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Blanc-Mesnil (93) - Quand le nouveau maire UMP expulse les syndicalistes de la Bourse du Travail

5 janvier 2015, 15:52

Au Blanc-Mesnil, les économies à tout prix de Thierry Meignen (UMP)

Il y a six mois, à l’issue du second tour des élections municipales, treize villes de Seine-Saint-Denis ont changé de maire. Qu’ont fait les élus depuis leur arrivée ? Qu’est-ce qui a changé — ou pas — dans leurs communes ? Qu’en pensent les habitants ? Nous dressons un premier bilan.

Aujourd’hui : Le Blanc-Mesnil, où Thierry Meignen (UMP) a succédé à Didier Mignot (PCF).

« Vous êtes allés voir les autres nouveaux maires ? Parce que je ne crois pas qu’ils en ont fait autant qu’ici.

.. » Thierry Meignen le dit et l’assume : il est fier de son début de mandat. Le maire UMP, élu face à Didier Mignot, le sortant communiste, dans une ville aux mains du PCF depuis près de quatre-vingts ans, commence « à cocher point par point les promesses tenues lors de la campagne ». Et le nouvel élu d’égrener ses premières réalisations : l’évacuation des camps roms (« on empêche les réimplantations grâce à la vigilance des habitants »), la mise en place de la police municipale (« le chef est recruté, les premiers effectifs arrivent en octobre, ils seront 10 en décembre »), ou encore le lancement de ProxiMesnil, un numéro vert qui permet aux habitants de signaler les tags ou les dépôts sauvages d’ordure.

Mais surtout, le nouveau maire du Blanc-Mesnil s’est attaqué aux finances de la commune. Comme dans beaucoup d’autres villes ayant changé de majorité au printemps, un audit a été lancé. « Les résultats ne sont pas encore connus, à cause de quelques soucis rencontrés par le cabinet Ernst & Young. Ils ont fait face à des blocages, dans certaines associations », explique Thierry Meignen. L’élu compte malgré tout traquer les gaspillages d’argent public dans ce qu’il appelle des « associations lucratives sans but », pas peu fier de son bon mot. Principale structure touchée, avant même les conclusions de l’audit : la bourse du travail, privée de ses 80 000 € de subventions, puis de son local.

Autre source importante d’économies : le personnel municipal. 1 500 salariés, une masse salariale représentant 65 % du budget, « c’est trop », assène Thierry Meignen, qui prévoit le non-remplacement des départs en retraite, tout en « remettant les gens au travail ». La ville a aussi renégocié certaines prestations, payées trop cher par la ville selon le maire. Un exemple : le feu d’artifice du 14 juillet, dont le coût a finalement été baissé de 30 000 € à 14 500 €, avec en plus un écran géant pour diffuser la finale de la Coupe du monde de foot. Résultat : « en six mois, nous avons fait 2 M€ d’économies, ce qui a permis de réduire notre dette de 650 000 €. C’était nécessaire, car si l’on ne réduit pas notre endettement, qui atteint 87 M€, on va être en difficulté. »

Certaines mesures suscitent de sévères critiques dans l’opposition de gauche. Derrière Didier Mignot, les élus PCF, PS et écologistes dénoncent « les atteintes à la démocratie » et une « chasse aux sorcières » parmi le personnel communal.

Thierry Meignen s’en défend. « Je ne suis pas le diable », aime-t-il à répéter. Ses objectifs à plus long terme concerneront le cadre de vie des Blancmesnilois. « Je veux être un maire bâtisseur, je veux tenir le crayon des architectes. J’ai déjà refusé des permis de construire car la façade ne me plaisait pas. » Après avoir « ramené les familles sur le parvis de l’hôtel de ville » cet été en créant une plage, Thierry Meignen entend poursuivre la rénovation urbaine de la cité des Tilleuls.
« Je vis un rêve éveillé. C’est une période passionnante de réveiller une ville », conclut le nouveau maire. Ses opposants, eux, craignent plutôt que cela ne vire au cauchemar. « Ce qui est fait n’est pas forcément mal, estime Didier Mignot. Mais je l’attends sur les gros dossiers, la gare de triage, le RER B, l’urbanisme... Surtout, il y a un vrai problème démocratique : en six mois, les commissions municipales ne se sont pas réunies une seule fois ! Nous ne pouvons pas examiner les propositions à temps, c’est tout à fait scandaleux. Tout se fait en catimini entre le maire et son conseiller spécial. On n’est que dans la communication, l’événementiel. »

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