcissisme qui s’érige en criterium absolu de "pertinence" ( "moi je le voye à moitié plein" ; "c’est pas mon truc , moi je "). Ce sont d’ailleurs ces conditions post-modernes et les troubles mentaux qu’elles génèrent, qui rendent difficiles la résistance démocratique actuelle.