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Le mouvement ouvrier peut-il reprendre la main ...

10 décembre 2014, 18:36, par recriweb

Bien sûr, la classe ouvrière relèvera la tête et retrouvera sa combativité. Bien souvent dans le passé, c’est précisément au moment de la reprise que les luttes ouvrières ont redémarré avec vigueur. Et, dans cette reprise de combativité, un rôle essentiel reviendra aux nouvelles générations qui n’ont pas connu les déceptions du passé.
L’avenir dira autour de quels axes se produira le nouvel élan de la classe ouvrière et autour de quelles idées se retrouveront ses meilleurs éléments militants.
Les appareils réformistes hérités du passé, bien que fossilisés, partiront bien sûr avec un certain avantage, ne serait-ce qu’à cause de leur présence de longue date dans le monde ouvrier. Il serait dans l’ordre des choses que l’éveil de la classe ouvrière passe, dans un premier temps, par le renflouement des vieilles organisations réformistes, tout au plus badigeonnées en rouge, peut-être autour de nouveaux « sauveurs suprêmes » qui auront réussi à faire passer de vieilles idées pour des nouveautés.
Si ces organisations devaient rester les seules à proposer une politique pour la renaissance ouvrière, cela déboucherait inévitablement sur de nouvelles trahisons.
Voilà pourquoi il est vital, et, par certains côtés, plus encore dans cette période de recul, de défendre les perspectives communistes révolutionnaires.
Voilà pourquoi il ne s’agit pas d’ajouter un peu de rouge au langage réformiste ni de trouver de nouveaux terrains de recrutement autour des préoccupations qui concernent la petite bourgeoisie, mais de se revendiquer le plus clairement possible de la lutte de classe du prolétariat et de sa perspective ultime qui est d’arracher le pouvoir à la bourgeoisie afin de changer de fond en comble l’organisation économique et sociale.
Seule la renaissance des luttes ouvrières peut redonner à ces idées force et crédibilité. Les communistes révolutionnaires n’ont pas le pouvoir de susciter cette renaissance, qui résultera de la prise de conscience moléculaire de centaines de milliers, de millions de prolétaires. Mais il faut qu’ils saisissent toutes les occasions politiques et, pour ce qui est de l’avenir immédiat et/ou prévisible, les prochaines échéances électorales sont une de ces occasions de lever le drapeau de l’émancipation sociale.
Affirmer des idées communistes révolutionnaires est, dans la période actuelle, aller à contre-courant. Dans le contexte de triomphe des valeurs de la bourgeoisie, de démoralisation et de recul de la conscience dans la classe ouvrière, défendre les idées communistes révolutionnaires implique de savoir affronter l’hostilité ou, peut-être pire, l’indifférence.
Mais – faut-il le rappeler ? – le courant qui a maintenu le drapeau du communisme révolutionnaire à l’époque où la barbarie nazie et la réaction stalinienne plongeaient le monde dans la plus noire des réactions, quand il était « minuit dans le siècle », l’a fait dans des conditions autrement plus difficiles. Et l’emprise stalinienne sur le mouvement ouvrier ici même, en France, et la chasse aux communistes révolutionnaires se sont prolongées bien au-delà de la mort de Staline.
La réalité objective pèse bien plus lourd que l’activité des communistes révolutionnaires, en tout cas jusqu’à ce qu’un retournement se produise dans l’état d’esprit de la classe ouvrière. Le recul des consciences favorisera les faiseurs de miracles, ceux qui prétendent découvrir de nouveaux chemins alors qu’ils n’ont fait qu’oublier les anciens.
Mais cette période a au moins un avantage qu’il faut saisir, c’est la visibilité qu’elle peut procurer même à de petites organisations. Sur le fond d’apathie et de recul du milieu militant dans la classe ouvrière, ceux qui ne sont pas démoralisés, ceux qui gardent leurs capacités militantes, surtout leurs idées et leur confiance en la capacité de la classe ouvrière à retrouver le chemin de la lutte mais aussi à renouer avec son rôle historique, sont plus perceptibles.
Ils ne seront pas suivis dans un premier temps ? Certes. Mais le jour où la classe ouvrière commencera à chercher des solutions, lorsque les premiers femmes et hommes, les jeunes, retrouveront l’envie d’agir, les militants aujourd’hui isolés seront en situation d’être les points de fixation autour desquels s’aggloméreront des dizaines ou des centaines d’autres.
Personne ne peut prédire quand et comment une telle situation se produira. En tant que marxistes, nous avons la profonde conviction que le communisme révolutionnaire est « l’expression consciente d’un processus inconscient ». Si le prolétariat est capable de reprendre à son compte les idées de lutte de classe et s’il est le seul à pouvoir les pousser jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’au renversement du pouvoir de la bourgeoisie, c’est que ces idées résultent du mouvement même de la société, du mouvement même de l’histoire. Tôt ou tard, elles triompheront.

Extrait de http://www.lutte-ouvriere.org/documents/archives/la-revue-lutte-de-classe/serie-actuelle-1993/article/annexe-relever-le-drapeau-de-la