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> Commentaire à Corinne Maier : "Je rêve à une contre-Europe, une Europe des gens qui fument"

13 avril 2005, 14:51

"Ce n’est qu’une intuition, mais j’ai l’impression qu’en France, comme chez nos voisins, le phénomène est le même : les classes moyennes s’ennuient."

Buller au boulot toute la journée, même à mi-temps. pou diou quel travail ! quel ennui !

« Cette question du sens, pourquoi revient-elle maintenant ? »

Cà c’est l’effet magique "Jean Paul" ( et cà sent très fort son catéchisme de province)

« Pour moi, ce référendum est avant tout un "raffarindum". Il faut que ces gens-là partent. Qu’on nous sorte ce bonhomme, cela ne peut plus durer ! »

Dans un bureau (au hasard EDF), il faut cycliquement une « tête de turc », dégager une victime pour réenforcer (c’est traduit de l’américain : langage managérial en vogue chez EDF comme dans tous les « groupes ») la cohésion de l’équipe ( qd on bulle, on papote, et qd on papote on s’engueule).
Ici en plus, relié au contexte politico-médiatique : c’est vrai que Villepin est quand même beaucoup plus sexy que raffarin (Chirac avait fait exprès de le nommer pour le montrer non-sexy : c’est une vieille revanche contre le « dandysme » des jeunes giscardiens des années 70 ; et en même temps cela lui a conservé quelques années encore son monopole sex-appeal à la tête de l’Etat. Nommer Villepin ce sera tout de même très dur !).

« J’ai une vision assez neutre du traité constitutionnel. »

Faut pas se mouiller trop, au cas où ! Là c’est la carriériste byzantine qui se trahit.

« Et puis, ce qui m’énerve c’est qu’on nous dit : "Vous avez le choix, mais il faudrait voter oui." De façon générale, je préfère dire "non" à "oui", c’est mon côté sale gosse. »

Egocentrisme de celle qui pose déjà à l’ « écrivain ». mes humeurs sont plus importante que le cours du monde (même si la présomption est camouflée par l’atténuation ou chleusasme « je suis une gosse » ; c’est le docteur en mathématique qui déclare à ses élèves qu’il n’a jamais su compter). Le « sale gosse » vise lui à surligner, la dimension excessivement rebelle de notre rimbaldienne d’EDF.

« Je reconnais que ce n’est pas forcément adulte. »

Là c’est l’argument qui tue, et qui dénote réellement ce qu’on pense dans les milieux de Madame. Ceux qui vont voter non, ne sont pas encore réellement adulte, et c’est pourquoi il faut continuer à les commander. C’est l’habitus du cadre petite-cheffaillon rabrouant le petit personnel (avec tout le paternalisme et la condescendance qu’il faut mettre dans ce genre d’exercice pour savoir réellement « être chef ») qui pointe son museau.
Et on verra ici donc « l’efficacité » très perverse de ce type de soutien, si on les considère comme soutien à notre cause (je veux dire ici, la cause actuelle de l’immense majorité des rédacteurs et ds forumistes de Bellaciao), celle du NON.

« On se dit : "Là-haut, cela va les faire chier." »

Une exclamation de vulgarité « pour faire peuple » : car c’est comme cela qu’on considère le « petit » peuple, chez les cadres d’EDF. Genre d’expression issue de la littérature populiste petite-bourgeoise, et ensuite, certes, souvent reprise par mimétisme par le « petit » peuple. Mais ce dernier a toujours eu ses expressions à lui, dans son idiome personnel, qui ne s’écrit pas, et ne se prononce même pas devant n’importe quelles oreilles. La nature anthropologique/sociale du « petit » peuple, s’il doit y en avoir une, c’est de ne jamais « ne l’ouvrir en public », dans ou devant une instance d’énonciation autorisée qui s’appelle un « pouvoir ». C’est un très vaste monde en apparence (pour les bavards des instances d’énonciation légitimes ) silencieux, aphasique, ne cultivant que des borborygmes de nature vernaculaire et « privé » à ce qui est autre à son espace. Parler au boulot , à l’usine ou au bureau, pour le petit peuple, ce n’est jamais que l’obligation de faire « le perroquet » du discours des organisateurs, des maîtres. Et c’est pourquoi l’on s’en abstient le plus possible. « j’pourrais causer…mais j’préfère pas » est le « maître mot » du prolétaire. Qui préfère, quand il est en colère, agir. Qui préfère le faire au dire. Et quitte à écouter des bavardages, préfère encore les discours laconiques des coureurs cyclistes et des footballeurs, ou, pour les femmes, les babillages les plus futilissimes, la préciosité-paillette des émissions de variété, qui les éloignent, ne serait-ce qu’un instant de la lourde contrainte du langage-commandement du travail domestique et/ou usinier.
D’autant que « en bas » on sait très bien que même la victoire du non « ne va pas les faire chier ». Un plan B, puis C, D alternatif à l’évènement x, y, z sont déjà prêts. Pourquoi sinon auraient-ils pris le risque de faire ce referendum ? Veut-on faire accroire (mais au petit peuple, et seulement à lui seul) que les dirigeants sont des imbéciles ? Et qui a intérêt à cela ? Sous-estimer son ennemi, comme le surestimer, voilà qui conduit toujours à de grandes déconvenues.

« Ce que je constate, c’est qu’il y a une Europe qui s’interroge, au-delà de la feuille de paie tous les mois, du petit train-train. »

On rêve : les dizaines de millions de gens en europe sans travail, licenciés, ou sur le point d l’être, les esclaves sans papiers, les taulards, ceux qui remplissent les camps de rétention et de transit, les mômes de 18 / 25 ans sans ressources (même pas le RMI), les 6 milllions de smicards en France et leurs familles…les fous, les désespérés, les alcooliques, les toxicomanes, les assassins, les cocus, les impuissants sexuels et les frigides… s’interrogent en effet, au delà de la feuille de paie et du train-train de madame cadre sup glandeuse à mi-temps, psychanalysée-future-femme-de-lettre du spectacle.