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"JE SUIS SAÏD"

24 janvier 2015, 17:19

Compte rendu des camarades communistes du Bassin Minier Ouest du Pas-de-Calais, présents au procès intenté par une association d’extrême-droite contre Saïd et Saïdou, le mardi 20 janvier au Tribunal de Paris.}

« Moi le nègre je vous emmerde ! »

C’est par cette phrase d’Aimée Césaire, lancée à la figure de la partie civile, que l’avocat de Saïd et Saïdou a terminé sa plaidoirie.

Que dire de ces 5 heures d’audience, devant une salle pleine, malgré les fouilles au corps (2 fois) et la présence de 14 gendarmes, si ce n’est dire que ce fût une audience d’anthologie pour dénoncer le colonialisme, la « préférence nationale », et la déviation des fascistes dans leur attitude souchière, gauloise, xénophobe, raciste et intolérante. L’extrême-droite a été prise à son propre piège !

Rappels historiques, analyse sémantique de la langue, rappels des propos de personnalités « blanches » à l’encontre du pouvoir mais aussi à l’encontre des « non blancs non catholiques », dénonciation du racisme ordinaire fomenté par des politiques de ségrégation de classe mais aussi d’appartenance… et rappel du droit d’expression, d’insolence et de résistance dans une période confuse quant aux droits des citoyens de toutes origines et de toutes confessions… furent les bases de ce procès intenté par une association ultra-catholique dirigée par des militants d’extrême-droite frontistes, (dont des ex élus), proche de l’OAS, qui se revendiquent « français de souche »…

Un cours d’histoire, un cours de sociologie et un cours politique pour dénoncer les dérives politiques et l’injustice sociale qui minent cette société qui discrimine et ghettoïse, mais aussi les dérives politiciennes qui depuis des siècles agissent en sacrifiant des peuples, des cultures et des populations au nom de la « race blanche pure »… (Ça nous rappelle de tristes années de l’histoire contemporaine…)

Que dire de cette procureure qui après avoir rappelé des jugements passés, ose déclarer en public « aujourd’hui j’ai appris des choses que j’ignorais », c’est-à-dire un magistrat qui reconnaît que l’école ne fait plus son travail pour apporter les connaissances nécessaires à la compréhension et aux débats d’idées. Que dire de cette juge qui demande à la partie civile de rappeler son parcours politique à l’extrême-droite, comme pour faire comprendre que cette mascarade judiciaire était l’œuvre d’un groupe intégriste et extrémiste. Aussi, comment, avec des questions de fond et pertinentes, « elles ont « niqué » cette bande de « fous furieux » partis en croisade au nom du St Sépulcre » !

Et quel éclairage des « deux accusés » quant à leur parcours séparé et uni dans les quartiers populaires, l’un artiste auteur, compositeur et musicien engagé, l’autre Docteur en sociologie, engagé et proche du peuple des quartiers… quel leçon de vie, de résistance et d’espoir quand Saïdou dit « si c’était à refaire, je le referais » à la manière du refrain d’Aragon dans « Ballade de celui qui chanta dans les supplices » : « Et s’il était à refaire - Je referais ce chemin - Une voix monte des fers - Et parle des lendemains… »

Nous, camarades communistes du Bassin Minier Ouest, de Divion et d’ailleurs, nous y étions, et nous sommes fiers d’y avoir été pour soutenir Saïd et Saïdou, porte-parole des quartiers populaires, et pour représenter nos valeurs historiques, de fraternité et de lutte des classes contre l’injustice, le colonialisme, le racisme et la xénophobie, l’inculture et les mensonges….des maux qui voudraient nous ronger et que nous combattons.

La décision de la Justice sera donnée le 19 mars, 53 ans après le cessez-le-feu en Algérie ! C’est un signe qui n’est pas un hasard !